En observant la cathédrale de Prato, dont l’élégante façade à bandes de marbre blanc et vert domine la place principale de la ville, on ne peut s’empêcher de remarquer la chaire très originale qui orne l’angle entre la façade et le flanc droit, celui qui donne sur la via Mazzoni. Cette œuvre d’art particulière, due au génie de Donatello et de Michelozzo, et dont nous parlerons plus en détail dans un article ultérieur, a été réalisée entre 1428 et 1438 et avait pour fonction d’accueillir le prêtre lors d’une occasion très spécifique: l’ostension de la relique de la Ceinture sacrée, aujourd’hui conservée à l’intérieur du Dôme.
Le Dôme de Prato |
Il s’agirait précisément de cette ceinture (pour ceux qui, bien sûr, veulent croire au mythe) que nous avons vue représentée dans d’innombrables œuvres d’art représentant la soi-disant Madone de la Ceinture, une iconographie dans laquelle la Vierge donne sa ceinture à saint Thomas. Un apocryphe, le Transitus Mariae du Pseudo-Joseph d’Arimathie, dont nous avons parlé dans l’article consacré à la chapelle Contrari de Vignola, raconte que le saint, dont on se souvient de l’incrédulité proverbiale qui l’avait conduit à douter de la résurrection du Christ, n’avait assisté, comme les autres apôtres, ni à l’ensevelissement de Marie, ni à son assomption au ciel: Aussi, lorsque les autres apôtres lui racontent l’événement miraculeux qui a élevé la Vierge au ciel, Thomas ne veut leur accorder aucun crédit. Il sera alors transporté au Mont des Oliviers: là, la Vierge lui apparaîtra et lui remettra sa ceinture comme preuve de l’Assomption. A son tour, saint Thomas confiera la relique à un prêtre en échange d’une promesse: la ceinture sera transmise de génération en génération.
On n’entendit plus parler de la ceinture pendant des siècles: le mythe veut que la tradition reprenne au XIIe siècle lorsque, à Jérusalem, un citoyen de Prato, Michele (selon certaines variantes de la légende, un membre de la famille Dagomari, peut-être un marchand), épousa une jeune fille de la région, une certaine Maria, qui lui apporta en dot la relique sacrée, reçue de ses parents. Le marchand l’emporta avec lui lorsqu’il retourna à Prato et la conserva jalousement à l’intérieur d’un coffre sur lequel il dormait: la légende raconte que deux anges le soulevaient chaque nuit dans son sommeil afin qu’il ne dorme pas au-dessus de sa taille. Vers 1172, Michele Dagomari, peu avant sa mort, souhaita faire don de la ceinture au promoteur de l’église paroissiale de Santo Stefano (c’est-à-dire la cathédrale de Prato), un certain Uberto. Toute l’histoire de Michele da Prato (personnage presque certainement inventé) est d’ailleurs racontée dans une prédelle peinte par Bernardo Daddi à peu près entre 1337 et 1338, aujourd’hui conservée au Museo Civico di Palazzo Pretorio à Prato: c’est ce qui reste dans la ville d’un polyptyque démembré conservé à l’origine à la cathédrale de Prato.
Scènes de la prédelle avec les Histoires de la Ceinture de Bernardo Daddi (vers 1337-1338 ; Prato, Museo Civico di Palazzo Pretorio): à gauche, Michele Dagomari épouse Maria ; à droite, la belle-mère de Michele Dagomari lui remet la Ceinture Sacrée. |
Scènes de la prédelle avec les Histoires de la Ceinture de Bernardo Daddi (v. 1337-1338 ; Prato, Museo Civico di Palazzo Pretorio): à gauche, les anges soulèvent Michel Dagomari ; à droite, Michel Dagomari remet la Ceinture Sacrée à saint Étienne proposé. |
Giovanni Pisano, Vierge à l’enfant (première décennie du XIVe siècle ; Prato, cathédrale). Crédit photo |
En 1312, un voleur, Giovanni di Landetto, dit Musciattino, tenta de s’emparer de la ceinture: l’épisode connut un épilogue tragique pour le malheureux (qui fut condamné à mort), et eut également pour effet de suggérer aux autorités de Prato l’idée de conserver la relique dans un lieu plus sûr: On envisagea d’abord de la placer dans le transept, dont la construction commença vers le milieu du XIVe siècle, mais dans les années 1380, on décida de la placer à l’intérieur d’une chapelle qui devait être construite ex novo près du portail d’entrée du Duomo. La chapelle fut achevée en 1390 et fut décorée entre 1392 et 1395 d’un cycle de fresques d’Agnolo Gaddi racontant l’histoire de la Vierge et l’histoire de la Cintola: c’est dans cette chapelle, conçue par l’architecte florentin Lorenzo di Filippo, que la relique, qui y fut transférée le 4 avril 1395, est encore conservée aujourd’hui. La statue de Giovanni Pisano (dont une copie en plâtre est également conservée dans une salle du Museo dell’Opera del Duomo à Prato) a également été déplacée à l’intérieur de la chapelle.
La chapelle de la Ceinture sacrée dans la cathédrale de Prato |
Entre-temps, le problème s’est posé de savoir où exposer la ceinture lors des expositions publiques qui, jusqu’au milieu du XIVe siècle, se déroulaient sous un portique en bois près du clocher de la cathédrale. En 1357, un sculpteur siennois, Niccolò di Cecco del Mercia, fut chargé de réaliser une chaire qui fut achevée en 1360 et placée sur le côté droit de la cathédrale. La chaire de Niccolò del Mercia remplit sa fonction pendant environ soixante-dix ans, lorsqu’il fut décidé d’en réaliser une nouvelle, celle réalisée par Donatello et Michelozzo et surmontée du caractéristique baldaquin en forme de parapluie qui la rend immédiatement reconnaissable. Les reliefs qui la décoraient sont aujourd’hui tous conservés au Museo dell’Opera del Duomo: ceux que nous voyons sur la place sont des copies. À l’intérieur de ce même musée, on peut également observer les panneaux de la chaire de Niccolò del Mercia, qui racontent l’histoire de la ceinture. Les deux panneaux principaux représentent le Transit de la Vierge, avec la Vierge placée sur le lit, au centre de la composition, entourée des apôtres, et la Remise de la ceinture à Saint Thomas, qui reçoit la relique directement des mains de la Vierge, apparue dans une mandorle portée au ciel par des anges. Les deux panneaux latéraux représentent lecouronnement de la Vierge et saint Thomas confiant la ceinture au prêtre.
Niccolò di Cecco del Mercia, Transit de la Vierge (1357-1360 ; Prato, Museo dell’Opera del Duomo) |
Niccolò di Cecco del Mercia, Don de la Sainte Ceinture (1357-1360 ; Prato, Museo dell’Opera del Duomo) |
Niccolò di Cecco del Mercia, Couronnement de la Vierge, à gauche, et saint Thomas remettant la ceinture au prêtre, à droite (1357-1360 ; Prato, Museo dell’Opera del Duomo) |
Solennité et calme sont les deux principales caractéristiques des reliefs de Niccolò del Mercia. Dans la scène du Transit, on ne voit pas de mouvements de douleur désespérée traverser les visages des apôtres: beaucoup regardent la scène sans laisser transparaître leurs sentiments, tandis que d’autres prient ou tournent les yeux vers le ciel. En revanche, la scène du don de la ceinture est caractérisée par des traits stylistiques presque byzantins, avec les séraphins portant l’amande et les anges musiciens sur les côtés, disposés symétriquement, faisant participer saint Thomas lui-même à cette symétrie. Malgré les volumes réalisés assez grossièrement et les proportions souvent peu harmonieuses des corps, certains détails sont néanmoins traités avec plus de soin: citons par exemple la décoration de l’oreiller de la Vierge, ou les boucles percées dans la barbe des personnages, ou encore les draperies semi-circulaires typiquement gothiques.
Niccolò di Cecco del Mercia, détail du Transito della Vergine (à gauche) et du Dono della Cintola (à droite). |
Pour la conservation de la ceinture, Maso di Bartolomeo réalisa en 1448 un reliquaire raffiné, la Capsella della Sacra Cintola: c’est un chef-d’œuvre d’orfèvrerie de la Renaissance en cuivre doré sur une âme en bois d’inspiration clairement classique. En effet, la forme rappelle celle d’un sarcophage antique, et classique est aussi la décoration avec des putti en ivoire, qui rappellent à leur tour ceux conçus par Donatello pour la chaire extérieure du Dôme. Le précieux coffret est aujourd’hui conservé au Museo dell’Opera del Duomo, car en 1638 il a été décidé de le remplacer par un reliquaire en cristal de roche avec des décorations en argent et en or, conçu de manière à permettre d’exposer la relique au public sans la sortir de son coffret et donc sans avoir besoin de la toucher directement. Le reliquaire du XVIIe siècle a abrité la ceinture jusqu’en 2008, date à laquelle, pour des raisons de conservation, il a été remplacé par une nouvelle urne en or et en cristal réalisée par l’orfèvre Giampaolo Babetto.
Maso di Bartolomeo, chapelle de la ceinture sacrée (1448 ; Prato, Museo dell’Opera del Duomo) |
Pâques 2007: L’évêque de Prato Gastone Simoni montre la ceinture sacrée dans le reliquaire de 1638. Crédit photo |
Le reliquaire de 2008 (photo du site web de la municipalité de Prato) |
Aujourd’hui encore, l’ostension de la ceinture sacrée représente l’un des moments centraux de la religiosité de Prato: les croyants se rassemblent sur la Piazza del Duomo pour voir l’évêque exposer la relique du haut de la chaire. L’événement a lieu cinq fois par an: à Noël, à Pâques, le 1er mai, le 15 août et le 8 septembre, jour de la Nativité de la Vierge, à l’occasion de la fête de la ville de Prato, au cours de laquelle l’ostension est le point culminant de l’événement. Tous les autres jours de l’année, il est possible de retracer l’histoire de la ceinture à travers les œuvres d’art conservées dans la ville. Il appartiendra à la religiosité (et peut-être au bon sens) de chacun de croire ou non au pouvoir thaumaturgique de cette simple bande de laine de chèvre brochée de fils d’or: mais il est certain que, depuis des siècles, la ceinture représente une tradition sur laquelle se fonde l’identité, également culturelle, d’une ville belle et industrieuse comme Prato.
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