Les labyrinthes de Mantoue, entre le Palais Ducal et le Bois Virgilien


Au XVIe siècle, à Mantoue, les labyrinthes faisaient l'objet d'une véritable passion : on en trouve jusqu'à deux dans le palais ducal. Et le plus célèbre a inspiré, en 1929, la création du labyrinthe Bosco Virgiliano, l'un des plus grands labyrinthes d'Italie. Où il est facile de se perdre !

On peut dire qu’au XVIe siècle, la cour des Gonzague à Mantoue avait une véritable passion pour les labyrinthes. Si vous traversez la salle des chevaux du palais ducal et que vous vous attardez sur le mur est, vous remarquerez facilement une fresque représentant le mont Olympe protégé par un labyrinthe d’eau: il s’agit du plus ancien labyrinthe connu de la cité des Gonzague, découvert au XIXe siècle après une restauration qui l’a mis en lumière. Découvert au XIXe siècle, à la suite d’une restauration qui a mis en lumière la peinture, le peintre Clinio Cottafavi l’a d’abord attribué en 1928 au peintre de la cour Lorenzo Leonbruno, avant que Stefano L’Occaso ne l’attribue en 2002 au peintre allemand Bartholomaus Dill Riemenschneider. Ce n’est cependant pas le seul labyrinthe du palais des Doges : le plus célèbre est celui de la Sala del Labirinto (salle du labyrinthe ) à l’intérieur de l’appartement des Doges, dont le plafond est décoré d’un labyrinthe provenant du Palazzo San Sebastiano.

Il s’agit d’un plafond en bois qui fut apporté ici en 1601, à la demande de Vincenzo I Gonzaga, qui fit rénover la Domus Nova du Palais des Doges, en ouvrant le nouvel Appartement des Doges, le plus grand et le plus aéré du palais, conçu par l’architecte de la cour (mais aussi peintre de talent) Antonio Maria Viani, qui était à Mantoue depuis 1592. Le labyrinthe, placé ici à l’époque où Vincent Ier combattait en Hongrie contre les Turcs, comme le rappelle l’inscription qui l’orne (“Dum sub arce Canisiae contra turcas pugnabat”, c’est-à-dire “Dum sub arce Canissae contra turcas pugnabat”), est le plus grand des labyrinthes de la ville de Mantoue.Dum sub arce Canissae contra turcas pugnabat“, c’est-à-dire ”Alors qu’il se battait sous la forteresse de Canissa contre les Turcs"), il présente des murs dorés sur fond bleu, laissant penser au visiteur que ce qu’il observe n’est pas un labyrinthe terrestre, mais un labyrinthe céleste. Les couloirs sont ornés de la devise “Forse che sì forse che no”, probablement une allusion aux obstacles que l’on doit surmonter dans la vie pour atteindre une fin, évidemment symbolisée par le labyrinthe : la devise est tirée d’une frottola amoureuse du compositeur et cantor Marchetto Cara, publiée à Venise en 1504. Cara, actif aussi bien à la cour des Gonzague à Mantoue qu’à celle des Médicis à Florence, était l’un des musiciens les plus en vue de son temps : il était une sorte de star musicale de l’époque, et ses frottoles (le genre de chanson le plus en vogue entre le XVe et le XVIe siècle) comptaient parmi les plus célèbres de son temps.



Le labyrinthe de Bartholomaus Dill Riemenschneider dans la salle des chevaux du palais des Doges.
Le Labyrinthe de Bartholomaus Dill Riemenschneider dans la Sala dei Cavalli du Palais des Doges
Le plafond de la salle du Labyrinthe du Palais des Doges Le
plafond de la salle du labyrinthe du
palais des Doges
L'inscription Peut-être que oui Peut-être que non dans le labyrinthe du palais des Doges L’
inscription “Peut-être que oui Peut-être que non” dans le Labyrinthe du Palais des Doges

Nous ne savons pas vraiment quelles significations recèle le labyrinthe du palais des Doges. La frottola de Marchetto Cara parlait d’amour, et en particulier la phrase faisait allusion à la situation d’incertitude dans laquelle se trouve l’amant lorsqu’il ne sait pas si sa bien-aimée lui rend la pareille : “Forsi che sì, forsi che no / El tacer nocer non po / Forsi che sì.... / Non fi a el mondo ognhor così / Forsi che sì, forsi che no / El tacer nocer non po / Forsi che sì... / Non fi a el mondo ognhor cossi. / Forsi chi ode non intende / Questo vario mio disgresso / Che tal spesso altrui riprende / Che non pensa de si stesso ; / A ciaschun hogi è concesso / De parlar, salvo che a mi. / Forsi che sì, forsi che no / El tacer nocer non po. / Forsi che sì... / Non fi a el mondo ognor così. / Questo mondo falso errrante / Horamai è conosciuto / Pur l’amor è lo imperante / Dalo ignaro non veduto / Ogni pel fa amor canuto / Poi si vol fa anchor falo. / Peut-être que oui... / Seuls vont chanter / Ceux qui du monde ont contrasté / Que le rubis ligaturé d’or / Pour le coq est un triste repas ; / Qui a bon vent, dirige le guindeau / Qui avec des rames je vais. / Peut-être que oui... ”. Le fait que le labyrinthe provienne du Palazzo San Sebastiano et l’année de publication de la frottola permettent de penser que l’œuvre date de l’époque d’Isabelle d’Este, à qui l’on doit l’une des plus belles œuvres de l’histoire de l’Italie. Este, à laquelle l’un des poètes de la cour, Serafino Ciminelli, également connu sous le nom de Serafino Aquilano, a dédié un sonnet “sopra un laberintho che portava la marchesana de Mantova per impresa”, où le labyrinthe fait allusion à la passion amoureuse : "Come alma assai bramosa e poco accorta, / Che mai aveva visto amor se non depinto, / Disposi un di cercar suo laberinto, / Vedere el monstro, e tanta gente morta. // Mais ce fil de raison que j’avais pour escorte, / Avec lequel tout le lieu aveugle était ceint, / Aussitôt, hélas, fut brisé et vaincu par lui, De sorte que je ne trouvai plus jamais la porte. // Et pour montrer que l’amour n’a pas de mesure / Et brise toute raison, pre enseigne au port / Que celui qui procure le bien d’autrui est une erreur de manco. Le labyrinthe du Palais des Doges ne pouvait donc être qu’une allégorie de l’amour et en particulier des tourments causés par l’amour. Et c’est précisément un amour passionné et bouleversant qui est le protagoniste du roman Forse che sì forse che no que Gabriele d’Annunzio, inspiré par une visite au Palais des Doges en 1907, publia trois ans plus tard, en 1910 : dans plusieurs parties du roman, d’ailleurs, le labyrinthe est mentionné alors que les protagonistes traversent la salle du Palais des Doges.

Toutes ces suggestions ont donné naissance à un véritable labyrinthe de verdure , créé dans les années 1930 dans les environs de Mantoue : il s’agit du labyrinthe du Bosco Virgiliano, le parc public inauguré pendant les années du régime fasciste pour célébrer le bimillénaire de la mort de Virgile, le grand poète mantouan. Le Bosco Virgiliano s’étend sur une superficie de cinq hectares , entre le fleuve Mincio et le quartier du Palazzo Te : l’entrée se trouve le long de la route nationale très fréquentée qui mène au centre de Mantoue, à quelques pas du Viale Te. En raison de sa situation, un peu à l’écart du centre, ce n’est pas l’un des endroits les plus fréquentés de la ville, mais c’est néanmoins un espace vert de grande valeur, également en raison des nombreuses opérations de réaménagement qui l’ont récemment affecté, à commencer par la plantation de 90 nouveaux arbres en novembre 2022 et l’installation d’un nouveau système d’éclairage moderne avec éclairage adaptatif créé par TEA Rete Luce srl : le nouveau système réduit la consommation lorsqu’il n’y a pas de passants dans la zone, grâce à un réseau de caméras capteurs installées par Bosch, qui détectent la présence et adaptent donc la lumière en fonction de la fréquentation du parc, réduisant ainsi également la pollution lumineuse. Le Bosco Virgiliano est aujourd’hui un grand parc qui compte près de trois mille arbres (dont cinq cents conifères) et environ quinze mille arbustes de différentes espèces, l’un des principaux poumons verts de la ville.

Le bois virgilien de Mantoue
Le Bosco Virgiliano à Mantoue
Le labyrinthe du Bosco Virgiliano à Mantoue. Photo : Alessandro Giona / Gravel Club
Le labyrinthe du Bosco Virgiliano de Mantoue. Photo : Alessandro Giona / Gravel Club
Le Bosco Virgiliano vu du ciel. Photo : TEA Rete Luce srl
Le bois Virgiliano vu d’en haut. Photo : TEA Luce srl
Le boulevard Bosco Virgiliano avec le nouveau système d'éclairage. Photo : Bosch Italie
Le boulevard Bosco Virgiliano avec le nouveau système d’éclairage. Photo : Bosch Italie

Le projet remonte à la fin des années 1920 et a été conçu par l’architecte piémontais Giuseppe Roda (Racconigi, 1866 - Turin, 1951), qui avait une longue expérience dans la conception d’espaces verts (il avait déjà travaillé dans les palais royaux de Savoie et au Quirinale) : c’est lui qui remporta le concours sur invitation qu’en 1929 la municipalité de Mantoue, sur l’initiative d’Arnaldo Mussolini, frère de Benito et à l’époque président du Comité national des forêts, avait appelé pour lui confier la tâche de concevoir le bois Virgiliano sur la zone de propriété de l’État que la municipalité avait reçue en concession. Roda, en concevant son grand jardin, s’inspira des bosquets des palais de la Renaissance, imaginant un parc qui contiendrait toutes les essences botaniques mentionnées par Virgile dans ses œuvres : une fois le portail franchi, on se retrouve dans une large avenue monumentale, d’environ 700 mètres de long, bordée de deux longues rangées de peupliers cyprès, qui mène à une place circulaire au centre de laquelle se trouve le buste de Virgile, placé au milieu du parc en hommage au poète. De la place partent des sentiers qui mènent à la forêt proprement dite et, non loin de là, se trouve le labyrinthe, dont la structure est assez semblable (bien qu’agrandie) à celle du labyrinthe du plafond du Palais Ducal.

Souhaitant s’inspirer des labyrinthes du XVIIe siècle, Giuseppe Roda a imaginé un labyrinthe dont les parois étaient constituées d’essences d’arbres et a choisi une espèce très particulière, le charme blanc (Carpinus betulus des bétulacées), remplacé par la suite par l’administration en 1981 par le laurier-cerise, lui-même remplacé en 2012 par un retour à la plante d’origine, après que le parc soit tombé en décrépitude. Le charme, qui forme donc encore aujourd’hui le labyrinthe, est une espèce autochtone, une plante typique de la vallée du Pô, qui a une particularité : bien qu’il s’agisse d’un arbre à feuilles caduques, ses feuilles ne tombent pas de la plante pendant l’hiver, mais restent attachées aux branches (elles seront ensuite remplacées par de nouveaux bourgeons au printemps). Par conséquent, pendant les mois froids, le charme ne perd pas ses feuilles mais prend les couleurs typiques de l’automne, raison pour laquelle le charme était souvent choisi dans les jardins baroques. Une particularité qui distingue le labyrinthe du Bosco Virgiliano des nombreux labyrinthes que l’on peut visiter aujourd’hui en Italie.

En outre, le parcours du labyrinthe (qui est l’un des plus grands d’Italie) est également très particulier, car il ne s’agit pas d’un labyrinthe avec un parcours obligatoire, avec une seule entrée qui mène irrévocablement vers le centre. Il y a jusqu’à quatre entrées, et il peut arriver qu’en choisissant une piste on n’atteigne pas le centre du labyrinthe, mais qu’on en ressorte par l’entrée opposée, puisque les parcours ne sont pas nécessairement reliés au centre (pour s’en faire une idée, on peut regarder une belle vidéo réalisée par le Gravel Club). Il peut donc arriver qu’à un moment donné, le parcours ramène le visiteur sur ses propres pas et le fasse sortir du labyrinthe : il n’y a en effet qu’un seul chemin qui mène au cœur. Et c’est au visiteur de le trouver... !

Les labyrinthes de Mantoue, entre le Palais Ducal et le Bois Virgilien
Les labyrinthes de Mantoue, entre le Palais Ducal et le Bois Virgilien


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