Le labyrinthe de Villa Pisani à Stra, les suggestions de D'Annunzio et un parcours complexe


Le labyrinthe de Villa Pisani à Stra est l'un des plus grands labyrinthes d'Europe. Il est surtout connu pour deux raisons : sa présence dans l'un des plus beaux romans de Gabriele D'Annunzio et la difficulté de son parcours, l'un des plus complexes au monde.

Elle est connue comme la “reine des villas vénitiennes” : et en effet, la Villa Pisani à Stra est une présence importante, élégante et majestueuse, qu’il est impossible de ne pas remarquer en parcourant la route régionale 11 de la Vénétie, la longue route qui mène du centre de Venise, de Piazzale Roma, aux portes de Padoue, en longeant le canal de la Brenta, le long duquel se dressent plusieurs des villas que l’aristocratie vénitienne avait autrefois construites dans cette agréable campagne, comme lieux de villégiature loin du chaos de la ville de Venise. La plus grande est la Villa Pisani, dont les origines remontent au XVIIIe siècle, lorsque les Pisani di Santo Stefano, l’une des familles les plus riches de la noblesse vénitienne Les Pisani de Santo Stefano, l’une des familles les plus riches de la noblesse vénitienne, ont atteint leur apogée, réussissant même à produire un doge, Alvise Pisani, qui fut d’abord ambassadeur de Venise auprès de la France de Louis XIV, puis monta sur le trône du doge en 1735, alors que la Villa Pisani était en cours de construction.

La construction du complexe débute en 1721, lorsque la famille Pisani confie la tâche à l’architecte Gerolamo Frigimelica (Padoue, 1653 - Modène, 1732), également auteur du somptueux Palazzo Pisani dans le quartier de San Marco à Venise, puis à son confrère Francesco Maria Preti (Castelfranco Veneto, 1701 - 1774), qui succède à Frigimelica après sa mort en 1732. Il fallut quelques années pour voir les travaux achevés, qui se terminèrent en 1756. La villa ne resta cependant que peu de temps entre les mains de la famille Pisani : à la fin du XVIIIe siècle, époque du déclin de la Sérénissime, la famille subit elle aussi de lourds revers et la villa dut être vendue pour faire face aux dettes que la famille Pisani avait accumulées. La Villa Pisani devient alors la propriété de Napoléon Bonaparte, qui la vend à son beau-fils Eugène de Beauharnais. Après la Restauration, elle devient la villa impériale des Habsbourg, qui y passent de longues vacances. Puis, après l’unification de l’Italie, la villa devint propriété de la couronne de Savoie et, en 1884, après une période d’abandon, elle fut transformée en musée.

Villa Pisani à Stra, vue aérienne. Photo : Ministère de la Culture
Villa Pisani à Stra, vue aérienne. Photo : Ministère de la Culture
La façade de la Villa Pisani. Photo : Musée national de la Villa Pisani
La façade de la Villa Pisani. Photo : Musée national de la Villa Pisani
La fausse façade des écuries de la Villa Pisani. Photo : Musée national de la Villa Pisani
La fausse façade des écuries de la Villa Pisani. Photo : Musée national de Villa Pisani
La salle de bal. Photo : Ministère de la Culture
La salle de bal. Photo : Ministère de la Culture
Giambattista Tiepolo, Apothéose de la famille Pisani (1761-1762 ; fresque, 12,7 x 7,7 m ; Stra, Villa Pisani)
Giambattista Tiepolo, Apothéose de la famille Pisani (1761-1762 ; fresque, 12,7 x 7,7 m ; Stra, Villa Pisani)

La Villa Pisani est une structure imposante qui, derrière sa sobre façade néoclassique , cache des dizaines de pièces (168 au total, mais une trentaine seulement sont visitables), dont la spectaculaire salle de bal Giambattista Tiepolo a peint à fresque l’Apothéose de la famille Pisani, l’un des plus grands chefs-d’œuvre du XVIIIe siècle dans le monde entier. La villa est entourée d’un splendide parc de 14 hectares avec des écuries, un café du XVIIIe siècle, un bosquet anglais, des serres tropicales et l’un des labyrinthes les plus célèbres d’Italie, le Labyrinthe des Pisani.Le labyrinthe de Villa Pisani est également devenu célèbre parce qu’il est le protagoniste d’une des scènes les plus célèbres du roman Il Fuoco de Gabriele D’Annunzio, qui a visité la villa après sa transformation en musée et lui a consacré des pages inoubliables. Dans le roman, le jeune protagoniste, le poète Stelio Effrena, traverse le labyrinthe avec son amante Foscarina, dans un subtil jeu amoureux entre les méandres du labyrinthe : “Une grille de fer rouillé la fermait, entre deux piliers portant deux amants chevauchant des dauphins de pierre. Au-delà de la grille, on n’apercevait rien d’autre que l’amorce d’un portail et une sorte de forêt enchevêtrée et dure, d’aspect mystérieux et touffu. Au centre du labyrinthe s’élevait une tour, au sommet de laquelle la statue d’un guerrier semblait se tenir à l’affût. As-tu déjà pénétré dans un labyrinthe ? demanda Stelio à son amie. Jamais”, répondit-elle. Ils s’attardèrent à contempler ce jeu fallacieux composé par un jardinier ingénieux pour le plaisir des dames et des cicisbei au temps des calcagnini et des guardinfanti. Mais la négligence et l’âge l’avaient flétri, rendu terne ; ils lui avaient ôté toute apparence de grâce et d’égalité ; ils l’avaient changé en un buisson fermé entre le brun et le jaunâtre, plein d’ambiguïtés inextricables, où les rayons obliques du couchant rougissaient tellement que les touffes, çà et là, ressemblaient à des bûchers qui brûlent sans fumée. C’est ouvert", dit Stelio, sentant la porte céder lorsqu’il s’y appuyait. Il poussa le fer rouillé, qui grinça sur les gonds branlants, puis il fit un pas et franchit le seuil.

Le labyrinthe est également dû au projet de Gerolamo Frigimelica, et l’idée d’enrichir le parc de la villa avec un labyrinthe est probablement due au futur doge Alvise Pisani, qui pendant son séjour en France eut peut-être l’occasion d’apprécier le labyrinthe de Versailles, qui fut ensuite enlevé en 1778 sur l’ordre du roi Louis XVI, qui le fit remplacer par un jardin anglais. Il avait été conçu, comme l’écrit D’Annunzio, pour le plaisir des invités: le Vate imagine ainsi les dames invitées à la villa déambuler dans le labyrinthe, habillées à la mode de l’époque, c’est-à-dire avec des “calcagnini”, chaussures vénitiennes typiques du XVIIIe siècle à haute cale (elles avaient été inventées pour éviter les “hautes eaux”), et des “gardes”, qui étaient faites d’un matériau spécial.Les “guardinfanti”, structure faite de cerceaux de métal ou d’osier, servaient à faire gonfler les jupes, ce qui donnait au vêtement cette forme de cloche particulière que l’on voit dans les portraits de l’époque. Il semble que l’un des jeux les plus populaires parmi les personnes qui fréquentaient le labyrinthe consistait pour une dame à se placer déguisée sur la tourelle et à ne révéler son identité qu’à l’homme qui, dans une course avec les autres, parvenait à la rejoindre dans le temps le plus court possible.

Il s’agit de l’un des plus grands labyrinthes d’Europe, mais aussi de l’un des plus complexes et des plus difficiles. La difficulté n’est pas seulement due à l’immensité de ses proportions, mais aussi au fait qu’il s’agit d’un labyrinthe qui n’a qu’un seul chemin menant au centre, et que chaque embranchement ou bifurcation ne permet jamais de trouver un autre chemin, mais mène toujours à une impasse, de sorte que si l’on arrive à un mur, il faut revenir sur ses pas et essayer de se rappeler où se trouvait la bifurcation et choisir un autre chemin. C’est pourquoi il faut parfois beaucoup de temps avant de trouver la route qui mène à la destination. On raconte même que Napoléon, après avoir acquis la villa, aurait voulu s’essayer au labyrinthe de la Villa Pisani en 1807, mais n’aurait pas réussi à le résoudre. La tradition veut également qu’en 1934, alors que la Villa Pisani était le théâtre d’une rencontre au sommet entre Hitler et Mussolini, les deux dictateurs aient préféré ne pas s’attaquer au labyrinthe car, compte tenu de l’anecdote concernant Napoléon, ils auraient préféré éviter de se mettre dans l’embarras. Le labyrinthe a un plan circulaire et est composé de neuf cercles concentriques qui mènent de l’entrée (la seule entrée) au centre où s’élève une tourelle en pierre, avec des ouvertures nervurées à double arc, au sommet de laquelle on accède par un escalier à double spirale, équipé d’une balustrade en fer forgé, qui fait le tour de la structure. Au-dessus de la tourelle, la destination finale : la statue de Minerve, déesse de la sagesse, vertu indispensable pour garder son calme et atteindre le centre du labyrinthe. Les couloirs sont séparés par des haies de buis(buxus sempervirens) qui permettent de voir le centre à tout moment : le buis est une plante typique des labyrinthes, car il est très rustique, nécessite peu d’entretien, peut être “ domestiqué ” sous de nombreuses formes et est un arbre à feuilles persistantes. Il n’est cependant pas l’essence originelle du labyrinthe : Dans l’Antiquité, il était en effet composé de haies de charmes, plante qui a ensuite été progressivement remplacée jusqu’à ce que, au début du XXe siècle, le labyrinthe soit déjà entièrement constitué de buis, évidemment choisi en raison de ses caractéristiques, en premier lieu le fait qu’il peut conserver la couleur de ses feuilles en toute saison, alors que le charme est une plante caduque (qui ne perd cependant pas ses feuilles : elles restent attachées aux branches, mais jaunissent).

Labyrinthe de la Villa Pisani. Photo : Ministère de la Culture
Labyrinthe de la Villa Pisani. Photo : Ministère de la Culture
Labyrinthe de la Villa Pisani. Photo : Projet Danae
Labyrinthe de la Villa Pisani. Photo : Alessandro Pasquali / Projet Danae
Labyrinthe de la Villa Pisani. Photo : P. Tasso
Labyrinthe de la Villa Pisani. Photo : P. Tasso
Labyrinthe de la Villa Pisani. Photo : Patrick Denker
Labyrinthe de la Villa Pisani. Photo : Patrick Denker
Labyrinthe de la Villa Pisani. Photo : Alessandro Pasquali / Projet Danae
Labyrinthe de la Villa Pisani. Photo : Alessandro Pasquali / Projet Danae
Labyrinthe de la Villa Pisani. Photo : Alessandro Pasquali / Projet Danae
Labyrinthe de la Villa Pisani. Photo : Alessandro Pasquali / Projet Danae
Bortolo Gaetano Carboni, Torrione del Labirinto nel Giardino Pisani a Stra (1790-1792 ; gravure ; Turin, Académie des sciences)
Bortolo Gaetano Carboni, Torrione del Labirinto nel Giardino Pisani a Stra (1790-1792 ; gravure ; Turin, Académie des sciences)
Francesco Guardi, Dessin du labyrinthe de Villa Pisani (1773 ; plume aquarellée et encre brune, 127 x 131 mm ; Cleveland, Cleveland Museum of Art)
Francesco Guardi, Dessin du labyrinthe de la Villa Pisani (1773 ; plume aquarellée et encre brune, 127 x 131 mm ; Cleveland, Cleveland Museum of Art)

Le labyrinthe de la Villa Pisani a toujours conservé la même structure, puisque des gravures du XVIIIe siècle montrent le labyrinthe tel qu’il est aujourd’hui. L’un des plus grands artistes du XVIIIe siècle, Francesco Guardi (Venise, 1712 - 1793), est également passé par là : l’un de ses dessins représentant un couloir du labyrinthe de la Villa Pisani est d’ailleurs conservé. Et bien sûr, on ne compte plus les romans, même contemporains, dont les scènes se déroulent ici. La seule modification a été apportée en 1809, lorsque, sur l’ordre d’Eugène de Beauharnais, il a été décidé d’élargir légèrement le parcours : au cercle du labyrinthe, auquel on accédait, comme l’attestent les gravures anciennes, par une entrée située le long d’un mur, on ajouta en effet quelques couloirs sur les quatre côtés pour inscrire la structure dans un trapèze conçu par l’ingénieur Mezzani, “Architecte royal et inspecteur des palais royaux de Venise et de Stra”, comme l’indiquent les documents napoléoniens. Mais la partie circulaire est toujours restée inchangée. Et il a été largement imité dans le monde entier : plusieurs labyrinthes rappellent en effet la structure de celui de la Villa Pisani (le plus proche géographiquement est celui de la Villa Gaggia à Belluno, qui possède également une tourelle très similaire en son centre).

Restauré dans les années 1970 après une période de délabrement, le labyrinthe est à nouveau proposé aux visiteurs de la Villa Pisani qui, à certaines périodes de l’année, peuvent revêtir les habits des nobles du XVIIIe siècle et tenter de résoudre le schéma : un labyrinthe à la fois amusant et inquiétant (comme il ressort des pages de D’Annunzio, où la Foscarina ressent une certaine angoisse en parcourant ses méandres), parce qu’il est conçu pour faire passer le temps aux hôtes de la villa, mais aussi pour les désorienter, parce que quand on arrive à la tourelle, on peut jouir d’un beau panorama et de moments de tranquillité, mais une fois descendu, il faut revenir sur ses pas. Un labyrinthe au charme ambigu qui ne cesse de séduire tous ceux qui tentent de le parcourir.

Le labyrinthe de Villa Pisani à Stra, les suggestions de D'Annunzio et un parcours complexe
Le labyrinthe de Villa Pisani à Stra, les suggestions de D'Annunzio et un parcours complexe


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