L'art dans les Cinque Terre : 10 lieux à voir entre Riomaggiore et Monterosso al Mare


Les Cinque Terre sont célèbres pour leurs vues splendides, mais les cinq villages de l'est de la Ligurie regorgent également d'œuvres d'art : voici 10 lieux à voir !

Paysages merveilleux, criques cachées, falaises abruptes, villages colorés : les Cinque Terre, en Ligurie, attirent chaque année des millions de voyageurs du monde entier pour le charme incontestable de leurs paysages et leur caractère unique, qui montre comment, dans ces régions, l’homme a su s’adapter à la vie dans un territoire rude et difficile, où la nature est avare. Mais qu’offrent les villages des Cinque Terre (en partant du sud : Riomaggiore, Manarola, Corniglia, Vernazza et Monterosso al Mare) aux amateurs d’art qui veulent se plonger dans les peintures, les sculptures et l’architecture des siècles passés et d’aujourd’hui ? Voici quelques idées pour un voyage... voyage artistique dans les Cinque Terre.

1. Riomaggiore, église paroissiale de San Giovanni Battista

Située sur le petit côté d’une petite place qui domine la partie basse du village de Riomaggiore, l’église paroissiale San Giovanni Battista de Riomaggiore a été fondée en 1340 par l’évêque de Luni de l’époque, Antonio Fieschi : l’aspect extérieur qu’elle présente aujourd’hui aux visiteurs est toutefois le résultat de travaux du XIXe siècle (1870-1871) qui lui ont donné sa façade néogothique actuelle. L’intérieur, composé d’une nef et de deux collatéraux qui suivent le plan d’origine (deux portails gothiques décorés de reliefs antérieurs, de culture antélamique, restent toutefois visibles), conserve plusieurs œuvres d’art de grande valeur un triptyque du XVe siècle avec la Vierge et les saints Roch et Sébastien (attribué au Maître des Cinque Terre, peintre local anonyme actif entre la fin du XVe et le début du XVIe siècle et lié à la culture de la transition entre le gothique tardif et la Renaissance), une chaire du XVIIe siècle décorée d’un relief en marbre de 1530 représentant saint Martin en train de faire don de son manteau à un pauvre et un crucifix en bois attribué à Anton Maria Maragliano, l’un des plus grands sculpteurs de la Ligurie du XVIIIe siècle.



Riomaggiore, église paroissiale de San Giovanni Battista
Riomaggiore, église paroissiale de San Giovanni Battista
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Photo de Luca Aless

2. Riomaggiore, Sanctuaire de Notre-Dame de Montenero

Le grand peintre macchiaioli Telemaco Signorini, qui a souvent fréquenté Riomaggiore et l’a représenté dans plusieurs de ses tableaux, a exécuté de nombreuses vues du village depuis le sanctuaire de Notre-Dame de Montenero, qui se dresse sur une colline qui le domine. Il s’agit d’un édifice de culte déjà attesté en 1335, bien que son aspect actuel soit le fruit de transformations du XIXe siècle. Selon la légende, l’image de l’Assomption de la Vierge conservée dans le sanctuaire aurait été apportée par des réfugiés grecs à l’époque de l’iconoclasme byzantin. Il est surtout connu pour le panorama qu’il offre et n’est accessible que par les sentiers qui traversent les promontoires.

Riomaggiore, Sanctuaire de Notre-Dame de Montenero. Photo Lino Olmo Studio
Riomaggiore, Sanctuaire de Notre-Dame de Montenero. Photo Lino Olmo Studio - Visit Riomaggiore

3. Manarola, église de San Lorenzo

Autre église du XIVe siècle (la fondation, comme on peut le lire sur la plaque de la façade, remonte à 1338), elle a conservé sa façade gothique avec des éléments saillants, avec au centre une rosace en marbre de Carrare (datant de 1375 et attribuée à deux maîtres campionais, Matteo et Pietro da Campilio) et un portail surmonté d’une lunette décorée de reliefs de la culture anté-musulmane. L’intérieur de l’église a été modifié au cours des siècles et se présente aujourd’hui sous son aspect baroque, même si, à la suite des restaurations du XXe siècle, des parties des formes gothiques d’origine sont encore visibles. On doit au Maître des Cinque Terre un triptyque représentant saint Laurent entre les saints Antoine Abbé et Bernardin de Sienne, ainsi qu’un polyptyque sur le maître-autel avec la Vierge à l’Enfant entre les saints Laurent et Catherine d’Alexandrie et deux autres saints.

Manarola, église de San Lorenzo. Photos Visite de Riomaggiore
Manarola, église de San Lorenzo
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Photo Visit Riomaggiore

4. Corniglia, San Pietro

L’église de San Pietro di Corniglia, église principale du troisième village des Cinque Terre, est déjà mentionnée dans un document de 1261, mais il est possible qu’elle soit encore plus ancienne : l’édifice actuel a en effet été construit au XIVe siècle sur les vestiges d’un petit temple antérieur, dont les restes sont encore partiellement visibles. C’est l’une des églises des Cinque Terre qui a le mieux conservé son aspect d’origine, comme en témoigne la façade saillante sur laquelle se détache la rosace en marbre de Carrare, datée de 1351, réalisée par Matteo et Pietro da Campilio, auteurs également de la rosace de l’église de Manarola. L’intérieur à trois nefs est encore partiellement conservé tel qu’il était à l’origine, bien qu’il ait subi d’importantes rénovations à l’époque baroque : il contient des fonts baptismaux médiévaux (XIIe siècle) et une peinture des mystères du Rosaire datant du XVIIe siècle.

Corniglia, San Pietro. Photo de Carlo Pelagalli
Corniglia, San Pietro. Photo de Carlo Pelagalli

5. Corniglia, Oratoire des Disciplinés

Il s’agit d’un petit oratoire du XVIIIe siècle situé dans le centre de Corniglia. La façade simple est ornée d’une fenêtre circulaire dépouillée et d’une niche abritant une statue de Sainte Catherine d’Alexandrie, à qui l’édifice est dédié. L’intérieur, composé d’une seule salle, est orné d’un plafond peint à fresque du XVIIIe siècle représentant l’épisode du martyre de Sainte Catherine d’Alexandrie. Aujourd’hui, l’oratoire est également devenu un lieu d’exposition d’art contemporain : au cours de l’été 2021, par exemple, il a accueilli une importante exposition personnelle d’Iva Lulashi, un talent émergent de l’art européen.

Corniglia, Oratorio dei Disciplinati. Photo de Francesco Bini
Corniglia, Oratorio dei Disciplinati. Photo de Francesco Bini

6. Vernazza, Santa Margherita d’Antiochia

Intéressant édifice de style roman, en grande partie bien conservé, il se dresse sur une falaise dans une position très pittoresque. La légende attribue sa fondation à un miracle : il semblerait que des habitants de Vernazza aient trouvé sur la plage du village un coffre contenant une relique de sainte Marguerite d’Antioche et aient ainsi décidé de lui dédier une église. Au-delà des mythes, l’édifice date probablement du XIe siècle, bien qu’il ait été reconstruit au XIIIe siècle et agrandi entre le XVIe et le XVIIe siècle. La façade n’est malheureusement plus conservée car elle a été démolie lors des travaux de rénovation du XVIIe siècle, mais la décoration extérieure médiévale est encore visible dans la zone de l’abside. Lors de la restauration des années 1960, il a été décidé de redonner à l’église son aspect d’origine et de récupérer le toit en bois. À l’intérieur, on trouve deux peintures du XVIIe siècle, un maître-autel baroque de 1750 et un crucifix en bois attribué à Anton Maria Maragliano.

Vernazza, Santa Margherita d'Antiochia. Photo de Francesco Bini
Vernazza, Santa Margherita d’Antiochia. Photo de Francesco Bini

7. Monterosso al Mare, Saint-Jean-Baptiste

L’église de San Giovanni Battista, construite entre le XIIIe et le XIVe siècle (les travaux, comme l’atteste une inscription au-dessus d’une colonne à l’intérieur, ont été achevés en 1307), est l’église principale de Monterosso al Mare, le plus septentrional et le plus grand des villages des Cinque Terre. La façade pittoresque de 1307 présente des bandes horizontales bicolores de marbre blanc et de serpentine foncée (une décoration que l’on retrouve souvent dans les églises de Ligurie), ainsi qu’une grande rosace de marbre au centre. C’est l’un des édifices du XIVe siècle les plus intéressants des Cinque Terre : l’intérieur, à trois nefs, bien que très remanié, conserve le plan d’origine tout en préservant les chapiteaux médiévaux, et abrite des fonts baptismaux de 1360, un tableau représentant la Vierge du Rosaire de l’école de Cambiasca, une Crucifixion du XVIIe siècle et un maître-autel de 1734.

Monterosso al Mare, San Giovanni Battista, la rosace. Photo de Davide Papalini
Monterosso al Mare, San Giovanni Battista, la rosace. Photo de Davide Papalini

8. Monterosso al Mare, couvent des Capucins

C’est l’un des lieux d’art les plus riches de la Ligurie orientale. Il se trouve au sommet du promontoire qui sépare Monterosso de Fegina, un peu à l’extérieur du village, et a été fondé en 1618, à l’initiative d’un groupe de frères capucins qui avaient reçu un terrain en cadeau de la part de la commune de Monterosso. La construction s’est achevée en 1622 et l’année suivante, l’évêque Giovanni Battista Salvago a consacré l’église du couvent, dédiée à saint François d’Assise. Plusieurs œuvres d’art importantes sont conservées dans l’église du XVIIe siècle : une Crucifixion attribuée à Antoon van Dyck, un Saint Jérôme pénitent de Luca Cambiaso et une Véronique de Bernardo Strozzi. En 2013, des inondations dans les Cinque Terre ont provoqué l’effondrement d’un mur extérieur de la structure originale et, l’année suivante, le monastère des Capucins de Monterosso al Mare a été l’un des sites les plus votés dans le cadre des “Lieux du cœur” du FAI - Fondo Ambiente Italiano, avec plus de cent mille préférences. Des frères capucins vivent encore aujourd’hui dans le couvent.

Monterosso al Mare, Couvent des Capucins. Photo par FAI - Fondo Ambiente Italiano
Monterosso al Mare, Couvent des Capucins. Photo par FAI - Fondo Amb
iente Italiano

9. Monterosso al Mare, Parc littéraire Eugenio Montale

Le parc littéraire dédié à Eugenio Montale a été inauguré, grâce à une collaboration entre le Parc national des Cinque Terre, la Société Dante Alighieri et la municipalité de Monterosso al Mare, en 2015, à l’occasion du 40e anniversaire du prix Nobel de littérature reçu en 1975 par le grand poète Eugenio Montale, qui était un visiteur régulier des Cinque Terre (il séjournait à Monterosso en été). Situé sur le littoral de la Fegina, il offre également la possibilité de voir (mais de l’extérieur, car il s’agit encore d’une résidence privée) la résidence d’été du poète, qui fait désormais partie du parc : pour Montale, cette maison était “la pagode jaunâtre” et “la maison aux deux palmiers”. À l’intérieur du parc, de nombreuses plaques permettent aux visiteurs de découvrir ces lieux à travers les mots de Montale. Un autre point d’intérêt du parc est la Spiaggia del Gigante (Plage du Géant), où se trouve la Statua del Gigante (Statue du Géant), une grande sculpture représentant Neptune, l’œuvre d’Arrigo Minerbi de 1910 qui décorait la Villa Pastine (une résidence somptueuse et ostentatoire qui, pour Montale, était...). Après sa destruction pendant la guerre mondiale, la sculpture a été replacée sur la plage dans sa disposition actuelle.

La plage des Géants. Photo : Parc littéraire Eugenio Montale
La plage du Géant. Photo : Parc littéraire Eugenio Montale

10. Levanto, Santissima Annunziata

Un petit détour pour voir un complexe intéressant : Levanto ne fait pas partie des Cinque Terre, mais c’est la première ville que l’on rencontre en sortant de Monterosso al Mare, et l’église et le couvent de Santissima Annunziata, datant du XVe siècle, ne décevront pas le voyageur en quête d’art. La structure a été construite dans une zone surplombant le village de Levanto pour abriter une communauté de mineurs franciscains. L’édifice se caractérise donc par sa simplicité et sa sobriété, mais l’intérieur abrite des œuvres de grand intérêt : en particulier, deux tableaux, un Saint Georges et le Dragon de Pier Francesco Sacchi de Pavie et l’une des plus belles toiles de Bernardo Strozzi, le Miracle de Saint Diego. Dans ce qui était autrefois le réfectoire du monastère et qui est aujourd’hui une salle de conférence, il est également possible de voir un Souper à Emmaüs de Giovanni Battista Casoni, peintre originaire de Lerici qui fut l’un des élèves les plus talentueux de Domenico Fiasella.

Levanto, Santissima Annunziata. Photo Davide Papalini
Levanto, Santissima Annunziata. Photo Davide Papalini

L'art dans les Cinque Terre : 10 lieux à voir entre Riomaggiore et Monterosso al Mare
L'art dans les Cinque Terre : 10 lieux à voir entre Riomaggiore et Monterosso al Mare


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