Quelques mois après le 16 juillet 2018 dernier, date de présentation de la 58e édition de la prochaine Biennale d’art de Venise (11 mai - 24 novembre 2019), nous avons déjà les premiers noms des artistes choisis par certains pavillons étrangers: derniers dans l’ordre de présentation, ceux des pays nordiques, précédés de la Finlande, de l’Autriche, de la France et des États-Unis, pour n’en citer que quelques-uns.
Bien sûr, la plus grande attente concerne certainement les noms des artistes participants que Milovan Farronato, commissaire du pavillon italien, dévoilera (espérons-le) d’ici peu. En attendant d’en savoir plus sur ce qui est en fait l’un des événements artistiques les plus importants non seulement pour l’Italie, mais aussi pour la scène artistique internationale, il est possible de faire une petite réflexion sur ce qui a déjà été dévoilé et qui est résumé dans les mots du président de la Biennale, Paolo Baratta, et du commissaire, Ralph Rugoff.
Tout d’abord, le titre. Nous savons en effet qu’elle s’intitulera May you live in interesting times (“Puissiez-vous vivre à une époque intéressante”), un ancien dicton chinois qui rappellerait la condition de vie de l’artiste (mais aussi du visiteur) entre la réalité qui l’entoure et le monde de la créativité et de l’invention. L’intention est donc de confirmer le chemin déjà parcouru lors des Biennales précédentes, c’est-à-dire de qualifier l’exposition de “lieu de rencontre entre le visiteur, l’art et les artistes”, dans lequel le visiteur est directement confronté aux œuvres. Et ce n’est pas tout: le titre serait délibérément dérivé d’un faux anathème, un choix fait par le commissaire Rugoff pour mettre l’accent sur son objectif principal, à savoir la manière dont les artistes se mettent en relation avec leurs œuvres d’art à une époque où la diffusion de fausses nouvelles a complètement perturbé non seulement la manière de faire de la politique, mais aussi ses résultats mêmes. Selon Ralph Rugoff, l’art n’a aucune force dans le domaine de la politique, mais les artistes peuvent, à travers leurs œuvres, remettre en question leurs propres frontières culturelles, en particulier grâce à la fonction ludique de l’œuvre d’art elle-même, “parce que c’est lorsque nous jouons que nous sommes le plus pleinement ”humains"".
Ralph Rugoff. Ph. Crédit Mark Atkin |
Milovan Farronato |
Selon Ralph Rugoff,"May You Live in Interesting Times “ comprendra sans aucun doute des œuvres d’art qui reflètent les aspects précaires de notre existence actuelle, notamment les nombreuses menaces qui pèsent sur les traditions, les institutions et les relations fondatrices de ”l’ordre d’après-guerre“. Cependant, nous reconnaissons d’emblée que l’art n’exerce pas ses forces dans le domaine de la politique. Par exemple, l’art ne peut pas arrêter la progression des mouvements nationalistes et des gouvernements autoritaires, ni alléger le sort tragique des réfugiés à travers la planète (dont le nombre s’élève aujourd’hui à près d’un pour cent de la population mondiale). Toutefois, de manière indirecte, l’art peut peut-être offrir un guide pour nous aider à vivre et à penser en ces ”temps intéressants". Par ces mots, le commissaire de la prochaine Biennale s’inscrit dans la droite ligne de ce qu’avait déjà déclaré la commissaire de la 57e édition, Christine Macel, selon laquelle, dans un monde bouleversé par les conflits, l’art est le témoignage de ce qui nous rend plus humains, le dernier bastion de la réflexion, de l’expression individuelle, de la liberté et de ce qui nous confronte à des questions fondamentales. L’art est donc le domaine privilégié des rêves et des utopies, un jardin où l’on peut continuer à cultiver les intérêts globaux contre l’individualisme et l’indifférence.
Roberto Cuoghi, Imitation du Christ (2017), le tunnel. Ph. Crédit Roberto Marossi. Avec l’aimable autorisation de Roberto Cuoghi |
Comme l’a également démontré la précédente documenta14, réalisée entre Kassel et la Grèce, l’art contemporain (ou plutôt: les artistes contemporains) se voit confier un rôle éthique et civique fondamental, qui est celui de la formation de l’individu dans la société contemporaine. Une tâche qui n’est pas facile, voire souvent excessivement exigeante: le risque, de la part des artistes, est de trop se concentrer sur ce qui est exigé par les commissaires des grandes expositions internationales (ces dernières visant presque toutes à remplir pleinement cette fonction éthico-politique) au point d’oublier, parfois, la valeur esthétique de l’œuvre d’art, et sa capacité de communication universelle. Certes, l’“art pour l’art” n’est plus guère possible: dès les années 30, en effet, Walter Benjamin, face aux nouveaux processus culturels et à la société de masse, avait dissous le modèle esthétisant de l’“art pour l’art”. Face aux nouveaux changements du monde contemporain, les artistes et les critiques d’art ont tenté à plusieurs reprises de proposer à nouveau un modèle moins axé sur la valeur sociale de l’œuvre et plus sur la valeur esthétique: dans les années 1980, par exemple, on a tenté de proposer à nouveau ce modèle en revenant à la figuration et aux techniques artistiques traditionnelles.
La Biennale de Venise |
L’impression que l’on a, en visitant les grandes expositions internationales de ces dernières années, est que celles-ci manquent parfois, dans leur approche de l’œuvre d’art, du plaisir que l’on prend à l’observer. Ce plaisir est l’un des noyaux fondamentaux qui donnent vie à l’œuvre d’art elle-même et ne peut être négligé, même lorsque des émotions-réactions fortes ou contrastées sont suscitées chez l’observateur. Dans son discours du 16 juillet lors de la présentation de la prochaine Biennale, Rugoff déclare: “En fin de compte, la Biennale Arte 2019 aspire à cet idéal: ce qui est le plus important dans une exposition n’est pas ce qui est exposé, mais comment le public peut ensuite utiliser l’expérience de l’exposition pour regarder la réalité quotidienne à partir de points de vue plus larges et avec une énergie nouvelle. Une exposition doit ouvrir les yeux des gens sur des manières inexplorées d’être dans le monde, et donc changer leur vision de ce monde”. C’est incontestablement vrai: une exposition (surtout internationale) a pour mission d’amener son public à réfléchir sur la réalité quotidienne sans perdre de vue ce qui est exposé. En effet, une exposition d’art présente avant tout des œuvres d’art, avant même les idées et les réflexions, car c’est à partir de l’objet d’art que s’opère la réflexion esthétique et éthique sur le monde qui entoure le public de l’exposition.
En attendant que Farronato nomme les artistes qui participeront au pavillon italien, nous souhaitons bon travail à tous ceux qui s’occupent du commissariat de cet important événement international, avec la certitude qu’ils sauront satisfaire les besoins de leurs visiteurs.
Avertissement : la traduction en français de l'article original italien a été réalisée à l'aide d'outils automatiques. Nous nous engageons à réviser tous les articles, mais nous ne garantissons pas l'absence totale d'inexactitudes dans la traduction dues au programme. Vous pouvez trouver l'original en cliquant sur le bouton ITA. Si vous trouvez une erreur,veuillez nous contacter.