La Biennale de Venise et le Pavillon italien sont les tests décisifs d’une crise de l’art contemporain qui dure depuis au moins dix à quinze ans. Comme je l’ai affirmé à plusieurs reprises ces dernières années, le système de l’art contemporain (marché et événements) repose sur quatre principes fondamentaux qui n’ont que faire de la qualité et du jugement sur le contenu (argent public, collecte, allègements fiscaux, publicité de niche). Par “qualité”, nous entendons la capacité d’aborder les questions les plus urgentes de notre époque, en rompant avec le siècle dernier et en évitant ainsi le langage dérivé et les poses nostalgiques. La citation du passé peut être présente, elle est peut-être même inévitable, mais elle doit devenir un pont pour aborder le présent et non un moyen de se replier sur le passé. Chaque année, les grands événements d’art contemporain deviennent les symptômes de cette crise que le système n’a pas à affronter et à résoudre.
Ce qui est intéressant, c’est que l’exposition internationale organisée par Cecilia Alemani à la Biennale de Venise et le pavillon italien de Gian Maria Tosatti sont deux symptômes extrêmement explicites. Le premier pas que le malade doit faire pour être guéri est précisément de reconnaître sa maladie à travers ses symptômes. La Biennale de Cecilia Alemani, fortement soutenue par des artistes modernes tels que Paula Rego, si on la lit à travers les œuvres produites au cours des dix dernières années, devient une exposition extrêmement conservatrice et réactionnaire, où l’élément surréaliste devient un “frisson bizarre” à procurer au visiteur d’un “parc d’attractions pour adultes”. Il est évident que les artistes ont choisi de se réfugier au-dessus du piédestal de l’œuvre pour ne pas avoir à affronter un présent qu’ils ne connaissent pas et, plus important encore, qu’ils n’ont pas à affronter.
Pour reprendre une définition que j’ai inventée en 2009, il s’agit d’un passage de l’Ikea évolué aux “Maisons du Monde”: les œuvres deviennent d’inoffensifs bibelots, d’agréables colifichets pour un colonialisme de retour. Mais la faute n’incombe pas à la commissaire Cecilia Alemani, et sur ce point il faut être très clair: la faute incombe à un menu national et international qui, au cours des vingt dernières années, n’a pas produit d’artistes de qualité, sauf dans une clé dérivée de l’art moderne et de l’art des années quatre-vingt-dix. Personne ne le dit parce qu’il n’y a que des initiés dans le public qui doivent entretenir de bonnes relations avec tout le monde pour ne pas perdre des opportunités d’emploi.
Un public véritable et passionné n’existe pas, comme le démontre l’histoire de Gian Maria Tosatti, la seule artiste du pavillon italien 2022. Il y a quelques mois encore, Tosatti était un artiste marginal sur la scène italienne et il a soudainement obtenu trois nominations importantes (artiste unique du Pavillon italien, directeur artistique de la Quadriennale di Roma, projet solo au Hangar Bicocca): une situation qui, en Italie, un pays où les concours publics sont difficiles à mener de manière transparente, n’est pas très agréable à voir. Dans une conférence de presse donnée quelques jours avant l’invasion de l’Ukraine sur ordre de Poutine, Tosatti a qualifié la guerre et la question ukrainienne de “conneries”, car le vrai problème est que l’homme doit évoluer (“Nous ne bougeons jamais: c’est la bataille, la guerre que nous avons perdue: nous n’évoluons pas”). Mais le nôtre n’explique pas en quoi consiste cette évolution, et nous parle d’une civilisation en déclin, alors que quiconque connaît l’histoire sait que nous ne vivons pas dans “le meilleur des mondes possibles”, mais certainement “le meilleur des mondes qui aient jamais existé” en termes de niveau de bien-être, de liberté et de santé. Mais bien sûr, le récit du déclin convient à une certaine rhétorique qui va jusqu’à citer Pier Paolo Pasolini qui, en 1975, aurait donné toute la Montedison pour avoir des lucioles.
Et c’est précisément une usine qui a fait faillite pendant Covid qui est le protagoniste du Pavillon italien de Gian Maria Tosatti. Il est dommage que sans l’aide sociale, à laquelle Montedison a également contribué, cette usine n’aurait peut-être jamais existé et que le Covid aurait causé des millions de morts. Tosatti veut à tout prix nous parler d’une “faillite industrielle” sans se rendre compte que son pavillon italien a été financé par le même système industriel qu’il qualifie lui-même de “faillite” (1,4 millions d’euros proviennent de Valentino, haute couture, et de Sanlorenzo, yachts de luxe) et 600.000 euros de l’Etat. C’est-à-dire par les mêmes citoyens qui doivent ensuite visiter, toujours en payant, ce même pavillon italien.
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