L’auteur estime depuis longtemps que le mantra grossier des “Italiens d’abord” est l’un des principaux facteurs qui polluent le débat politique actuel. Cette litanie démagogique et décousue prend toutefois des contours nettement plus déplaisants lorsqu’elle s’applique à la culture, un domaine qui est peut-être plus que tout autre éloigné de toute tentative d’élever des frontières ou des barrières. C’est ainsi que le Musée égyptien de Turin est visé par les grognements rustres de ceux qui n’ont pas vu d’un bon œil l’une des dernières initiatives de l’institut piémontais, qui a lancé début décembre 2017, pour la deuxième année, la campagne Fortunato chi parla arabo: une initiative qui durera jusqu’au 31 mars et qui prévoit la vente de deux billets au prix d’un pour les citoyens arabophones. Mais il ne s’agit pas seulement d’une réduction: la campagne prévoit des itinéraires, des visites en famille, des vidéoguides, des audioguides en arabe et un projet de médiation culturelle visant à “raconter les collections du musée à travers les voix des femmes de la communauté nord-africaine”, comme l’indique le site Web du Musée égyptien.
La bannière de la campagne Fortunato chi parla arabo |
En attendant, il est surprenant que l’ignorance des racistes “Italiens d’abord” revienne sur un sujet déjà attaqué il y a douze mois: de toute évidence, leurs dirigeants, en vue des prochaines élections, ont jugé avantageux de répéter les messages de l’année dernière, plus ou moins dans les mêmes termes, en donnant des nouvelles à leurs tourments respectifs de nationalistes aboyant sur Facebook, qui n’ont par ailleurs pas l’habitude de mettre les pieds dans les musées ou même simplement de parcourir leurs sites web, une opération que tout le monde peut faire. Si l’indigné au point d’exclamation facile avait posé son clavier un instant, s’était posé le problème de sortir de la logique de campagne pérenne qui caractérise les pages de ses idoles politiques inefficaces, et avait pris quelques minutes pour aller sur le site du musée égyptien, il se serait épargné des commentaires du style “tous les privilèges de ces touristes entretenus par les citoyens”, “nous payons et ils ont tous les droits, honte à eux”, “assez de ces conneries ! Les Italiens d’abord. Il ne s’agit pas de racisme, mais de bon sens. Comme cela se passe dans d’autres pays qui privilégient d’abord leurs propres habitants”, “à Turin, malheureusement, les Italiens sont devenus un fardeau”, “toutes les facilités et réductions dont bénéficient les citoyens non européens et qui sont refusées aux Italiens devraient être supprimées” (tous ces commentaires véridiques ont été trouvés en effectuant une simple recherche sur les réseaux sociaux). Et certains imbéciles auraient évité de lancer des exhortations racoleuses aux Italiens pour qu’ils boycottent le musée égyptien.
Si donc l’indigné moyen avait parcouru les pages du Musée égyptien, il aurait découvert que l’institution offre un large éventail de réductions même à ceux qui ne parlent pas l’arabe (puisque, bien sûr, le malaise de la plupart ne concerne que l’avantage économique accordé à ceux qui parlent couramment le plus commun des idiomes sémitiques): des réductions permanentes sont réservées aux enfants de 6 à 14 ans (1 €), aux jeunes de 15 à 18 ans (11 €), gratuites pour les enfants de moins de 5 ans, pour les personnes handicapées, pour les détenteurs de l’abonnement des Musei Torino Piemonte et de la Torino+Piemonte Card. Tout au long de l’année, le musée garantit également des promotions à d’autres catégories d’utilisateurs: la formule très décriée du “deux pour un” réservée aux citoyens des pays arabes a été accordée aux couples pour la Saint-Valentin, tandis que la gratuité a été étendue aux parents et à leurs enfants pour la fête des pères et la fête des mères, et des réductions ont également été offertes à ceux qui le jour de la “Partita del Cuore” (Match du cœur), se présentaient au musée avec un billet de stade, un prix réduit de seulement 5 euros pour les soirées du vendredi en juillet et août, le même prix à tarif unique pour la Nuit des chercheurs européens et, pour les vacances de Noël 2016, un billet gratuit pour une deuxième visite. Il s’agit là d’actions simples et généralisées de développement des publics (pour reprendre le terme même utilisé par le musée, qui est allé jusqu’à devoir justifier ses choix face au ressentiment cialtronesque des hurluberlus patriotes), visant à élargir le public et à resserrer les liens entre le musée et le territoire: et celle ciblée en ce moment est tout à fait compréhensible dans une province où l’on estime à trente mille le nombre de citoyens arabophones.
Une autre considération s’impose. Les fauteurs de troubles “italiens avant tout” (sauf en ce qui concerne la grammaire et l’orthographe, à en juger par leurs écrits) devraient se réjouir d’une telle initiative, eux qui ont l’habitude de critiquer les “immigrés qui ne s’intègrent pas à notre culture” (pour reprendre un autre de leurs slogans efficaces): une campagne ouvertement inclusive, visant à favoriser l’intégration en encourageant les citoyens arabophones à partager un patrimoine qu’il serait ridicule de considérer comme italien (en effet, ne voudrions-nous pas faire preuve d’un minimum de courtoisie à l’égard des pays d’où provient une grande partie de la collection du musée égyptien, en leur témoignant un peu d’appréciation?) et, comme le souligne le musée égyptien, de “faire de plus en plus partie de la communauté avec laquelle ils ont choisi de vivre et de partager l’avenir”.
Bien sûr, il est difficile de parler d’inclusion à un troglodyte livide qui n’a probablement jamais mis les pieds dans un musée mais qui propose à d’autres décérébrés comme lui de ne plus visiter le musée égyptien (qui sortirait intact même d’une campagne de boycott conséquente: il est impossible de perdre des visiteurs que l’on n’a déjà pas). Et il est également difficile de le convaincre que non seulement des initiatives similaires sont intelligentes et bonnes pour le musée et la culture, mais que leur extension à d’autres musées serait également souhaitable. On pourrait se limiter à lui faire remarquer que ces vaines et stériles polémiques démarrent déjà avec la minuterie préréglée (il faut répéter que les posts Facebook que l’on lit à ces heures sont à peu près les mêmes que ceux que l’on lit à l’occasion de la première édition de Fortunato qui parle arabe) et ont pour seul et misérable but d’arracher un vote instinctif dans l’isoloir électoral. Mais même une telle prise de conscience nécessite l’activation de quelques synapses: et c’est peut-être déjà trop pour ceux qui aboient contre une belle initiative simplement parce qu’ils ont lu les mots “musée”, “arabe” et “gratuit” dans la même phrase. Ou parce qu’ils ont été alimentés par une tribune en quête de votes.
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