Occidentalisme: comment les artistes de l'Est nous voient et voient notre histoire de l'art


On parle souvent d'orientalisme dans l'art occidental, mais il existe aussi (bien que moins connu de nous pour des raisons évidentes de proximité) un occidentalisme dans l'art oriental: c'est le regard que les artistes chinois et japonais portent sur nous et sur notre histoire de l'art.

Les grands voyages des explorateurs occidentaux et les colonisations qui s’ensuivirent dans les zones géographiques les plus reculées et inconnues ont finalement ouvert la voie à ce que nous appelons encore aujourd’hui l’orientalisme ou l’exotisme.

Né du commerce et des échanges entre les nations, liés surtout à l’importation de tissus précieux, d’objets et d’épices, l’orientalisme représente à la fois un lien important dans les relations entre pays dominants et civilisations longtemps restées inconnues, et une occasion de mélange et de variation des styles et des cultures, surtout pour les réalités les plus évoluées comme, par exemple, la Chine et le Japon.



L’ensemble fondamental de nouvelles contenues dans Les Mille et une nuits, écrites en arabe mais probablement d’origine indo-persane, connu dès le XVIIIe siècle dans le monde occidental, grâce à la traduction française d’Antoine Galland, a provoqué une véritable ivresse esthétique à l’époque napoléonienne (style Empire avec les campagnes en Syrie et en Égypte), puis à l’époque victorienne (la reine Victoria était également souveraine des Indes), et en Russie entre 1840 et 1860.

Il ne s’agit donc pas seulement d’une question de suprématie, si l’on pense que déjà, à l’époque romaine, l’Égypte et Israël étaient des provinces de l’empire, ni seulement d’une affaire liée alors aux relations entre différentes croyances religieuses, celle entre la religion judéo-chrétienne et l’islam: il s’agit de tout cela et même plus.

Pour l’Occident, l’Orient est l’autre, objet souvent de discriminations, quand ce n’est pas de persécutions, et en tout cas l’expression des différences culturelles les plus profondes et encore aujourd’hui d’analyses complexes, avec des hauts et des bas.Si l’on pense au Marchand de Venise de William Shakespeare, d’une vague, mais pas tant que cela, saveur antisémite, et la fascination, au contraire, d’un artiste comme Rembrandt pour la culture et la tradition juives, l’Orient est l’autre, l’objet, souvent, de discriminations, quand ce n’est pas de persécutions, et, en tout cas, l’expression des différences culturelles les plus profondes et, aujourd’hui encore, d’analyses complexes, avec des hauts et des bas d’ordre politique, sociologique, individuel.

La littérature, les arts figuratifs, les costumes et les décorations d’intérieur, la nourriture, tout y passe, entraînant une fascination qui ne sera complétée que plus tard par de nouvelles connaissances.

Il est néanmoins amusant, des décennies plus tard, de redécouvrir la reconstitution fantasmagorique de lieux et de costumes dans les films américains des colosses les plus célèbres (voir Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz, qui remporta plusieurs Oscars, même pour ses costumes, avec une Liz Taylor douteuse sous les traits de la reine égyptienne, ou la figure du marchand de chevaux arabes dans le film Ben Hur, un personnage-acteur qui incarne le stéréotype rusé et cupide de l’Arabe).

Dans l’art, le phénomène est largement développé et décrit, par exemple, dans le “ruinisme” (les ruines italiennes et orientales des premières découvertes archéologiques), la passion pour les paysages avec des ponts et des temples, ou la vision de l’Orient chez un grand artiste comme Delacroix.

La mode et la musique ne sont certainement pas exemptes de citations et de suggestions, de la Marche turque de Mozart aux pantalons “à la turque” de Paul Poiret, le brillant tailleur français.

Il est plus complexe, en revanche, de parler de son contraire: l’Orientalisme, l’essai d’Edward Said, écrivain américain d’origine palestinienne, tente d’explorer les relations entre l’Europe et l’Orient.

Mais on ne peut pas ne pas mentionner L’Empire des signes, récit passionnant d’un voyage au Japon, écrit par Roland Barthes, une immersion dans la réalité d’une nation qui oscille entre l’ancien et le moderne, inextricablement liée à ses traditions.

Comment l’Orient se présente-t-il à l’Occident ?

L’exposition de l’artiste chinois Chen Zhen au Hangar Bicocca de Milan peut être l’occasion d’une réflexion.

Sa longue expérience de vie et de travail à Paris, par exemple, ses fréquentations à New York et à Londres, offrent le droit à cette analyse. La relation historique entre la nature et la culture, le monde contemplatif et la société de consommation de masse, font partie de la sensibilité de cet artiste qui a été l’un des premiers à démontrer la coexistence des deux mondes. Ses installations expriment un riche éventail d’idées dans une longue séquence d’œuvres, principalement des installations.

Des objetsprêts à l’emploi et des parties d’objets désaffectés, immergés dans l’eau, y compris de vieux livres d’essais et de romans, comme des reliques “endormies” de la civilisation, peuplent son monde. Parmi les vieilles calculatrices et les bouliers, les voitures poussiéreuses, les bureaux cassés, les chaises, les tabourets et les bouteilles, ils apparaissent comme dans un “jour d’après” poétique suspendu dans le temps et l’espace, avec de nettes réminiscences duchampiennes, dans une atmosphère que l’artiste lui-même définit comme “trans-continentale”, c’est à dire qu’elle n’est pas seulement le fruit d’un travail de recherche.L’artiste définit lui-même cette atmosphère comme “trans-continentale”, entre expériences passées et récentes, entre Orient et Occident, comme Cristal Landscape of Inner Body, de 2000, onze organes humains en cristal reposant sur un plan, qui semble symboliser la mort. L’architecture de la poétique de Chen Zhen peut être trouvée dans les expériences occidentales, européennes et autres, des années 1960 et 1970, dans la révolution culturelle qui traverse l’Occident et qui est animée par des matériaux mis au rebut et généralement pauvres.

Chen Zhen, Cristal Landscape of Inner Body (2000 ; cristal, fer, verre, 95 x 70 x 190 cm)
Chen Zhen, Cristal Landscape of Inner Body (2000 ; cristal, fer, verre, 95 x 70 x 190 cm)


Feng Zhengjie, Chinese Portrait P Series 2006 No. 2 (2006 ; huile sur toile, 300 x 400 cm)
Feng Zhengjie, Chinese Portrait P Series 2006 No. 2 (2006 ; huile sur toile, 300 x 400 cm)


Shi Xinning, Exposition rétrospective de Duchamp en Chine (2000-2001 ; huile sur toile, 100 x 100 cm)
Shi Xinning, Exposition rétrospective de Duchamp en Chine (2000-2001 ; huile sur toile, 100 x 100 cm)


Shi Xinning, Le temple du ciel de Christo (2001 ; huile sur toile, 200,7 x 170,2 cm)
Shi Xinning, Le temple du ciel de Christo (2001 ; huile sur toile, 200,7 x 170,2 cm)


Eric Fischl, Birthday boy (1983 ; huile sur toile, 214 x 214 cm ; Reggio Emilia, Collezione Maramotti)
Eric Fischl, Birthday boy (1983 ; huile sur toile, 214 x 214 cm ; Reggio Emilia, Collezione Maramotti)


Wang Xingwei, La décadence et le vide du capitalisme n° 2 (2000 ; huile sur toile, 170 x 240 cm)
Wang Xingwei, The Decadence and Emptiness of Capitalism no. 2 (2000 ; huile sur toile, 170 x 240 cm ; Galerie Urs Meile)

Bien des années auparavant, après la Seconde Guerre mondiale, un groupe d’artistes japonais avait été identifié par le critique français Michel Tapié. Il s’agissait du groupe Gutai, qui menait une recherche à trois cent soixante degrés entre la performance, l’installation et la peinture, recherche qui coïncidait, dans de nombreux cas, avec celle d’artistes européens et non européens. L’informalisme, l’expressionnisme abstrait ou l’action painting, l’une des premières formes de mondialisation culturelle qui a rapproché l’Est et l’Ouest de manière positive.

La première “vague” d’un groupe, et non d’un mouvement, d’artistes chinois, vue dans une édition lointaine de la Biennale de Venise, sous le commissariat de Harald Szeemann, les a présentés dans les sculptures et les peintures d’une génération de jeunes gens qui ont fait l’objet de l’attention des galeristes et de diverses institutions.

Dans l’exposition de Lorenzo Sassoli De Bianchi que j’ai organisée à Bologne en 2005, intitulée Chine - Peinture contemporaine, certains d’entre eux étaient présents, et je parle par exemple de Feng Zhengjie, avec ses visages de jeunes filles affectés par une sorte de strabisme, algides et langoureux.

Shi Xinning représente une scène hagiographique typique de Mao avec son petit bâton et derrière lui le Temple du Ciel de Christo Chiristo, ou celle de Mao observant la célèbre œuvre de Duchamp, l’urinoir, dans la rétrospective Duchamp.urinoir de Duchamp dans la rétrospective Duchamp, sans parler de la citation éhontée du tableau d’Eric Fischl de 1983, Birthday Boy , dans The Decency and Emptiness of Capitalism 2 de Wang Xingwei, ou d’autres citations de l’histoire de l’art, par Zhou Tiehai, dans lesquelles les protagonistes ont une tête de chameau. Mais pourquoi une tête de chameau? Réponse de l’artiste: les Chinois appellent les Occidentaux “longs nez”, tandis que nous, Occidentaux, leur parlons d’“yeux en amande”.

Bref, une réinterprétation pop de l’histoire de l’art occidental.

Le regard esthétique d’un artiste comme Ai Weiwei, artiste, designer, architecte, activiste, qui a travaillé à New York pendant la majeure partie de sa carrière et dont les premières œuvres comprennent un profil du visage de Duchamp réalisé à partir d’un cintre, Profile of Marcel Duchamp, 1985, est tout à fait différent.

Ian Buruma et Avishai Margalit ont écrit l’essai Occidentalism, publié chez Einaudi en 2004, dans lequel, entre autres, leur thèse contredit le choc des civilisations et des mondes différents et, en même temps, définit la haine comme quelque chose qui naît de l’intérieur et se développe ensuite dans l’autre, dans le différent.

L’artiste iranienne Shirin Fakhim, dans sa série Téhéran Prostituées, crée huit poupées grandeur nature, dont l’une “attend un client”, avec des bottes S&M et le logo du lapin Playboy sur son slip.

Plus qu’une sculpture, il s’agit d’un objet conçu comme une installation, celle qui, dans les années 1960, a fait connaître au monde entier la figure de l’un des artistes les plus intéressants de l’histoire récente: le Coréen Nam June Paik, qui oscille entre la peinture, le collage, l’installation, la performance et bien d’autres choses encore. Célèbres sont ses bouddhas regardant un téléviseur, avec des relations dialectiques continues entre deux cultures et une forte inclination pour l’utilisation de ce qui était, à l’époque, les nouvelles technologies, sans parler de ses hommages à l’Allemand Joseph Beuys.

On ne peut manquer de mentionner l’épopée à vélo de l’artiste japonais Hidetoshi Nagasawa qui l’a conduit à la rencontre de l’Occident, y compris de l’Italie, fidèle à ce minimalisme et à l’utilisation de matériaux naturels si chers aux représentants de l’Arte Povera.

On peut comparer une artiste comme Cindy Sherman et ses métamorphoses en personnages de l’histoire et du monde contemporain, selon un transformisme idéologique et à contre-courant, avec le travestissement de l’artiste japonais Yasumasa Morimura, connu surtout dans les années 1980 et 1990, qui interprète, en se transformant, des figures symboliques comme Marilyn Monroe et Marcel Duchamp en vêtements féminins, et cite des œuvres d’art du passé, le plus souvent des auteurs faisant autorité et des auteurs populaires, ainsi que l’art du passé.Les œuvres d’art du passé, principalement des autoportraits, (pensez à ceux de Van Gogh ou de Frida Kahlo) selon une logique de mimétisme d’une fidélité impressionnante.

Ce sont là quelques-uns des exemples les plus évidents de ce nomadisme culturel qui rencontre, dans les arts visuels, une imbrication intéressante et aliénante, et qui place dans l’art contemporain un espace conceptuel et, pourquoi pas, un espace de liberté, de liberté et de liberté. Oscillant profondément entre pop et spiritualité.

Ai Weiwei, Homme suspendu (Duchamp) (1985 ; portemanteau, 39 x 28 cm)
Ai Weiwei, Homme pendu (Duchamp) (1985 ; portemanteau, 39 x 28 cm)


Nam June Paik, TV Buddha (1974 ; installation vidéo et statue de Bouddha du 18e siècle ; Amsterdam, Stedelijk Museum)
Nam June Paik, TV Buddha (1974 ; installation vidéo et statue de Bouddha du 18e siècle ; Amsterdam, Stedelijk Museum)


Nam June Paik, Hommage à Joseph Beuys (1989 ; techniques mixtes, 202 x 166 cm)
Nam June Paik, Hommage à Joseph Beuys (1989 ; techniques mixtes, 202 x 166 cm)


Hidetoshi Nagasawa, Seven Rings (2015 ; marbre de Carrare et bois, 460 x 70 cm)
Hidetoshi Nagasawa, Seven Rings (2015 ; marbre de Carrare et bois, 460 x 70 cm)


Yasumasa Morimura, Dialogue intérieur avec Frida Kahlo (anneau de crâne) (2001 ; photographie couleur, 149,9 x 120 cm)
Yasumasa Morimura, Un dialogue intérieur avec Frida Kahlo (anneau de crâne) (2001 ; photographie couleur, 149,9 x 120 cm)


Yasumasa Morimura, Doublonnage (Marcel) (1988 ; photographie couleur, 150 x 120 cm)
Yasumasa Morimura, Doublonnage (Marcel) (1988 ; photographie couleur, 150 x 120 cm)


Yasumasa Morimura, Autoportraits à travers l'histoire de l'art (Van Gogh / Bleu) (2016 ; photographie couleur, 25,7 x 18,4 cm).
Yasumasa Morimura, Autoportraits à travers l’histoire de l’art (Van Gogh / Bleu) (2016 ; photographie couleur, 25,7 x 18,4 cm)


Yasumasa Morimura, Autoportraits à travers l'histoire de l'art (Van Eyck au turban rouge) (2016 ; photographie couleur, 25,7 x 18,4 cm).
Yasumasa Morimura, Autoportraits à travers l’histoire de l’art (Van Eyck au turban rouge) (2016 ; photographie couleur, 25,7 x 18,4 cm)


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