À l’intérieur du baptistère de Pad oue se trouve l’un des chefs-d’œuvre de la peinture padouane de la seconde moitié du XIVe siècle. La réalisation de la décoration picturale de l’édifice sacré a été confiée au peintre florentin Giusto de’ Menabuoi, arrivé dans la ville vénitienne vers 1370. Il se forme à Florence dans le milieu de Maso di Banco, mais vers le milieu du siècle, il commence à travailler à Milan chez Visconti, entrant ainsi en contact avec l’œuvre des peintres giottesques lombards, influencés par Giovanni da Milano. La commande lui fut confiée par Fina Buzzaccarina, épouse de Francesco da Carrara il Vecchio, seigneur de Padoue de 1350 à 1380 et personnage de grande importance pour la culture à Padoue: il était en effet un ami de Pétrarque, qui vint pour la première fois dans la ville en 1349, et c’est lui qui donna au poète le terrain sur lequel fut construite la maison dans laquelle il se retira à Arquà. Il s’agit de l’amitié culturelle la plus importante de Francesco il Vecchio, mais il entretenait des relations avec tous les principaux hommes de culture de Padoue à l’époque. Fina Buzzaccarina laisse le souvenir d’une femme cultivée et raffinée, et la commande du baptistère de Padoue montre également qu’elle était une femme consciente de sa position et de son prestige social.
La famille Da Carrara a joué un rôle fondamental dans le développement culturel et artistique de la ville vénitienne. Pour cet édifice sacré qui, avec la cathédrale, donne sur l’actuelle Piazza del Duomo, Fina avait l’intention d’en faire un lieu de pouvoir pour la famille, en commandant, outre la décoration picturale, la création d’un tombeau pour elle-même et son mari, sculpté par Andriolo de’ Santi à l’époque près de l’entrée, de sorte que tout le monde devait passer en dessous pour accéder à l’espace sacré.
Actuellement, on entre dans le baptistère par un portique, construit après l’achèvement des fresques. Avec la présence de ces tombes, en plus de sa fonction liturgique traditionnelle, le baptistère a également servi de mausolée à la famille Carrarese. Si l’on considère que la mort de Fina Buzzaccarina a eu lieu en 1378, la réalisation de ces fresques se situe entre 1375 et 1376, puisqu’elles ont été achevées avant la mort de l’épouse du seigneur de Padoue. Dans son testament, en effet, Fina a donné une description minutieuse de ses biens et des dispositions précises concernant l’ameublement du baptistère, mais il n’y a aucune mention des questions relatives à la décoration picturale. On peut donc supposer que le chantier de Justus était déjà terminé au moment de la mort de Fina.
Les fresques du baptistère de Padoue sont l’un des chefs-d’œuvre de la seconde moitié du XIVe siècle italien. Si l’on ne sait pas encore ce que l’on va trouver à l’intérieur du baptistère, une fois que l’on y est entré, on est envahi par un sentiment de crainte, et même si l’on connaît déjà le cycle pictural conservé par cette architecture, l ’émerveillement qu’elle inspire est grand. La surface intérieure est entièrement recouverte de fresques. Sur les murs sont représentées les histoires de Marie, du Christ et de saint Jean-Baptiste. Sur le mur est se trouve un petit chœur, entièrement décoré de quarante-trois épisodes de l’Apocalypse: il convient de noter que les scènes sont placées dans des cases numérotées en progression afin de pouvoir identifier plus facilement l’ordre correct de lecture. L’Apocalypse est une série d’une grande ampleur, qui n’est égalée par aucune autre peinture murale de l’époque médiévale. Dans les quatre pendentifs, les quatre évangélistes sont représentés avec leurs symboles respectifs à leurs pieds, ainsi que les armoiries de François l’Ancien ; à côté des évangélistes se trouvent deux prophètes dans deux armoiries de Carrare. Trente-trois épisodes du livre de la Genèse se déroulent dans le tambour: l’iconographie est renforcée par dix-sept passages bibliques en latin. Ces scènes trouvent une comparaison fructueuse avec le cycle de l’Ancien Testament de la basilique Saint-Marc de Venise.
Dans la coupole, Justus peint le Paradis. Au centre, inscrit dans l’iris céleste, se trouve le Christ Pantocrator entouré de Séraphins. La figure du Christ s’étend dans l’espace disponible avec sa masse ferme, l’occupant en grande partie: de sa main droite, il fait le geste de la bénédiction, tandis que de sa main gauche, il tient le livre des Saintes Écritures qui contient un passage du dernier livre de l’Apocalypse. À l’extérieur, cinq cercles concentriques se succèdent: les deux premiers sont constitués de chœurs angéliques, tandis que les trois suivants sont formés par des saints, identifiables soit par leurs attributs, soit par un parchemin entre leurs mains. Le groupe d’anges le plus éloigné est caractérisé par un vaste répertoire d’instruments de musique de l’époque. La série des anges et des saints est interrompue par la figure de la Vierge enfermée dans la mandorle dorée, placée sous le buste du Fils. La Vierge porte la couronne et reprend la pose de l’Orante de l’Antiquité tardive. Ce cycle iconographique se concentre sur l’histoire du salut, soulignée par le choix d’aligner le Christ Pantocrator, la Vierge, la Création, la Crucifixion, l’Ascension, l’autel et l’Apocalypse. Le Paradis de Justus est une image hypnotique, dans laquelle le peintre combine une représentation liée à l’hiératisme des images orientales avec un colorisme moderne saisissant. L’utilisation de lacouleur est l’un des aspects les plus fascinants de ce peintre, qui préfère utiliser des couleurs douces qui sont accentuées près des zones de clair-obscur. C’est principalement grâce à l’utilisation graduelle de la lumière qu’il parvient à obtenir ces résultats coloristiques d’une grande luminosité.
Observer cette voûte peinte, c’est comme plonger dans un kaléidoscope. Il ne faut pas se laisser tromper par le hiératisme des poses du Christ et de la Vierge, car l’un des aspects particuliers de la peinture de Giusto est également présent dans cette représentation, à savoir la représentation selon la perspectiva naturalis. À partir de Giotto, il s’agit de l’un des principaux champs d’affrontement de la peinture du XIVe siècle, et Giusto réussit ici à obtenir des résultats remarquables. Les récits de l’Ancien Testament concernant Isaac constituent l’une des œuvres dans lesquelles cette capacité est la mieux appréciée. Dans les deux scènes qui se déroulent dans la chambre d’Abraham, une armoire est représentée: dans la première, les portes sont fermées, tandis que dans la seconde, elles sont entrouvertes, ce qui nous permet de voir qu’un verre et une bouteille ont été placés sur les étagères à l’intérieur après le repas, avec un effet de trompe-l’œil. Cette œuvre semble être un exercice de style de la part du peintre, qui souhaite faire écho aux choretti en perspective représentés par Giotto dans la chapelle Scrovegni et, plus tard, par Taddeo Gaddi dans la chapelle Baroncelli de la basilique de Santa Croce à Florence.
En outre, Giusto franchit une étape supplémentaire: c’est avec la représentation de ces meubles que le point de vue de la scène est établi. Précisément en vertu de la perspectiva naturalis, la taille des saints et des anges dans la voûte diminue, suivant la profondeur de la coupole. Les espaces dans lesquels sont représentés les évangélistes sont également raccourcis du bas vers le haut. Dans certaines scènes, comme l’Annonciation, Giusto démontre généreusement l’étude qu’il fait des proportions des figures, qui possèdent une volumétrie solide et sont distribuées dans l’espace selon une conscience de la perspective, en trouvant une synthèse efficace entre la forme et la couleur. Parfois, les figures de ce peintre peuvent sembler presque simplifiées dans leur représentation, mais la qualité de sa peinture est toujours très élevée. Par exemple, dans la Naissance de saint Jean-Baptiste, Giusto représente Fina et ses filles, les caractérisant par des robes et des coiffes très élégantes. Ce n’est pas la seule image de la dame carraraise dans cet espace sacré: elle est également représentée dans la lunette de l’arcosolium où se trouvait son tombeau. Fina est incluse dans la représentation de la Vierge trônant avec les saints. La présence de Fina et de ses filles se retrouve également dans d’autres épisodes de l’histoire, mais pas seulement: les talents de portraitiste de Giusto ont imprimé l’image de Pétrarque sur la surface du baptistère.
Le peintre accorde une grande attention au rapport entre l’architecture réelle et l’espace peint, abordant la question de manière systématique: le résultat est la création d’une relation organique entre les deux aspects. Les cadres des scènes sont modulés par la lumière selon l’effet que le peintre souhaite leur donner en fonction de la concavité du mur, alternant les zones de lumière et de clair-obscur.
L’attention portée à ces aspects optiques et spatiaux peut avoir été soutenue par l’environnement culturel dans lequel Giusto a travaillé: en effet, de nombreuses réalisations scientifiques impliquant le Studio Padovano ont eu lieu à cette époque. Bien que postérieurs aux travaux de Giusto dans le baptistère, il est important de mentionner qu’entre 1382 et 1385, Biagio Pelacani da Parma, dont les enseignements seront également importants pour Filippo Brunelleschi, enseigne à Padoue. Pour cet espace sacré, Giusto a également réalisé un polyptyque représentant la Vierge à l’Enfant avec des Histoires de la vie de saint Jean-Baptiste, des Histoires de la vie du Christ, des Saints et des Docteurs de l’Église.
En général, l’état de conservation de ces fresques est bon, bien que les infiltrations d’eau aient créé plusieurs problèmes au fil du temps, endommageant la peinture. La première restauration remonte à 1806, lorsque Antonio Ranieri Buzzaccarini demanda à Luca Brida de restaurer une situation très compromise, car des fissures dans la maçonnerie avaient permis à l’eau de s’infiltrer pendant longtemps, provoquant un soulèvement et un abaissement de la surface de la peinture. Son intervention a consisté à repeindre lourdement et à utiliser de la cire pour recompacter la couleur. À la fin du XIXe siècle, la nécessité d’une nouvelle intervention a été mise en avant, mais elle n’a pas été réalisée immédiatement. Après la Première Guerre mondiale, les fresques les plus endommagées ont été enlevées et replacées en 1933. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le 22 mars 1944 plus précisément, la cathédrale de Padoue a été bombardée et le baptistère a également été endommagé.
En 1947, Mauro Pelliccioli a été chargé de restaurer les dégâts. À cette occasion, il a été confirmé que la principale cause de détérioration était l’infiltration d’humidité. Des solutions ont été recherchées pour remédier au problème de l’humidité: en 1963, une feuille de plomb a été insérée dans le mur pour contrer les remontées capillaires. Avec l’intervention de Tintori, Rosa et Del Serra, certaines fresques ont été enlevées. De 1973 à 1984, le baptistère a fait l’objet d’une importante campagne de restauration: entre autres interventions, les lourdes peintures du début du XIXe siècle ont été enlevées et les fresques représentant la Cène et le Christ parmi les docteurs ont été détachées. Une nouvelle campagne de diagnostic en 2013 a permis de contrôler l’état de conservation du cycle pictural. La restauration de 2022 a permis de retrouver la splendeur de ces fresques qui, à partir de 2021, feront partie du site Unesco Padua Urbs Picta-Giotto, la chapelle Scrovegni et les cycles picturaux du XIVe siècle.
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