Dix choses à savoir sur Tracey Emin


Dix choses à savoir sur Tracey Emin, l'importante Young British Artists, une voix féminine significative dans l'art contemporain, protagoniste de l'exposition au Palazzo Strozzi jusqu'au 20 juillet 2025.

Tracey Emin est sans aucun doute l’une des artistes les plus influentes et les plus controversées de la scène contemporaine, capable de transformer sa vie en art avec un langage brut, direct et profondément émotionnel. Née en 1963 à Croydon, en Angleterre, et élevée dans la ville côtière de Margate, Tracey Emin a su canaliser ses expériences personnelles - souvent douloureuses - dans des œuvres allant de la peinture à la sculpture, en passant par les installations, la vidéo et le néon. Nombre d’entre elles sont exposées dans le cadre de l’exposition Tracey Emin. Sex and solitude, à Florence, Palazzo Strozzi, du 16 mars au 20 juillet 2025, la plus grande exposition jamais organisée en Italie sur l’artiste.

Sa pratique artistique est intrinsèquement autobiographique: des thèmes tels que le corps, la sexualité, l’amour, la solitude et le traumatisme émergent fortement dans toutes ses œuvres. Emin ne se contente pas de représenter des événements spécifiques de sa vie, mais transforme des émotions universelles telles que la passion et la mélancolie en puissantes métaphores visuelles. La carrière de Tracey Emin est jalonnée d’œuvres célèbres qui ont marqué l’art de ces dernières années. Des broderies intimes aux sculptures monumentales en bronze, en passant par l’utilisation du néon pour des phrases qui imitent son écriture, chaque pièce raconte une histoire personnelle qui devient universelle. Emin a également été une figure centrale du mouvement des Young British Artists (YBA), se distinguant par son approche innovante et provocatrice. Dans un dialogue constant entre vulnérabilité et force, son art explore les limites de la figuration et de l’abstraction, en s’inspirant de maîtres tels qu’Edvard Munch et Egon Schiele.

Voici dix choses à savoir sur Tracey Emin pour mieux comprendre son univers artistique.

Tracey Emin (2025). Photo : Ludovica Arcero
Tracey Emin (2025). Photo : Ludovica Arcero

1. Tracey Emin a eu une enfance mouvementée

Tracey Karima Emin est né le 13 juillet 1963 à Croydon d’un père chypriote turc et d’une mère anglaise d’origine rom, un groupe de Roms qui s’est installé au Royaume-Uni à partir du XVIe siècle. Il a grandi à Margate, une ville côtière du Kent, où son enfance a été marquée par des difficultés économiques et des traumatismes personnels. Margate, avec ses plages balayées par le vent et son charme décadent, a laissé une impression indélébile sur l’imagination de l’artiste. À l’âge de treize ans, il subit une expérience de violence sexuelle qui influencera profondément son art. Cet événement traumatique devient l’une des clés d’interprétation de sa production artistique : le corps féminin, blessé mais résistant, apparaît comme un thème central dans ses œuvres.

À l’âge de quinze ans, Tracey s’est enfuie de chez elle, entamant une vie marquée par la rébellion et l’autodétermination. Cette fugue représente non seulement une rupture avec le milieu familial , mais aussi un premier pas vers la construction de sa propre identité artistique. Margate reste néanmoins un lieu symbolique pour Emin : des années plus tard, il y reviendra pour ouvrir les TKE Studios, un espace dédié aux artistes émergents. Ce lien profond avec ses racines montre à quel point son enfance turbulente a été une source de souffrance mais aussi d’inspiration créatrice.

Tracey Emin, I Followed You To The End (2024 ; bronze patiné, 260 × 690 × 393 cm ; Wassenaar, Museum Voorlinden)
Tracey Emin, I Followed You To The End (2024 ; bronze patiné, 260 × 690 × 393 cm ; Wassenaar, Museum Voorlinden)

2. Sa formation artistique est très riche

La formation artistique de Tracey Emin se caractérise par un parcours non linéaire mais extrêmement riche en expériences. Après avoir d’abord étudié la mode au Medway College of Design, elle abandonne ce domaine pour se consacrer aux arts visuels à la Sir John Cass School of Art. Elle obtient ensuite un diplôme en beaux-arts au Maidstone College of Art et poursuit ses études au prestigieux Royal College of Art de Londres, où elle se spécialise dans la peinture en 1989 avec une thèse consacrée à son idole Edvard Munch.

Cependant, la carrière de peintre d’Emin s’arrête brutalement dans les années 1990 en raison de deux fausses couches traumatisantes qui marquent profondément sa vie personnelle et artistique. L’artiste décide alors de détruire la plupart de ses peintures antérieures et abandonne temporairement ce médium pour explorer d’autres formes d’expression telles que la broderie, les installations et les vidéos. Cette phase représente un moment crucial dans son évolution créative : l’abandon de la peinture n’est pas un renoncement définitif mais plutôt une pause nécessaire pour retravailler son langage artistique.

Durant cette période, Emin réalise des œuvres emblématiques comme Everyone I Have Ever Slept With 1963-1995, un rideau brodé des noms des personnes avec lesquelles il a partagé son lit (au sens propre comme au sens figuré). Cette œuvre marque le début de sa renommée internationale et montre comment l’artiste est capable de transformer des expériences intimes en déclarations artistiques puissantes.

Tracey Emin Naked Photos - Life Model Goes Mad I (1996 ; giclée sur papier coton, 53,5 × 53 cm). Avec l'autorisation de l'artiste © Tracey Emin. Tous droits réservés, DACS 2025. Photo © White Cube (Theo Christelis)
Tracey Emin, Naked Photos - Life Model Goes Mad I (1996 ; giclée sur papier coton, 53,5 × 53 cm). Avec l’autorisation de l’artiste © Tracey Emin. Tous droits réservés, DACS 2025. Photo © White Cube (Theo Christelis)

3. Son premier chef-d’œuvre est Everyone I Have Ever Slept With 1963-1995 (Tous ceux avec qui j’ai couché).

Everyone I Have Ever Slept With 1963-1995 est l’une des créations les plus discutées et les plus importantes de Tracey Emin, une œuvre qui incarne son esthétique autobiographique et sa capacité à transformer l’ intimité personnelle en art. Créée en 1995, l’œuvre consiste en une tente de camping bleue, achetée dans un magasin militaire, sur laquelle Emin a cousu avec la technique de l’appliqué les noms de toutes les personnes avec lesquelles il a partagé un lit depuis sa naissance jusqu’à ce moment-là. Il est important de noter que le titre de l’œuvre est souvent mal compris : “slept with” ne se réfère pas exclusivement aux relations sexuelles, mais inclut toute personne qui a simplement dormi dans le même lit qu’elle, y compris la famille, les amis et les amants.

La tente est donc devenue un lieu symbolique, une sorte de sanctuaire intime contenant les souvenirs et les relations de l’artiste. Les noms ont été cousus avec des fils de différentes couleurs, créant un patchwork visuel qui reflète la complexité et la variété de ses expériences. L’intérieur de la tente était éclairé, invitant le spectateur à entrer physiquement dans l’espace et à s’engager dans l’histoire personnelle d’Emin. L’œuvre soulève des questions sur le concept d’intimité, la sexualité féminine et la relation entre l’art et la vie.

Le choix d’une tente de camping n’était pas fortuit : la tente est un lieu de refuge temporaire, un abri contre la réalité extérieure. De même, l’œuvre d’Emin offre un regard intime sur sa vie, révélant sa vulnérabilité et sa fragilité. La tente évoque également l’idée de nomadisme et de voyage, suggérant un parcours existentiel en constante évolution.

Malheureusement, Everyone I Have Ever Slept With 1963-1995 a été détruite dans un incendie en 2004, lorsqu’un entrepôt de Londres où elle était stockée a pris feu. La perte de l’œuvre a été un coup dur pour Emin, qui considérait la tente comme une pièce fondamentale de son histoire personnelle et artistique. Malgré sa destruction, et bien qu’Emin ait déclaré à plusieurs reprises qu’elle n’avait pas l’intention de la refaire, l’œuvre continue de vivre dans l’imaginaire collectif comme un symbole de son art.

Tracey Emin, Everyone I Have Ever Slept With 1963-1995 (1995 ; installation). Détruite en 2004
Tracey Emin, Everyone I Have Ever Slept With 1963-1995 (1995 ; installation). Détruite en 2004

4. My Bed : le lit de Tracey Emin devient l’œuvre de sa consécration

En 1998, Tracey Emin a présenté My Bed, peut-être l’œuvre la plus célèbre de sa carrière. Il s’agit d’une représentation non filtrée du lit de l’artiste pendant une période particulièrement difficile de sa vie, caractérisée par la dépression et l’abus d’alcool. L’œuvre comprend des draps tachés, des bouteilles vides, des paquets de cigarettes et des objets personnels tels que des sous-vêtements sales - des détails qui racontent une histoire de vulnérabilité humaine avec une sincérité désarmante. Exposée à la Tate Gallery en 1999 en tant que candidate au prix Turner, My Bed a suscité des réactions mitigées : d’une part, elle a été saluée pour son authenticité émotionnelle ; d’autre part, elle a été critiquée par ceux qui ne la considéraient pas comme de l’“art”. Malgré la controverse, l’œuvre consacre Tracey Emin comme l’une des voix les plus originales de l’art contemporain.

Cependant, My Bed n’est pas seulement une œuvre autobiographique : c’est aussi une réflexion universelle sur la condition humaine. Le lit devient une métaphore de l’endroit où se déroulent les moments cruciaux de la vie - la naissance, la mort, l’amour et la souffrance - et devient un symbole puissant de l’existence elle-même.

Tracey Emin, My Bed (1998 ; matelas, draps, oreillers, cordes, objets, 79 x 211 x 234 cm)
Tracey Emin, My Bed (1998 ; matelas, draps, oreillers, cordes, objets, 79 x 211 x 234 cm)

5. Tracey Emin utilise souvent le néon dans sa pratique

L’un des éléments distinctifs de la pratique artistique de Tracey Emin est l’utilisation du néon pour créer des œuvres textuelles qui reproduisent son écriture. Ce médium lui permet de transformer des pensées intimes en déclarations visuelles puissantes et évocatrices. Les phrases en néon sont souvent courtes mais chargées de sens émotionnel : I Never Stopped Loving You de 2010, dédiée à la ville de Margate, ou Those Who Suffer LOVE de 2009 en sont des exemples emblématiques, tout comme Sex and Solitude, créée pour l’exposition de Florence au Palazzo Strozzi (2025).

Pour Emin, le néon représente un moyen d’expression capable d’allier fragilité et force: les lumières vives attirent le regard du spectateur tandis que les mots révèlent des vérités douloureuses ou des confessions intimes. De plus, l’utilisation de l’écriture manuscrite confère aux œuvres un caractère personnel qui contraste avec la froideur technologique du matériau. Les phrases en néon ne sont jamais de simples slogans, mais des fragments poétiques qui invitent le spectateur à réfléchir à sa propre expérience émotionnelle. En ce sens, le néon devient un outil permettant de créer des liens profonds entre l’artiste et le public. “J’ai grandi entourée de néons : il y en avait partout à Margate”, a déclaré Tracey Emin. “Aujourd’hui, il n’en reste que quelques-uns, mais dans le reste du monde, il y en a tellement. J’ai commencé à en fabriquer parce que je voulais en voir davantage. Et vous savez ce que c’est, il faut faire attention à ses désirs. Le vrai néon contient des gaz comme l’argon et le néon, qui ont un effet positif sur l’humeur parce qu’ils dégagent de l’énergie. C’est pourquoi ils ont été utilisés dans les casinos, les maisons closes, les bars, les clubs, etc. Le néon, c’est de la lumière et de l’énergie pulsées, c’est quelque chose de vivant, et cela me fait du bien. Le néon, en tant qu’objet, est tout simplement beau et vous fait vous sentir bien. C’est pourquoi je les ai fabriqués et je continue à le faire”.

Tracey Emin, Sex and Solitude (2025 ; néon, 106 × 804 cm). Avec l'autorisation de l'artiste et de White Cube. Photo : OKNO Studio© Tracey Emin. Tous droits réservés, DACS 2025.
Tracey Emin, Sex and Solitude (2025 ; néon, 106 × 804 cm). Avec l’autorisation de l’artiste et de White Cube. Photo : OKNO Studio© Tracey Emin. Tous droits réservés, DACS 2025.

6. Tracey Emin admire l’art d’Edvard Munch et d’Egon Schiele

Tracey Emin a toujours déclaré une profonde admiration pour des artistes tels qu’Edvard Munch et Egon Schiele, dont elle s’inspire à la fois sur le plan technique et thématique. Comme eux, Emin explore les thèmes de la vulnérabilité humaine à travers des représentations intenses du corps et des émotions.

En 1990, sa thèse pour le Royal College of Art de Londres s’intitule My Man Munch. Elle lui consacre ensuite une vidéo hommage en 1998 intitulée Homage to Edvard Munch and all my dead children, réalisée sur le fjord d’Oslo : dans cette vidéo, Tracey Emin, nue et en position fœtale sur la jetée près de la maison de Munch, lève la tête, émettant un cri qui serre la gorge, une complainte pour ses enfants à naître, et une réponse auCri de Munch. En 2021, il crée à nouveau la sculpture The Mother pour le nouveau Munchmuseet d’Oslo, afin de rendre hommage à sa mère et à celle de Munch. En 2015, l’artiste a organisé une exposition au musée Leopold de Vienne intitulée Tracey Emin | Egon Schiele : Where I Want to Go, créant un dialogue entre ses œuvres et celles du maître autrichien. Ces projets démontrent à quel point Emin se considère comme faisant partie d’une tradition artistique qui se concentre sur l’expérience humaine dans toute sa complexité émotionnelle.

“Lorsque j’étais au Royal College of Art, se souvient-il dans un entretien avec Arturo Galansino, je prenais le bus d’Elephant and Castle à Westminster et de là, le métro jusqu’à South Kensington. Mais parfois, je restais dans le bus et je descendais à la National Gallery. Dès que j’entrais, je descendais directement et je dessinais les icônes ou je regardais autour de moi et je prenais des notes. Je pense que j’ai fait cela deux fois par semaine pendant deux ans, et c’est à cela que je dois mes connaissances en peinture et en histoire de l’art. Tout ce que je savais auparavant était lié à l’expressionnisme et à l’art européen d’avant-guerre ; soudain, j’ai été catapulté dans un autre monde, j’ai compris les classiques et leurs idées. C’était comme une expansion de l’esprit. Munch était donc antérieur à la National Gallery, tandis que la Renaissance et la peinture classique sont passées par la National Gallery. Je les ai apprises par moi-même, car je n’ai jamais vraiment étudié l’histoire de l’art, je me suis contenté de me plonger dans l’art que j’aimais”.

Tracey Emin, The Mother (2021 ; bronze ; Oslo, Munchmuseet)
Tracey Emin, The Mother (2021 ; bronze ; Oslo, Munchmuseet)

7. La performance comme exorcisme

En 1996, Tracey Emin réalise l’une de ses œuvres les plus significatives, Exorcism of the Last Painting I Ever Made. Cette performance représente un tournant dans sa carrière, marquant son retour à la peinture après des années d’abandon. L’œuvre consiste en une performance d’une durée de trois semaines et demie, au cours de laquelle l’artiste vit et travaille nue dans un atelier temporaire aménagé comme une installation. L’espace est accessible au public, qui peut observer Emin pendant qu’elle crée des dessins et des peintures inspirés par de grandes figures masculines de l’art telles que Egon Schiele, Yves Klein et Pablo Picasso.

La nudité d’Emin n’est pas seulement physique mais aussi émotionnelle : l’artiste s’expose complètement, transformant son propre corps en sujet et en objet de l’œuvre. Cet acte subvertit le rôle traditionnel des femmes dans l’art, historiquement reléguées au rang de muse ou de modèle passif. Au lieu de cela, Emin devient un protagoniste actif de son récit artistique, exorcisant ses démons personnels et les conventions culturelles qui limitent la représentation féminine.

L’installation documente non seulement le processus créatif, mais aussi un moment d’introspection radicale. L’artiste utilise la peinture comme moyen de renouer avec elle-même et son passé, transformant une expérience intime en une réflexion universelle sur le rôle de l’art en tant qu’outil de guérison et d’affirmation de soi. Cette œuvre reste un jalon dans sa carrière et un exemple puissant de la capacité d’Emin à entremêler inextricablement la vie et l’art.

Tracey Emin, Exorcisme de la dernière peinture que j'ai faite (1996 ; performance/installation, dimensions de la pièce 350 × 430 × 430 cm). Avec l'aimable autorisation de la collection Schroeder et de la collection Faurschou © Tracey Emin. Tous droits réservés, DACS 2025.
Tracey Emin, Exorcisme de la dernière peinture que j’ai faite (1996 ; performance/installation, dimensions de la pièce 350 × 430 × 430 cm). Avec l’aimable autorisation de la collection Schroeder et de la collection Faurschou © Tracey Emin. Tous droits réservés, DACS 2025.

8. La peinture est un langage viscéral pour Tracey Emin

La peinture occupe une place centrale dans la production artistique multiforme de Tracey Emin et constitue l’un des moyens d’expression par lesquels elle explore ses thèmes de prédilection : le corps, la sexualité, l’amour, la solitude et la douleur. Bien qu’Emin soit également connue pour ses installations, ses broderies et ses néons, la peinture reste un point d’ancrage fondamental dans sa pratique, un lieu où l’artiste peut laisser libre cours à ses émotions et transformer ses expériences personnelles en images puissantes et évocatrices. “Pour moi”, a déclaré l’artiste, “la peinture concerne l’essence même de la créativité, elle est proche du divin, c’est un monde à part, c’est comme entrer dans une autre dimension, un autre espace, quelque chose qui n’est pas humain”.

La peinture d’Emin se caractérise par une approche instinctive et gestuelle. L’artiste travaille directement sur la toile, sans dessins préparatoires, laissant les formes et les figures émerger spontanément. Les coups de pinceau sont rapides et énergiques, les coulures de couleur créent des effets de mouvement et d’instabilité, les marques laissées par le geste pictural témoignent du processus créatif. Cette approche reflète son désir de capturer l’immédiateté des émotions et de les traduire en images visuelles. Ses toiles sont souvent marquées par une forte matérialité : les couches de couleur qui se chevauchent créent une épaisseur et une texture, les surfaces sont irrégulières et imparfaites. Cette prédilection pour la matérialité reflète l’intérêt d’Emin pour le corps humain, dépeint de manière crue et réaliste, avec toutes ses imperfections et ses vulnérabilités.

Lafiguration et l’abstraction fusionnent dans ses œuvres, créant un équilibre dynamique entre la représentation et la suggestion. Tantôt les figures émergent clairement de la toile, tantôt elles se dissolvent dans un tourbillon de couleurs. L’artiste parvient ainsi à évoquer des émotions complexes et ambiguës, laissant au spectateur la liberté d’interpréter l’œuvre. Les couleurs jouent également un rôle fondamental dans la peinture d’Emin. L’artiste utilise des couleurs audacieuses et contrastées, créant ainsi des atmosphères intenses et vibrantes. Le rouge, le noir, le bleu et le blanc sont les couleurs prédominantes dans ses toiles, souvent utilisées pour exprimer la passion, la douleur, la colère et la mélancolie. Parmi les œuvres les plus significatives de sa production picturale figurent Hurt Heart (2015), It was all too Much (2018), It - didnt stop (2019), There was blood (2022), Not Fuckable (2024) et I waited so Long (2022). Ces peintures témoignent de la capacité d’Emin à créer un langage visuel puissant et personnel, capable de toucher les cordes les plus profondes de l’âme humaine.

Tracey Emin, Hurt Heart (2015 ; acrylique sur toile, 20,3 × 20,3 cm ; Melbourne, ACAF, Collection by Yashian Schauble) © Tracey Emin. Tous droits réservés, DACS 2025. Photo © White Cube (George Darrell)
Tracey Emin, Hurt Heart (2015 ; acrylique sur toile, 20,3 × 20,3 cm ; Melbourne, ACAF, Collection by Yashian Schauble) © Tracey Emin. Tous droits réservés, DACS 2025. Photo © White Cube (George Darrell)

9. L’amour est un thème central dans l’art de Tracey Emin

L’amour est l’un des thèmes les plus récurrents de l’œuvre de Tracey Emin, exploré sous ses multiples facettes : désir, romance, perte, deuil, sexualité. Pour Emin, l’amour n’est jamais représenté de manière idéalisée, mais toujours dans sa complexité émotionnelle, souvent mêlée à des expériences personnelles douloureuses. Des œuvres telles que I Want My Time With You (2017), installée dans la gare internationale de St Pancras à Londres, traduisent l’intensité émotionnelle de l’amour en de puissantes déclarations visuelles. Cette sculpture en néon trône dans un lieu symbolique de rencontres et d’adieux quotidiens, amplifiant la signification universelle du message.

Les broderies d’Emin abordent également le thème de l’amour avec une délicatesse qui contraste avec l’intensité des émotions représentées. Des œuvres comme No Distance (2016) utilisent des matériaux traditionnellement associés à l’artisanat féminin pour explorer des sentiments profondément personnels. L’artiste subvertit ainsi les conventions culturelles associées aux rôles de genre, transformant des techniques “ domestiques ” en puissants outils expressifs.

L’amour apparaît également dans les sculptures monumentales en bronze réalisées par Emin ces dernières années. Ces œuvres combinent vulnérabilité et érotisme pour explorer le corps humain en tant que lieu de connexion émotionnelle et physique. À travers ces différentes formes d’expression, Emin parvient à capturer l’essence de l’amour dans ses nombreuses contradictions : joie et souffrance, intimité et distance.

Tracey Emin, I waited so Long (2022 ; acrylique sur toile, 183,1 x 183,3 x 3,5 cm) © Tracey Emin. Tous droits réservés, DACS 2024.
Tracey Emin, I waited so Long (2022 ; acrylique sur toile, 183,1 x 183,3 x 3,5 cm) © Tracey Emin. Tous droits réservés, DACS 2024.

10. Tracey Emin est une voix féminine importante dans l’histoire de l’art

Tracey Emin est aujourd’hui reconnue comme l’une des artistes les plus influentes de la scène contemporaine, mais son chemin vers le succès international n’a pas été sans obstacles. Après avoir atteint la notoriété dans les années 1990 grâce à sa participation au mouvement des Young British Artists (YBA), Emin a continué à évoluer sur le plan artistique, se taillant une place de choix dans le monde de l’art mondial. En 1999, son œuvre My Bed a été nominée pour le prix Turner : bien qu’il ne l’ait pas remporté, l’œuvre a suscité un énorme débat dans les médias qui a contribué à consolider sa réputation. En 2007, Emin représente la Grande-Bretagne à la Biennale de Venise avec l’exposition Borrowed Light: cet événement marque la reconnaissance officielle de sa contribution à l’art contemporain par les institutions britanniques. Dans les années qui suivent, Emin reçoit de nombreux prix et distinctions. En 2011, elle est nommée professeur de dessin à la Royal Academy of Arts, devenant ainsi la deuxième femme à occuper ce poste dans l’histoire de l’institution. Ses œuvres ont été exposées dans certaines des institutions les plus prestigieuses du monde, notamment le MoMA de New York, le Louvre de Paris et le musée Munch d’Oslo. Malgré son succès mondial, Emin reste profondément attachée à ses racines britanniques, continuant à travailler entre Londres et Margate.

L’artiste britannique est ainsi une figure emblématique de la lutte pour l’affirmation des femmes dans l’art contemporain. Depuis le début de sa carrière, elle défie les conventions traditionnelles qui relèguent les femmes artistes à des rôles secondaires ou marginalisés. À travers des œuvres qui mêlent autobiographie et confession personnelle, Emin devient une protagoniste active de son propre récit artistique. Elle est également une artiste engagée. En 2022, Tracey Emin a ouvert les Tracey Karima Emin Studios (TKE Studios ) à Margate, un projet ambitieux qui reflète son engagement à soutenir la prochaine génération d’artistes. Les studios offrent des résidences gratuites à des artistes émergents sélectionnés à l’issue d’un processus de candidature rigoureux. Cet espace n’est pas seulement un lieu physique mais aussi une communauté créative où les artistes peuvent développer leurs idées dans un environnement stimulant et collaboratif.

Le projet comprend également la Tracey Emin Artist Residency (TEAR), un programme gratuit offrant une formation pratique et un soutien professionnel aux artistes participants. Cette initiative témoigne de la volonté de Tracey Emin de rendre quelque chose au monde de l’art qui lui a tant donné. Pour l’artiste, les TKE Studios représentent une sorte de retour aux sources : Margate n’est pas seulement le lieu de son enfance, mais aussi une source d’inspiration inépuisable. Outre les ateliers d’artistes, les TKE Studios accueillent des expositions et des événements ouverts au public, créant ainsi un pont entre les artistes émergents et la communauté locale. Ce projet souligne l’importance de l’accessibilité dans l’art et reflète la vision d’Emin en tant qu’artiste socialement engagée.

“L’art”, affirme Tracey Emin, “devrait toujours porter sur ce qui est vrai pour vous en tant qu’individu, toujours. Il doit être sincère et naître d’un désir authentique de trouver ses propres réponses. Du moins, c’est ainsi que cela se passe pour moi. Pendant longtemps, mon travail n’était absolument pas à la mode. Mais je m’en moquais, car je savais que c’était ce qu’il me fallait”.


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