Le navire Alkedo, fleuron du musée des navires anciens de Pise


Le musée des navires anciens de Pise conserve l'épave de l'Alkedo, un navire romain du 1er siècle après J.-C., l'un des rares connus à ce jour. Il s'agit d'une découverte fondamentale pour en savoir plus sur la marine romaine.

Il s’appelait probablement Alkedo, c’est-à-dire “alcyone”, le nom d’un oiseau typique des régions côtières. Et c’est probablement le plus connu des navires romains découverts dans les environs de Pise. Il s’agit d’un navire fluvial de l’époque impériale, long de 12 mètres, dont la fonction est encore inconnue : il avait la forme d’un navire de guerre, mais n’avait pas d’éperon à la proue, ce qui explique qu’il s’agissait probablement d’un navire de reconnaissance, c’est-à-dire d’un navire utilisé pour patrouiller le long des fleuves. Ce nom lui a été donné parce que, sur l’un des bancs des rameurs, on a trouvé l’inscription “ALK(E)DO”.

L’épave de l’Alkedo est aujourd’hui conservée au Museo delle Navi Antiche de Pise, un lieu qui renferme des trésors inestimables du passé maritime romain. Ce qui reste du navire est exposé, ainsi qu’une reconstitution de celui-ci. L’histoire fascinante de ce navire, qui a traversé deux mille ans d’histoire et est parvenue jusqu’à nous, nous permet de découvrir en profondeur la vie fluviale (mais aussi maritime) à l’époque de l’Empire romain.

L'épave de l'Alkedo. Photo : Musée des navires anciens de Pise
L’épave de l’Alkedo. Photo : Musée des navires anciens de Pise
L'épave de l'Alkedo et sa reconstruction. Photo : Alessandro Pasquali / Projet Danae
L’épave de l’Alkedo et la reconstruction. Photo : Alessandro Pasquali / Projet Danae

La découverte de l’Alkedo et son contexte

En 1998, lors des travaux de construction d’un centre de contrôle de la ligne ferroviaire Rome-Gênes près de la gare de Pise San Rossore, les ouvriers sont tombés sur un site archéologique d’une importance extraordinaire. Les fouilles ont mis à jour une série d’épaves romaines, dont l’Alkedo, qui se distingue par son étonnant état de conservation. De plus, la découverte du nom, rare pour un navire aussi ancien, lui a donné une identité précise, suggérant un lien symbolique avec l’oiseau de mer connu pour sa vitesse et son agilité.



Le site, situé à proximité de l’ancien cours du fleuve Serchio, a révélé une stratigraphie complexe, avec treize phases allant du VIe siècle avant J.-C. au VIIe siècle de notre ère. En particulier, l’Alkedo appartient à la phase IV (1-15 après J.-C.), une période caractérisée par une grande inondation qui a provoqué le naufrage de plusieurs navires. La présence de navires de différents types et tailles suggère que la zone servait de port fluvial, utilisé à la fois à des fins commerciales et militaires.

Les navires romains de Pise ont été découverts dans un contexte géologique qui raconte l’histoire du paysage fluvial de la région. À l’époque romaine, la ville de Pise ne disposait pas d’un port fluvial à proprement parler, mais d’unezone de débarquement pour le commerce qui était régulièrement touchée par des inondations, comme en témoigne la présence de nombreuses couches de sable et d’argile. Ces inondations, qui ont caractérisé l’histoire du site du VIe siècle avant J.-C. au Ve siècle après J.-C., ont été fatales à de nombreux navires, dont l’Alkedo.

La dynamique du naufrage de l’Alkedo est donc liée à l’une de ces violentes inondations, que l’on peut dater de l’époque augustéenne, probablement de la fin du 1er siècle avant J.-C. ou du début du 1er siècle après J.-C. Les études paléoenvironnementales ont fourni des indications importantes sur la végétation de l’époque, mettant en évidence la présence de plantes typiques des milieux humides, comme les aulnes et les chênes à feuilles caduques, ce qui confirme la nature fluviale du port. L’interprétation du site suggère que le port était principalement utilisé à des fins commerciales. Grâce à sa position stratégique entre le fleuve Serchio (l’ancien Auser) et l’Arno, Pise entretenait des liens étroits avec le monde méditerranéen, comme en témoignent de nombreux objets, notamment des importations corinthiennes et des objets étrusques. L’historien grec Strabon parlait du commerce florissant de Pise et ces découvertes le confirment.

L'épave de l'Alkedo. Photo : Musée des navires anciens de Pise
L’épave de l’Alkedo. Photo : Musée des navires anciens de Pise
L'épave de l'Alkedo
L’épave de l’Alkedo

Caractéristiques techniques et structure

L’Alkedo est un navire d’environ 12 mètres de long, construit principalement en chêne vert et en pin, avec un insert en chêne à l’avant. Le choix de ces matériaux n’est pas fortuit : le chêne vert et le pin garantissent légèreté et flexibilité, tandis que le chêne, connu pour sa robustesse, offre une plus grande résistance aux contraintes mécaniques dans la partie avant du navire. La structure légère et effilée de l’Alkedo, combinée à la présence de douze postes de rameurs (cinq bancs de deux, plus deux demi-bancs de chaque côté, une disposition typique des bateaux fluviaux appelés hemioliai, petits navires de combat rapides d’origine hellénique), indique que le navire a été conçu pour la vitesse et l’agilité, des caractéristiques essentielles pour les opérations de reconnaissance, les patrouilles fluviales et peut-être aussi pour le transport rapide de personnes ou de marchandises légères.

Une autre caractéristique notable de l’Alkedo est son mât, qui devait être soutenu par six haubans, et qui supportait probablement une voile carrée d’environ 8 mètres de large et 4,5 mètres de haut, avec une flèche de 8,60 mètres. Cet élément suggère en outre que le navire était conçu pour une navigation rapide et polyvalente, à la fois à la rame et à la voile.

En outre, un aspect particulièrement fascinant de l’Alkedo est la présence de traces de pigments rouges et blancs sur les flancs extérieurs, ce qui montre que le navire était à l’origine décoré de couleurs vives. Ces détails colorés n’avaient pas seulement une fonction esthétique, mais pouvaient aussi servir à identifier le navire, représenter des symboles d’appartenance à une flotte ou à une famille spécifique, voire avoir une signification rituelle ou apotropaïque, destinée à protéger le navire et son équipage pendant la navigation. Les traces de couleur ont également permis d’étudier les techniques de calfatage de la coque, c’est-à-dire l’imperméabilisation, réalisée avec de la poix plutôt qu’avec de la résine plus courante (qui aurait altéré les couleurs de la peinture). Le navire était également équipé d’une pompe de cale, qui servait à vider la coque de son eau.

Des artefacts ont également été trouvés sur le navire. Parmi les plus fascinants, un tas de cuir a été lu par l’érudit Andrea Camilli comme une ancienne veste en cuir, d’un type tout sauf fin, probablement utilisée par un marin (le fait qu’elle ait été trouvée sous forme de tas de feuilles est dû au fait que son propriétaire, avant que le navire ne coule, l’avait pliée et placée probablement sous un banc) : la forme du vêtement, trop volumineux pour suggérer un usage militaire et doté de renforts fonctionnels, renforcerait l’idée que le navire était utilisé à d’autres fins, par exemple pour le transport de marchandises (la veste était en effet considérée comme plus adaptée à un porteur qu’à un soldat). D’autres découvertes, telles que des amphores d’origine bétique pour le transport de garum (une sauce de poisson très appréciée dans l’Antiquité) et de vin, enrichissent encore l’image de la vie à bord.

Reconstruction de l'Alkedo. Photo : Alessandro Pasquali / Projet Danae
Reconstruction de l’Alkedo. Photo : Alessandro Pasquali / Projet Danae
Reconstruction d'Alkedo. Photo : Francesco Bini
Reconstruction de l’Alkedo. Photo : Francesco Bini
Reconstruction d'Alkedo. Photo : Francesco Bini
Reconstruction de l’Alkedo. Photo : Francesco Bini

Le naufrage et la conservation

L’Alkedo, comme nous l’avons mentionné, a connu son destin lors d’une des fréquentes inondations qui ont frappé la région au Ier siècle après J.-C. Les eaux tumultueuses du fleuve l’ont emporté. Les eaux tumultueuses du fleuve l’ont emportée, la faisant couler et l’enfouissant dans les sédiments du fleuve. Paradoxalement, c’est cet événement catastrophique qui a permis l’extraordinaire conservation du navire jusqu’à nos jours. Les dépôts alluviaux ont créé un environnement anaérobie qui a ralenti le processus de décomposition du bois, préservant ainsi une grande partie de la structure d’origine. Ce type de préservation est relativement rare et offre aux archéologues la possibilité d’étudier des détails de construction et des techniques de construction navale qui auraient autrement été perdus au fil du temps.

La récupération de l’Alkedo a représenté un défi technique et logistique considérable. Les archéologues ont dû opérer avec une extrême délicatesse pour éviter d’endommager la fragile structure en bois. Après sa récupération, le navire a fait l’objet d’un long et méticuleux processus de restauration, qui comprenait le traitement du bois avec des produits de conservation. Ces interventions ont permis de stabiliser la structure et d’empêcher toute nouvelle détérioration, ce qui a permis de l’exposer au public. Aujourd’hui, l’Alkedo, le “navire amiral” comme on l’appelle souvent, est l’une des pièces les plus précieuses et les plus représentatives du musée des navires anciens de Pise, et il est exposé à côté d’une réplique grandeur nature qui offre aux visiteurs une vue complète de ce à quoi il devait ressembler à l’origine. Cette présentation permet aux visiteurs d’apprécier non seulement la taille et la forme du navire, mais aussi de mieux comprendre ses techniques de construction et sa fonctionnalité.

Le navire Alkedo est une fenêtre extraordinaire sur la Rome antique, un témoignage de la vie fluviale et commerciale d’une époque révolue. Sa restauration et sa conservation ont enrichi le patrimoine archéologique de Pise, en nous fournissant un objet d’étude fondamental pour connaître l’activité maritime de la Rome antique. Sa présence au musée des bateaux anciens de Pise représente un lien tangible avec un monde qui, bien que lointain, nous parle encore à travers le bois usé par les vagues et les objets laissés par ceux qui naviguaient sur les eaux fluviales de la Rome antique.

Le navire Alkedo, fleuron du musée des navires anciens de Pise
Le navire Alkedo, fleuron du musée des navires anciens de Pise


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