Parme se réjouit en ouvrant à nouveau ses portes à Correggio


La nouvelle administration municipale célèbre le 500e anniversaire des fresques d'Allegri dans la coupole de Saint-Jean l'Évangéliste et ramène l'attention universelle sur ce "miracol d'arte sanza exemplo" (miracle de l'art sans exemple) qui a ébranlé les cieux de la peinture et apporté au monde figuratif européen une secousse régénératrice sans déclin.

Le 8 septembre, la ville de Parme inaugurera une exposition exceptionnelle et singulière : un inoubliable cinquième centenaire du cycle créatif du Corrège. En effet, la “secularia quinta” de l’extraordinaire présence du peintre sur la scène artistique italienne avec ses chefs-d’œuvre suprêmes est en train de passer. Rappelons que les fresques de la coupole de Saint-Jean représentent Jésus en personne descendant du ciel au moment de la mort de l’évangéliste pour le saluer directement, et qu’il s’agit d’un gigantesque tableau tout en raccourci. En ce qui concerne le cinquième centenaire, les “Amis du Corrège”, actifs dans la ville natale d’Antonio Lieto, ont déjà célébré la “Madone de saint François” en 2015 avec plusieurs chercheurs européens, et la difficile, mais belle, “Chambre de saint Paul” en 2018 avec deux belles éditions, donnant à cette dernière les révélations inédites de Renza Bolognesi.

La célébration des fresques de San Giovanni rachète maintenant aussi l’étrange silence sur Correggio qui caractérisait Parme lorsqu’elle s’est autoproclamée “capitale de la culture”. L’épine dorsale de l’événement est l’étonnante et magistrale contribution photographique d’un maître, Lucio Rossi, qui couronne ainsi une carrière d’expériences périégétiques vastes et toujours renouvelées. Avant d’évaluer l’exploit de Rossi, il ne faut pas oublier les approches fructueuses de la merveilleuse coupole qui a toujours attiré l’attention et les questions, ainsi qu’une bibliographie articulée et tout à fait remarquable. Pour ce faire, nous nous appuierons sur quelques images.

Parme. Dôme de l'église bénédictine Saint-Jean l'Évangéliste (1520) : une œuvre extrêmement novatrice du Corrège, une fresque qui comprend également les pendentifs et le tambour en dessous, où l'éternité bienheureuse après la mort et la vitalité de l'Eucharistie sont proposées avec clarté et légèreté.
Parme. Coupole de l’église bénédictine Saint-Jean l’Évangéliste (1520) : une œuvre extrêmement novatrice du Corrège, une fresque qui comprend également les pendentifs et le tambour en bas, où l’éternité bienheureuse après la mort et la vitalité de l’Eucharistie sont proposées avec clarté et légèreté.
La même coupe du Dôme vue du Célébrant, puis (1586) du Chœur des Moines lorsqu'elle fut ramenée derrière l'Autel. L'épisode est celui de l'appel à la gloire du Saint titulaire du Monastère, auteur sublime du Quatrième Évangile et de l'Apocalypse.
La même “coupe” du Dôme vue du Célébrant, puis (1586) du Chœur des moines lorsqu’elle fut transportée derrière l’autel. L’épisode est celui de l’appel à la gloire du Saint titulaire du Monastère, auteur sublime du Quatrième Évangile et de l’Apocalypse.
Le Christ descendant invite saint Jean, au moment de sa mort, à monter au ciel par l'espace le plus ouvert, vers lequel l'évangéliste centenaire tend les deux bras. Barthélemy et Thaddée réconfortent et aident le confrère dans le grand moment.
Le Christ descendant invite saint Jean, au moment de sa mort, à monter au ciel par l’espace le plus ouvert ; vers lequel l’évangéliste, centenaire, tend les deux bras. Barthélemy et Thaddée réconfortent et aident leur confrère dans le grand moment. Le Corrège est le peintre qui, le premier, a fait habiter les cieux à ses personnages, dès le petit et merveilleux panneau des Offices, où les nuages, si mentionnés dans la Bible et le Nouveau Testament, sont l’accompagnement de Dieu et réalisent la médiation entre la terre et l’empyrée.

Par curiosité, il y a de nombreuses années, l’auteur, alors qu’il était jeune, a aidé un professeur anglais, sans lui demander son nom, à disposer plusieurs journaux sur le sol sous la coupole, sur lequel le savant s’allongeait sur le dos et était ensuite déplacé en cercle par l’un de ses assistants qui le déplaçait à partir de ses pieds : c’était évidemment une façon de “suivre” la totalité de la vision ; des années plus tard, il aida le professeur américain Geraldine Dunphy Wind à occulter astronomiquement l’image de Jean le 27 décembre, jour de sa fête liturgique. Mais la rencontre la plus curieuse fut celle de Bruno Vaghi, photographe très respecté à l’époque, qui, en 1962, à la fin d’un cycle de restauration, fut invité à monter à l’intérieur de la coupole pour la photographier en vue de l’illustre volume réalisé par la suite par Roberto Longhi. Sa fille raconte la surprise de son père, et presque son refus de devoir reproduire la courbure totale de la coupole, même en détail, sur la surface plane de la photographie imprimée. Vaghi, très attentif, déclara que seules des séquences continues ne pouvaient trahir Correggio, et il fit apporter sur l’échafaudage un fauteuil de barbier, inclinable et rotatif, d’où il prit ensuite - avec beaucoup d’émotion - ses clichés enchaînés. D’autres photographes l’ont suivi, toujours de bonne volonté, mais dans la limite du “contact tel quel”. Nous disons cela pour avertir que, vraiment, les reproductions de la coupole nécessitent avant tout une capacité de recherche embryonnaire et inépuisable, mais ensuite l’assimilation intérieure du photographe qui se place dans l’âme même de l’artiste et, à partir de là, élabore une composition imaginative, au-delà des limites des sens. Marzio Dall’Acqua en sait quelque chose, lui qui a édité le riche volume critique de Franco Maria Ricci en 1990. C’est ce besoin d’assimilation que Lucio Rossi a ressenti à notre époque lorsqu’il s’est trouvé face à l’incroyable peintre “sans père”(impénétrable, comme l’a défini Cecil Gould) qui s’est levé pour briser la croûte millénaire de l’espace fini - mesurable, tangible, orthogonal et perspectif - et plonger dans l’infinité cosmique de l’empyrée divin, peuplé d’esprits libres et de personnes très joyeuses.

Dans le giron de la coupe surnaturelle, les Apôtres que Giuseppe Verdi aimait tant sont en équilibre dans une suprême étimasie, sur laquelle la figure du Verbe descend du trône ineffable, rendant ainsi la Vérité de la Présence, et où - partout - dansent les réalités enfantines qui garantissent la plénitude de l’innocence nécessaire dans le jardin céleste. Un Corrège, pour cette raison, avec une grande âme joyeuse, capable de capturer la sainteté rayonnante des chèrubi et en même temps la puissante stature des apôtres, témoins du Christ.

Saint Jean l'Apôtre au moment où il quitte la vie mortelle. Son regard, dans un aperçu audacieux, est dirigé - avec angoisse et désir divin - vers le visage du Sauveur.
Saint Jean Apôtre au moment où il quitte la vie mortelle. Son regard, dans un aperçu audacieux, est dirigé - avec angoisse et désir divin - vers le visage du Sauveur.
Le bras gauche levé de saint Pierre semble avertir tous les apôtres de l'imminence de la montée au ciel de saint Jean. Avec une émotion curieuse, on peut saisir sur la tête du saint les sourires et les aimables trempettes des enfants anges, protagonistes des ludi célestes.
Le bras gauche levé de saint Pierre semble avertir tous les apôtres de l’ascension imminente de saint Jean vers le ciel. Avec une émotion curieuse, on peut saisir sur la tête du saint les sourires et les inclinaisons aimables des enfants anges, protagonistes des ludi célestes.
Le torse très apprécié de saint Jacques le Mineur, dont le corps est un tout et un contrepoint de design magistral. Ce jeune homme est bien attentif au signe de Pierre, voulant surtout signifier l'unité du Collège de Pentecôte avec le chef de l'Église. Au-dessus des corps des apôtres assis (sans doute un signe de convivialité) et de leur nudité relevant de la demeure surnaturelle, s'étendent les évanescences affairées des profondeurs angéliques qui planent et entourent la Divinité : ce sont les mouvements et les visages des petits séraphins et des chérubins dans le cercle entier du tourbillon le plus élevé.
Le torse très apprécié de saint Jacques le Mineur, dont le corps est un contrepoint de design entier et magistral. Ce jeune homme est très attentif au signe de Pierre, voulant surtout signifier l’unité du Collège de Pentecôte avec le chef de l’Église. Au-dessus des corps des apôtres assis (sans doute un signe convivial) et de leur nudité afférente à la demeure surnaturelle, s’étend l’évanescence affairée des profondeurs angéliques qui planent et entourent la Divinité : ce sont les mouvements et les visages des petits séraphins et des chérubins dans le cercle entier du tourbillon le plus élevé.

Lucio fotografo, à la manière de la quête colombienne inversée entre l’Orient et l’Occident, a minutieusement cherché ici à mettre en place une offre de jouissance populaire du haut chef-d’œuvre en inversant le processus créatif du Corrège, c’est-à-dire en revenant aux éléments primaires de l’imagination intérieure de l’artiste et en les arrangeant dans une forme large et plate - paratactique certes, mais totale - afin d’obtenir l’immersion participative et initiale pour le spectateur, le conduisant ainsi à l’émotion jaillissante, à l’émerveillement de la composition d’une œuvre d’art telle qu’il n’aurait jamais pu l’imaginer avant le tableau achevé. Telle est notre dette envers Rossi : une dette qui accompagne chaque visiteur lorsqu’il s’oriente pas à pas vers cette “reductio al piano” qui a osé penser, et faire, un pêcheur aussi expert des parties de la réalité que l’était ce maestro de Parme. Lui qui pendant toute une vie - et presque à travers toute la planète - a déversé sa vocation pour l’image et son rovello jamais rassasié a ramené l’intérieur de l’œil à la substance visuelle qui émane de la peinture : une peinture à fresque, aussi rapide que la poussée de l’âme ; péremptoire dans la totalité céleste conçue comme un événement au-dessus du temps ; étonnante dans l’ampleur des mouvements, et des plus raffinées dans son extension infinie vers les espaces d’élévation, tremblants comme des souffles venus de loin.

Jeune homme sous les genoux joints de saint Barthélemy. On remarquera que toutes les lumières proviennent de l'apparition directe de Jésus. Mais nous voulons ici amener l'observateur à cet embrassement continu des membres et des corps qui lie sans interruption le cercle des martyrs en attente du Christ, qui accueillent les enfants angéliques comme de tendres nourrissons pour rugir de bonheur.
Jeune homme sous les genoux conjoints de Saint Barthélemy. Vous remarquerez que toutes les lumières proviennent de l’apparition directe de Jésus. Mais nous voulons ici amener l’observateur à cet embrassement continu des membres et des corps qui lie sans interruption le cercle des martyrs en attente du Christ, qui accueillent les enfants angéliques comme de tendres nourrissons bondissant de bonheur.
Ces putti entre les jambes de l'apôtre Thaddée en sont un exemple, et nous sommes poussés à saisir toute l'habileté suprême du Corrège dans la conception et la réalisation des corps. Un maître sans égal.
Ces putti entre les jambes de l’apôtre Thaddée en sont un exemple et nous poussent à saisir toute l’habileté suprême du Corrège dans la conception et la réalisation des corps. Un véritable “maître sans égal”.
Visages spirituels près du bras droit du Christ. Ici, comme dans tout le halo lumineux, l'âme de l'artiste peint d'elle-même le besoin, le sentiment, le dévouement total qu'elle ressent pour le Dieu qui vient, et oublie la distance où se trouvent les fidèles. Ici, le Corrège - léger, insurpassable - respire entre les gris chilestrins et les lueurs orangées de la béatitude les esprits enchantés et souriants.
Les visages “spirituels” près du bras droit du Christ. Ici, comme dans toute l’auréole lumineuse, l’âme de l’artiste peint d’elle-même le besoin, le sentiment, le dévouement total qu’elle éprouve pour le Dieu qui vient, et “oublie” la distance où se trouvent les fidèles. Ici, le Corrège - léger, insurpassable - respire entre les gris chilestrins et les lueurs orangées de la béatitude les esprits enchantés et souriants.

Peut-être que seul Correggio pouvait offrir un tel stimulus latéral et si incitatif, dans la ville même qui s’identifie à lui dans le monde : une ville qui l’aime, qui l’a toujours admiré, qui perçoit sa fraîcheur picturale, et cette foi imméritée qui l’a tant de fois propulsé dans l’au-delà spirituel avec une énergie aussi simple et immédiate qu’incroyable : laetentur coeli!

En 1520, lorsque Antonio Allegri offre à la communauté bénédictine du monastère de Saint-Jean, au centre de la ville, les merveilleuses fresques de la voûte céleste, le peintre âgé d’une trentaine d’années a déjà vécu diverses expériences, mais limitées, de représentations suspendues dans le pneuma divin : la couverture de la chapelle funéraire de Mantegna contemplant les nuages ; les visions melozziennes saisies lors du voyage à Rome en 1513 ; la tentative architecturale et biblique précise à San Benedetto al Polirone ; la très importante ouverture des cieux en coprésence avec la terre dans la “Madonna di San Francesco”, et enfin cette “peinture en haut” de la Camera di San Paolo où - après les sacrifices et les vertus exercées - l’innocence enfantine est totale là-haut au Paradis.

Comment Lucio Rossi a-t-il réussi à posséder techniquement la retransformation de chacune des parties du tableau et à les ramener intactes - pourrions-nous dire - à une fruition sereine, si proche de l’observateur ? La réponse analytique viendra de l’exposition elle-même (pas avant l’inauguration), mais nous pouvons d’ores et déjà rapporter la déclaration simple mais prodigieuse du Lucio si joyeusement enamouré : “Je veux que chaque visiteur, chaque personne, puisse pour une fois se promener dans le ciel” ! Dans ce périple, chaque détail du tableau du Corrège sera saisi avec émotion, avec précision. Voici l’émotion enveloppante, tremblante, extatique : marcher dans le ciel, là, dans le grand réfectoire des moines bénédictins, sous la coupole mais à l’intérieur de la coupole, et y percevoir ce lancement sanctifiant de Saint-Jean caché qui transperce la Confraternité apostolique et pointe droit vers le cœur de Jésus.

C’est ainsi que les citoyens de Parme ont repris la haute conversation avec Corrège, guidés avec un dévouement et une limpidité extrêmes par un conseil municipal bien informé : par le maire Michele Guerra et par le conseiller à la culture Lorenzo Lavagetto. Le premier était déjà responsable du patrimoine et des activités culturelles depuis un certain temps ; le second avec un enthousiasme sans réserve face à une exposition qui révolutionne fondamentalement tout le canal de la récupération visuelle et qui ouvre de manière générale l’utilisation des outils les plus modernes, accompagnés par les conseils réparateurs du Maître de l’image. Un grand merci à l’abbé et aux religieux du monastère.

Nous espérons que le catalogue réussira à faire connaître les réalisations jusqu’alors imprévisibles dans l’exécution proposée des nouveaux tableaux. Lavagetto a fait sienne la science démonstrative de Rossi et, ensemble, les deux alliés peuvent désormais affirmer que le montage spectaculaire de la salle capitulaire du monastère de Saint-Jean n’est pas une exposition photographique ( !), et nous le répétons : il s’agit d’une exposition photographique.), et nous le répétons : ce n’est pas une exposition photographique, mais une véritable capture du ciel sur terre, livrée avec une simplicité admirable à chaque personne ; en espérant qu’une série de conversations publiques sera en mesure de pénétrer de façon permanente la compréhension civique et l’adhésion, en particulier parmi les jeunes, mais aussi la conscience universelle, aux capacités de l’art reproductif.

C’est ainsi que les valeurs sont accentuées : quand la réalité et la vérité coïncident !

Toutes les explications techniques sont réservées au catalogue et aux périodes d’exposition. Toutes les images qui apparaissent ici sont de Lucio Rossi, et tous les droits sont réservés à FOTO R.C.R. di Rossi Lucio & C. S.a.s. - Remerciements à Lucio. L’exposition est parrainée par le département de la culture et du tourisme de la ville de Parme, avec le soutien de la Fondazione Cariparma et de la Regione Emilia Romagna, et est accueillie par l’abbaye bénédictine de San Giovanni Evangelista. Elle sera ouverte du 8 septembre 2024 au 31 janvier 2025. Info : parmawelcome.it


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