Avec la réouverture lente et progressive des salles de cinéma en Italie, le film biographique acclamé de Giorgio Diritti, dans lequel Elio Germano joue le rôle d’Antonio Ligabue (Zurich, 1899 - Gualtieri, 1965), fait son retour dans les salles. Initialement prévu pour une sortie fin février, le film est revenu dans les salles dans la deuxième quinzaine du mois d’août, prêt à faire mieux connaître au public le peintre et sculpteur tourmenté, suisse de naissance, italien de nationalité et émilien d’adoption.
Le film s’ouvre sur une scène où l’on voit Antonio Ligabue essayer de se cacher de la vue du psychiatre. Et dans le premier flashback, on le voit vouloir se cacher de son professeur d’école primaire. L’artiste voulait se cacher des moqueries de son entourage, il voulait se cacher des médecins qui essayaient de le guérir. Mais il ne voulait pas cacher son amour pour les animaux et son talent pour le dessin, la peinture, la sculpture. Et Elio Germano ne pouvait certainement pas cacher sa capacité à jouer un artiste aussi talentueux qu’il était tourmenté.
Dans le film de Giorgio Diritti, Germano divertit et enchante en se glissant magnifiquement dans la peau d’un peintre problématique, longtemps incompris, qui réussit néanmoins à gagner l’estime et l’admiration de nombreuses personnes avec ses peintures et ses sculptures. Un homme dont la vie a été tributaire depuis son enfance, un homme qui a vécu au milieu de nombreuses difficultés, qu’il a su surmonter en s’exprimant à travers ses œuvres: et malheur à celui qui le contredisait ou se moquait de lui, sous peine de ses imprévisibles accès de colère. Il aimait les animaux, surtout les chevaux et les lapins, et entre grognements et mouvements sauvages, il peignait et sculptait des bêtes de toutes sortes: non seulement celles qu’il voyait dans les champs de la plaine du Pô et dans les bois de son Émilie natale ou sur les rives de son fleuve, mais aussi des animaux exotiques, vus seulement dans les livres, car Ligabue n’a jamais eu l’occasion de voyager. Ainsi, entre deux tableaux représentant des tigres, des chevaux et même des araignées, Ligabue est entré en contact avec les animaux qui l’entouraient (et pas seulement), y compris des coqs engagés dans un combat dans un poulailler, une référence évidente à l’une de ses œuvres les plus célèbres, le Combat de coqs.
Giorgio Diritti, également co-auteur du scénario, fait revivre au spectateur les étapes les plus importantes de la vie de Ligabue, de son enfance difficile auprès de ses parents adoptifs, à son arrivée en Italie sur les rives du Pô, sa découverte par le sculpteur Renato Marino Mazzacurati (Galliera, 1907 - Parme, 1969), ses succès à Rome, sans oublier son hospitalisation dans diverses institutions psychiatriques italiennes et suisses. Le spectateur assiste ainsi à la croissance humaine et artistique d’El Tudesc, comme l’appelaient les villageois de Gualtieri, le village où il s’est installé, une croissance qui l’amènera à apprécier la vie et à s’exprimer à travers l’art. Une croissance rendue plus évidente par la cinématographie: nous passons de l’obscurité de la Suisse glaciale à la lumière de l’Italie réconfortante, comme si le film lui-même était illuminé par le soleil qui se lève, ce qui donne une sensation de bien-être et de découverte.
C’est un portrait authentique de Ligabue que le film est en mesure d’offrir, et ce non seulement grâce à Germano parfaitement distribué dans le rôle, mais aussi grâce à l’habileté des maquilleurs et des coiffeurs qui ont su transformer l’acteur romain en un double parfait du peintre, laissant Germano se charger du reste une fois entré sur le plateau de tournage. Le tout avec pour toile de fond le paysage rural de l’Émilie, que le réalisateur, originaire de Bologne, connaît très bien et qui devient un autre protagoniste du film.
Image de Je voulais me cacher |
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