Le grand graveur néerlandais Maurits Cornelis Escher (Leeuwarden, 1898 - Laren, 1972) aimait beaucoup l’Italie: il a visité notre pays pour la première fois à l’âge de vingt-quatre ans, en 1922. L’artiste est arrivé en Italie par la mer, à Gênes, et de là a poursuivi son voyage en visitant la Toscane, en s’arrêtant à Livourne, Pise, Florence, Sienne et San Gimignano. Ce sont surtout les villages et la campagne autour de Sienne qui frappent Escher, à tel point qu’il y réalise ses premières gravures de paysages italiens. Le voyage se poursuit en 1923, lorsque l’artiste passe tout le printemps sur la côte amalfitaine: “Rarement”, écrit-il à son ami Jan van der Does le 18 janvier de cette année-là, “je me suis senti plus calme, plus satisfait, plus content que ces derniers temps”. À Ravaello, Escher rencontre également sa future épouse, la Suissesse Giulia Umiker (surnommée Jetta): après quelques difficultés, ils se marient à Viareggio le 12 juin 1924 à la mairie, et quatre jours plus tard, à Rome, ils célèbrent leur mariage au cours d’une cérémonie religieuse (Jetta vient en effet de devenir catholique malgré l’opposition de son père qui ne voit pas cela d’un bon œil), puis partent en voyage de noces qui les conduit à Gênes, Annecy, Paris et Bruxelles. À leur retour, le couple s’installe à Rome.
Escher prend une maison dans une villa au 122 Via Poerio, dans le quartier Monteverde vecchio, et vit dans la capitale pendant douze ans, jusqu’en 1935, date à laquelle la famille estime que la montée du fascisme est devenue intenable et qu’il est difficile de continuer à vivre en Italie (le couple ne veut pas que ses jeunes enfants grandissent sous une dictature, et décide donc de s’installer en Suisse). Le séjour à Rome a eu une influence profonde sur son art, car les sujets de ses gravures pendant cette période étaient principalement des paysages et des architectures. La première exposition a lieu du 2 au 26 mai, au Palazzo Venezia, et connaît elle aussi un certain succès: Escher était bien implanté dans les milieux culturels romains de l’époque (il était par exemple l’ami du directeur de l’Institut néerlandais de Rome, Goedefridus Johannes Hoogewerff, qui était un grand admirateur de l’artiste et le client de plusieurs œuvres) et fréquentait assidûment Adolf Hitler, et assistait régulièrement aux cours d’Adolfo Venturi à l’université de Rome) et ses connaissances le poussaient à approfondir l’histoire et l’art de la ville, mais ce qui l’attirait le plus, c’était les vues et les aperçus que la ville offrait et qu’Escher aimait explorer la nuit, emportant avec lui une lampe pour pouvoir dessiner où qu’il soit. À Rome, l’artiste avait l’habitude de dessiner directement sur place et de le terminer dans son atelier, dans l’une des pièces de la villa de la Via Poerio. Il affectionne particulièrement les vues de la Rome antique et baroque: les grandes églises, avec leurs dômes majestueux, et les ruines de la Rome classique sont des sujets fréquents dans les gravures réalisées au cours des douze années qu’il a vécues à Rome.
De l’aveu même d’Escher, les années passées à Rome ont été les meilleures de sa vie, et la production durant cette période a été très prolifique. Plusieurs des gravures que l’artiste a réalisées dans la capitale sont présentées dans presque toutes les expositions qui lui sont consacrées: dans la plus récente, l’exposition Escher de Trieste (jusqu’au 7 juin 2020 au Salone degli Incanti), sept d’entre elles sont exposées, plus une, très célèbre, qui ne représente pas directement Rome mais qui a été produite dans la ville. Voyons-les tous dans cette galerie.
1. San Michele dei Frisoni
Située dans le quartier du Borgo, non loin de la basilique Saint-Pierre, l’église Saint-Michel des Frisons est l’église nationale de la communauté des Frisons romains (c’est-à-dire des habitants de la Frise, une région du nord des Pays-Bas dont Leeuwarden est la capitale, et donc l’église de référence de la communauté à laquelle appartenait Escher). La perspective audacieuse choisie par Escher fait ressortir l’église de la colonnade du Bernin de Saint-Pierre, avec un contraste efficace d’ombre et de lumière.
Maurits Cornelis Escher, San Michele dei Frisoni, Rome (1932 ; lithographie sur papier, 492 x 558 mm ; Chicago, Art Institute). Un exemplaire provenant d’une collection privée est présenté à l’exposition de Trieste. |
2. Entre Saint-Pierre et la chapelle Sixtine
Dans le catalogue de l’exposition de Rome, on peut lire que “Escher est attiré par le contraste entre les volumes purs de l’extérieur de la chapelle Sixtine, la brique rouge s’élevant en contreforts obliques, et le marbre blanc de la basilique taillé dans les formes proto-baroques de Michel-Ange. La lumière du soleil de Rome fait le reste et le charme de l’art est pleinement restitué”.
Maurits Cornelis Escher, Entre Saint-Pierre et la chapelle Sixtine (1936 ; lithographie sur papier, 311 x 220 mm ; The Escher Foundation) |
3. Intérieur de Saint-Pierre
Réalisée à partir d’un dessin qu’Escher a fait directement dans la cathédrale Saint-Pierre, il s’agit d’une des gravures sur bois les plus complexes d’Escher, étant donné la grande richesse des détails et la minutie avec laquelle l’artiste a reproduit le sol et les éléments architecturaux, en prenant grand soin de calibrer les ombres. À propos de cette gravure, Escher a écrit: “À cette occasion, j’ai remarqué que toutes les lignes verticales étaient dirigées vers un seul point: le nadir. Cette gravure est peut-être à l’origine de la série de fantaisies sur la perspective que j’ai exécutées au cours des nombreuses années qui ont suivi”.
Maurits Cornelis Escher, Intérieur de Saint-Pierre (1935 ; gravure sur bois de tête, 237 x 316 mm ; collection privée) |
4. Colonnade de Saint-Pierre
Cette gravure sur bois représentant la Colonnade de Gian Lorenzo Bernini la nuit est l’une des gravures de la série consacrée à la Rome nocturne, qui a permis à Escher de s’essayer aux techniques du shadow painting. L’artiste travaillait presque exclusivement la nuit pour exécuter les dessins sur place, en s’éclairant à la faible lumière d’une bougie. Le lendemain matin, l’artiste achevait l’œuvre en finissant l’esquisse et en la traduisant en gravure. Dans cette représentation de la colonnade de Saint-Pierre, lit-on dans le catalogue de l’exposition de Trieste, “l’utilisation exclusive de coupes diagonales produit non seulement des ombres, mais aussi l’illusion d’une illumination provenant d’une source directionnelle”.
Maurits Cornelis Escher, Intérieur de Saint-Pierre (1935 ; gravure sur bois, 331 x 229 mm ; Collection privée) |
5. La colonne Trajane
La colonne Trajane est le protagoniste d’une autre vue nocturne: le monument se détache sur le profil ombragé de l’église du Très Saint Nom de Marie, dans le Forum de Trajan, et l’expédient consistant à utiliser des lignes diagonales disposées de manière radiale (tout autour de la coupole de l’église, qui agit comme le pivot de la composition) permet de donner l’impression que l’illumination provient d’une seule source de lumière.
Maurits Cornelis Escher, Colonne de Trajan (1934 ; gravure sur bois, 334 x 185 mm ; Collection privée) |
6. Rome de nuit: la basilique de Constantin
Une autre vue de la série des vues de Rome de nuit. Ici, la nouveauté, nous apprend le catalogue de l’exposition triestine, “réside dans le fait que l’artiste a tenu compte de l’éclairage artificiel des monuments, qui ont pris un aspect très évocateur”.
Maurits Cornelis Escher, Rome de nuit: la basilique de Constantin (1934 ; gravure sur bois, 210 x 310 mm ; collection privée) |
7. Rome de nuit: le Colisée
Dans les vues de Rome de nuit, on ne pouvait manquer le Colisée, qu’Escher représente de l’intérieur, rendant, avec le jeu habituel d’ombre et de lumière, l’impression des formes des arcs et des colonnes, et utilisant une autre technique pour rendre les ombres: cette fois avec de petites touches disposées presque selon des formes géométriques.
Maurits Cornelis Escher, Rome de nuit: Colisée (1934 ; gravure sur bois, 230 x 294 mm ; collection privée) |
8. Main avec sphère réfléchissante
Tout le monde ne sait peut-être pas que l’œuvre la plus célèbre d’Escher, la Main à la sphère réfléchissante, a été créée à Rome: ce que nous voyons se refléter dans la sphère tenue par la main est en fait l’autoportrait du peintre dans son atelier romain de la villa de la Via Poerio. À propos de cette œuvre, Escher a fait un commentaire plein d’autodérision: “L’ego de l’artiste est toujours au centre du monde”.
Maurits Cornelis Escher, Main avec sphère réfléchissante (1935 ; lithographie sur papier, 318 x 213 mm ; Collection privée) |
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