A Carrare, l’édition 2014 des Semaines du Marbre a débuté il y a quelques jours et, une fois de plus de manière très originale, il y avait une exposition sur les plâtres de l’Académie des Beaux-Arts. La troisième au cours des quatre dernières années: je suis seulement surpris que l’année dernière ils l’aient sautée. Et encore. L’exposition, au titre ronflant de L’Accademia di Belle Arti di Carrara e il suo patrimonio (L’Académie des Beaux-Arts de Carrare et son patrimoine), était annoncée de manière élogieuse: “l’Académie des Beaux-Arts de Carrare se met en valeur à travers le nouvel aménagement de son patrimoine: les œuvres en marbre, les plâtres et les peintures, disposés dans l’escalier principal, les salles, le cloître, l’ancien théâtre anatomique et les couloirs, sont ainsi restitués à la vue du public selon un critère philologique”. En bref, pour traduire: il ne s’agit de rien d’autre que de l’ouverture temporaire au public du work in progress (car c’est ce qu’il semble être) de ce qui devrait être une sorte de parcours muséal qui de temporaire devrait, dans un futur nébuleux et inconnu, devenir permanent.
Cependant, la première question qui se pose est la suivante: selon la philologie, les sculptures doivent-elles être exposées sur des palettes en bois, comme s’il s’agissait de caisses de fruits et légumes de Carrefour, ou peuvent-elles bénéficier de bases un peu plus décentes? Mais à part cela: celui qui a appelé cette... initiative (je ne trouve pas d’autre terme) une “exposition”, est vraiment un casse-cou. Ou bien il n’a pas réfléchi au fait qu’à Carrare il y a aussi quelqu’un qui voit plusieurs expositions (oui, celles qu’on peut appeler “expositions”) par an, dans toute l’Italie et même à l’étranger. Et la comparaison ne peut être qu’impitoyable.
Tout d’abord, pour qu’une exposition soit considérée comme telle, il faut au minimum qu’elle ait un titre. Et là, l’initiative de l’Académie de Carrare répond positivement. Le problème est que ni dans la ville, ni dans l’Académie, il n’y a le moindre panneau d’indication ou d’illustration pour se rendre non pas à l’Académie (car nous nous sommes depuis longtemps rendus à l’évidence que les administrations locales n’ont pas le moindre intérêt ni la moindre envie d’ attirer des visiteurs extérieurs à Carrare), mais simplement pour savoir qu’il y a une exposition ces jours-ci et jusqu’en septembre. Mais ce n’est pas tout: lorsqu’on arrive à l’Accademia, aucun panneau n’indique où commencer la visite. Ainsi, l’exposition exclut automatiquement différentes catégories de visiteurs: ceux qui ne sont jamais allés à l’Accademia, les non-experts, ceux qui visitent les salles sans guide.
Je décide de commencer ma visite par l’étage supérieur, et je constate qu’il y a bien une explication: ce sont les descriptions des salles avec les listes d’œuvres (sans même un soupçon de graphisme, même minimaliste: On dirait des circulaires scolaires), imprimées sur des feuilles A4 collées aux murs (qui sait si elles sortent de l’imprimante d’un employé de l’Académie qui a emporté son travail chez lui), ou sur des panneaux de contreplaqué posés sur le sol, très inconfortables pour n’importe quel type de lecture mais très utiles pour attenter à la sécurité des tibias des visiteurs. Alors que je m’apprête à entrer dans l’une des salles, je remarque qu’elle est fermée et je demande au premier employé que je croise s’il est possible de voir l’une des salles d’exposition... pendant les heures d’exposition, “vous savez ce que c’est”. Je pense qu’il est normal de s’attendre à ce que les salles soient ouvertes pendant les heures d’exposition. À Carrare, ce n’est pas le cas. La dame appelle un autre employé, qui arrive avec un trousseau de clés, me montre la salle, attend que je sois parti et referme à clé. “Une exposition interactive”, je pense, dans le sens où il faut interagir avec les employés pour qu’ils ouvrent les salles.
Dans les salles suivantes, que je visite en essayant de déranger le moins possible le personnel qui y travaille (essentiellement du personnel administratif), je remarque d’autres détails sympathiques. Le mauvais éclairage de certaines pièces, par exemple. Ou encore les panneaux qui sont pour la plupart accrochés à l’extérieur des salles et non à l’intérieur, et surtout les peintures et sculptures accrochées dans les différentes salles qui n’ont pas d’étiquettes pour les identifier. Pour une personne qui n’est pas très au fait de l’art, il n’est pas facile de se rappeler, une fois entré dans la pièce, qu’il va y trouver, entre autres, un tableau d’Onorio Marinari représentant une Sainte Catherine d’Alexandrie (surtout s’il doit se souvenir d’une douzaine d’autres œuvres). Et puis il y a de la poussière partout, et les habituels bancs de bois qui servent de base aux sculptures.
J’en ai assez et je me dirige vers la bibliothèque où une exposition d’une partie de la bibliothèque et des archives de l’Académie a été installée et où, pour l’occasion, sont également exposés des dessins et des gravures de quelques artistes importants: Bertel Thorvaldsen, John Flaxman (dont il existe également une petite tête significative offerte par l’artiste à l’Académie), Giovanni Antonio Cybei, Raffaello Morghen, Frédéric Adolphe Yvon et quelques autres. Cette exposition est donc bien une exposition. C’est pourtant la partie potentiellement la moins intéressante pour un public de non-spécialistes. Au fait, la bibliothèque était également fermée et j’ai dû demander à la secrétaire de me l’ouvrir. Je me suis donc retrouvé dans la file d’attente des étudiants de l’Académie qui ont dû poser des questions sur leurs problèmes bureaucratico-administratifs.
Cependant, dire que l’exposition est au moins “artisanale” serait faire injure aux artisans. Pour présenter les dessins et les gravures, de grands panneaux de bois ont été choisis, sur lesquels une couche de peinture blanche semble avoir été appliquée. Jusqu’à présent, cela pourrait convenir, si ce n’était que ces panneaux ont clairement l’air d’avoir été recyclés dans le cadre d’autres initiatives: extrêmement sales (le frottement noir sur blanc n’est pas difficile à distinguer), avec des traces de ruban adhésif décollé dans des temps anciens, des clous et des punaises encore en place, des traces d’autres clous enlevés, et ainsi de suite. Sans parler de la manière dont les dessins et les gravures ont été accrochés. Des panneaux de bristol bleu ont été fixés au-dessus des panneaux blancs, et les gravures trouvent leur place sur le bristol. Pour les protéger, des voiles en plastique transparent. Le tout est maintenu par des pinces de bureau qui tiennent l’ensemble et qui sont elles-mêmes soutenues par des punaises enfilées dans l’anneau métallique. Des choses qui pourraient convenir à un étal de marché vendant des gravures à vingt euros, mais pas à une Académie des beaux-arts à l’histoire séculaire qui expose, par exemple, le projet de monument équestre à François III d’Este de Giovanni Antonio Cybei, dont le croquis se trouve également dans l’exposition (si l’on a la chance de trouver quelqu’un pour ouvrir la salle de gestion). Sans parler des vitrines, fermées par du ruban adhésif transparent. Difficile de croire tout ce que j’ai dit jusqu’à présent? Voici quelques photos :
Que dire, après avoir visité cette “exposition” (appelons-la ainsi par commodité)? Tout d’abord, que l’Académie doit trouver sa propre identité. Musée et bureaux ne peuvent coexister, en ce sens qu’il n’est ni agréable ni confortable de visiter des salles utilisées comme bureaux pour le personnel. Au contraire: il est plutôt embarrassant pour le visiteur de regarder des tableaux sous lesquels se trouve un bureau où travaille un employé. Et puis... la seule chose qui vient à l’esprit à la fin de la visite est celle-ci: “c’est dommage”. Dommage parce que l’Académie des Beaux-Arts de Carrare possède un patrimoine artistique et documentaire de premier ordre et que cette initiative désordonnée ne lui rend pas vraiment justice ; au contraire, elle l’avilit et l’humilie. C’est dommage parce que l’Académie pourrait attirer des visiteurs extérieurs à Carrare et pourrait montrer aux habitants de Carrare eux-mêmes, en éveillant leur esprit et leur conscience, une ville oubliée: celle de l’art, celle des œuvres des grands maîtres du passé qui sont passés par cette région, celle de la culture. C’est dommage parce que les conservateurs sont de très bons professionnels (j’ai d’ailleurs été l’élève de l’une d’entre eux, Linda Pisani, à l’université de Pise, et je garde un bon souvenir de son cours), capables d’organiser des initiatives de haut niveau (et de haut niveau est, en effet, l’exposition du patrimoine documentaire de l’Académie, celle qui a été organisée dans la bibliothèque): même dans ce cas, l’“exposition” ne rend pas justice à leur professionnalisme.
C’est pourtant ce qui se passe lorsque l’on est contraint de travailler dans des conditions financières difficiles: en effet, si l’on ne peut même pas se permettre d’accrocher des étiquettes à proximité des œuvres, cela signifie que l’on travaille dans des conditions financières difficiles. Il n’est pas nécessaire de savoir que l’Académie n’a pas de bons moments pour s’en rendre compte: il suffit d’entrer et de voir l’“exposition”. Et les conservateurs ne sont pas à blâmer pour cela: ils font essentiellement ce qu’ils peuvent. Les fautes sont donc en amont: elles sont à chercher dans une ville qui se déconsidère et n’investit pas dans son excellence. Dans une ville qui, comme on le voit tous les jours, est l’otage de décisions politiques ignobles, et d’un entrepreneuriat qui détruit l’environnement et l’économie de la ville (l’une des plus perturbées du centre-nord de l’Italie), les conditions pour des initiatives culturelles de haut niveau sont probablement absentes. Et par “initiatives culturelles de haut niveau”, je ne fais certainement pas référence aux Semaines du marbre, l’événement avec lequel les propriétaires de carrières (parce que, même si les carrières devraient être le patrimoine de tout le monde, en fait les propriétaires sont d’autres) célèbrent leur travail. Il suffit de dire que dans les panneaux indiquant les œuvres, le nom des propriétaires des carrières qui ont fourni le marbre apparaît avant celui des artistes. Un peu comme si, à côté de l’œuvre la plus célèbre de la Galleria dell’Accademia de Florence, on trouvait un panneau indiquant: "DAVID - Carrière de marbre Fantiscritti - Artiste: Michelangelo Buonarroti". Cela confère aux Semaines du marbre un caractère beaucoup plus publicitaire et autoréférentiel que culturel. L’exposition de l’Académie a également été organisée dans le cadre des Semaines du marbre. Mais ceux qui viennent à Carrare se rendent compte que les œuvres qui font la publicité de celui qui fournit les marbres sont polies et accompagnées de panneaux avec des graphiques, des adresses web et des logos sociaux. À l’intérieur de l’Académie, de la poussière et des feuilles A4. C’est évident: quel intérêt les propriétaires des carrières auraient-ils à investir dans l’Académie? Quel intérêt auraient-ils pour une exposition qui produirait de la culture, ce dont Carrare a certainement besoin pour créer une conscience civique forte? On sort de l’Accademia avec des questions, surtout si l’on compare ce que l’on voit à l’intérieur avec ce que l’on voit à l’extérieur pour les Semaines de marbre. Et l’on se demande surtout jusqu’à quand le manque d’intérêt de Carrare pour la culture va perdurer.
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