Levide rappelle le sentiment spécifique de Benassi à l’égard d’une investigation a posteriori de sa production. Un “vidage” qui se veut une voie d’exposition publique de soi: le photographe se livre entièrement au spectateur, en lui remettant l’ensemble des clichés qui donnent vie à une enquête d’une décennie sur les thèmes de l’identité, de la nuit et du travail. Un acte d’ouverture vers le monde extérieur qui constitue un point zéro dans la carrière de l’artiste, et à l’inverse, une possible renaissance.
Levide est également le titre de l’installation qui accueille le spectateur à l’entrée des salles du musée. Benassi a reconstitué son atelier au sein de l’exposition, en vidant complètement son espace de travail habituel. L’installation, composée d’outils, d’images, d’affiches, d’objets et de moulages de sculptures classiques, de timbres de fanzines, de son atelier et de ses outils, reconstitue le paysage créatif qui accompagne Benassi dans la gestation de son œuvre, offerte ici généreusement au spectateur.
Jacopo Benassi photographie depuis la fin des années 1980, au sein de la culture underground de La Spezia: sa première photographie a en effet été prise dans un centre social avec un groupe punk. Au fil des années, le photographe a développé un style très personnel, dans lequel la profondeur de champ est annulée et la lumière du flash devient une sorte de signature, une limite stylistique que Benassi s’impose pour parvenir à une photographie brute et puissante, dépourvue de médiation. Pour le photographe, le flash n’est pas un moyen d’ajouter de la lumière à une lumière existante, mais un moyen d’effacer totalement la lumière réelle. La photographie devient alors un acte forcé, un événement créé par l’artiste dans lequel le cliché parfait n’existe pas.
Les sujets photographiés par Benassi sont les plus disparates, une humanité variée qui va de l’underground international et de la culture musicale à partir de l’expérience du club B-Tomic, aux portraits de mannequins, d’actrices, d’artistes, de stylistes publiés dans certains des plus importants magazines italiens, jusqu’à l’investigation du corps, possible fil rouge d’une production pantagruélique, allant de la documentation autobiographique de rencontres sexuelles au regard intense sur la statuaire antique.
L’exposition s’ouvre sur deux photos montrant une procession à Catane et un moment de “pogoing” dans un club punk de la dernière génération. Les récurrences formelles dans les deux photographies permettent de mettre en miroir l’idée de religion et de rock, entre un rituel religieux et un rituel séculier. Benassi est fasciné par les symboles et l’iconographie religieuse: croix, offrandes votives, images mariales reviennent constamment dans une grande partie de sa production. D’autres images liées à la dimension musicale décrivent l’environnement du Btomic Club, géré par Benassi avec quelques amis à La Spezia de 2011 à 2015: le public des concerts, les instruments de musique, les personnages qui animaient le club. Le Btomic est d’une importance fondamentale pour l’artiste, un lieu d’expériences et de rencontres, capable de donner naissance à une imagerie photographique extrêmement spécifique.
À côté des photos liées à la salle de La Spezia, on trouve un certain nombre de portraits de musiciens et de chanteurs: il s’agit de photos immédiates, avec le flash placé devant le sujet, ce qui donne un portrait visuellement saisissant. La sélection présente certains des musiciens qui représentent pour l’artiste l’essence même de la musique, de Sonic Youth à Blondie, en passant par Lydia Lunch, rock star de l’underground new-yorkais, représentée à l’intérieur même du Btomic. C’est la musique, jouée et écoutée, qui a rapproché Benassi de la photographie et qui a en quelque sorte greffé l’idée de rythme et de succession dans l’image.
Jacopo Benassi, Pogo (2018) |
Jacopo Benassi, Debbie Harry (2009-2010) |
Une place particulière dans l’œuvre de Benassi est occupée par l’autoportrait, qui accompagne souvent son parcours performatif. La photographie devient pour l’artiste un moyen de se connaître, comme il le déclare lui-même: “J’aime me regarder en photo, je sais me photographier”. L’expérimentation de la performance, tant par Benassi lui-même que par d’autres, est constamment liée à la musique et est toujours médiatisée par l’image photographique, greffant un mélange de photographie, de son et de mouvement du corps dans l’espace.
L’œuvre Selfportait 1970/2019, peut-être le seul projet achevé de Benassi, est également liée à l’autoportrait. Liées à l’homosexualité du photographe, les pantoufles représentent la découverte et l’acceptation de sa propre identité. Collectées, photographiées et finalement placées à l’intérieur de la grande installation, les pantoufles sont un élément de sa propre biographie utilisé comme une sorte de synecdoque, façonnant un autoportrait construit au fil du temps. Bien que dans le contexte d’une œuvre hétérogène, le corps semble être la constante de facto dans la production de Benassi, étudié à la fois dans son lien avec la statuaire classique et dans sa transposition homoérotique.
Une série de sujets hétérogènes se côtoient, par exemple dans le projet Crack !, une réflexion de l’artiste sur le corps (le sien et celui des autres), sur l’idée de rupture et de décadence que le corps porte en lui. Les images font référence à des événements autobiographiques de l’artiste (une chute et la convalescence qui s’en est suivie) et rassemblent des suggestions variées qui relient la nature, les batailles de rue, les accidents de voiture, les statues anciennes, à travers l’idée de fragilité, de relation et de soin.
Jacopo Benassi, Brutal Casual (2020) |
L’expérience homoérotique de Benassi, en revanche, est admirablement résumée dans Fags, un projet pour un livre photographique en cours, où le photographe rassemble des clichés qui racontent sa vie privée à partir du début des années 2000. La série est liée aux rencontres sexuelles de l’artiste ; il s’agit d’images explicites mais en même temps extrêmement intimes, représentant des relations réelles, des lieux de combat, des détails de corps d’amants capturés comme des formes abstraites. L’homosexualité de l’artiste est un trait fondamental de sa biographie, son coming out coïncide également avec la formalisation d’un style photographique précis: ces deux événements constituent une sorte d’épiphanie et de libération dans le parcours de Benassi, qui déclare à propos du projet Fags qu’il “entre avec force dans ma vie”.
Des œuvres inédites sont également présentées dans l’exposition, reflétant l’intérêt de Benassi pour l’édition et la production de livres. C’est précisément à partir d’un projet d’édition récemment publié qu’est née la série The Belt, un projet photographique consacré à Prato, ville d’art et centre reconnu de l’industrie textile. Tissus, machines, portraits d’artisans et de leurs mains en train de travailler, personnes saisies dans des moments de pause ou en train de prendre un repas: les images de Benassi mélangent des éléments prosaïques avec des images sacrées pour raconter la charnalité et la matérialité de l’humanité industrieuse qui caractérise Prato, les icônes de son histoire et la tradition artistique qui transparaît dans les lieux de la ville.
- la ceinture
Jacopo Benassi, La ceinture (2020) |
Jacopo Benassi, La ceinture (2020) |
Jacopo Benassi, La ceinture (2020) |
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