Dix joyaux à moins de 20 000 euros de la Biennale Internazionale dell'Antiquariato


Il n'y a pas que des œuvres à un million d'euros, ni des Bronzino et des Michelangelo : à la Biennale Internazionale dell'Antiquariato de Florence, vous pouvez trouver des joyaux cachés à des prix inférieurs. Nous avons sélectionné ici dix objets de grande qualité qui coûtent tous moins de 20 000 euros.

La Biennale Internazionale dell’Antiquariato de Florence (BIAF) est l’un des événements les plus prestigieux du monde de l’art et des antiquités, qui s’est toujours distingué par la qualité exceptionnelle des œuvres exposées et par sa capacité à attirer des collectionneurs, des experts et des passionnés venus des quatre coins du monde. Pour la 33e édition, prévue du 28 septembre au 6 octobre 2024, les organisateurs ont, comme toujours, proposé une sélection minutieuse de chefs-d’œuvre de différentes époques et écoles artistiques, allant de la peinture à la sculpture, en passant par le mobilier et les arts décoratifs.

L’événement de cette année ne célèbre pas seulement la beauté intemporelle des œuvres d’art, mais représente également une occasion importante pour les collectionneurs de se rapprocher du monde des antiquités sans nécessairement devoir faire des investissements faramineux. S’il est vrai que l’on peut trouver des pièces de très grande valeur au BIAF(voir ici l’article sur les pièces les plus importantes de l’édition de cette année), il existe également une variété surprenante d’œuvres de grande valeur accessibles à un public plus large, avec des prix commençant à des niveaux relativement bas. Parmi ces œuvres, on trouve des trésors qui, tout en restant en dessous du seuil des 20 000 euros, peuvent se targuer d’une pertinence historique et artistique considérable.



Bien qu’il évoque souvent des collections élitistes et inaccessibles, l’art ancien peut en fait révéler de véritables joyaux, même à ceux qui ne disposent pas d’un budget illimité. Les galeries présentes à la Biennale, dont beaucoup comptent parmi les plus renommées au niveau international, apportent avec elles une sélection de pièces soigneusement choisies pour répondre aux besoins d’un marché de plus en plus exigeant et diversifié. Bien que ces objets n’atteignent pas les prix des œuvres les plus monumentales, ils ne sont certainement pas à considérer comme mineurs : au contraire, ce sont des œuvres d’art avec leur propre singularité, capables d’embellir n’importe quelle collection. Nous en avons sélectionné dix, en essayant de couvrir tous les arts de la Biennale. Voici donc notre sélection des pièces les plus intéressantes à moins de 20 000 euros.

1. Bottega degli Embriachi, Grand coffre rectangulaire en marqueterie de style chartreux (XVe siècle ; bois divers, os naturel et teinté en vert, lattes en alliage métallique, 17 x 30,5 x 18,4 cm). Présenté par : Cantore Gallery. Demande : 19 000 euros

Les coffrets marquetés étaient une spécialité de certains ateliers actifs entre Ferrare et la Vénétie et ont prospéré entre le XIVe et le XVIe siècle. Ils ont fait l’objet d’une récente exposition au Palazzo dei Diamanti et ne sont pas très faciles à trouver sur le marché, surtout s’ils sont de grande qualité. Celui présenté par Cantore est attribué à l’un des meilleurs ateliers, la Bottega degli Embriachi, qui a commencé sa production au XVe siècle à Venise (elle a été ouverte par un Florentin, Baldassarre Ubriachi, qui, malgré son nom, a fait preuve d’une grande lucidité dans la promotion de son activité, ce qui en a fait l’une des plus fructueuses pour ce genre d’objets). Cantore présente trois cercueils, et celui-ci, en plus d’être le plus cher, est aussi le plus complexe et le plus élaboré : la sculpture chartreuse était une sculpture complexe du bois dans laquelle les pièces individuelles, même très petites comme on peut le voir sur l’image, étaient façonnées pour s’insérer dans une base préalablement travaillée. Aujourd’hui encore, on dit qu’un travail particulièrement long et patient est un travail de chartreux.

Atelier Embriachi, grand coffret rectangulaire en marqueterie de chartreux (XVe siècle ; bois divers, os naturel et teinté en vert, lattes en alliage métallique, 17 x 30,5 x 18,4 cm)
Bottega degli Embriachi, grand coffret rectangulaire en marqueterie de chartreux (XVe siècle ; bois divers, os naturel et teinté en vert, lattes en alliage métallique, 17 x 30,5 x 18,4 cm)

2. Luigi Sabatelli, Portrait d’Antonio Canova (1805 ; plume et encre noire sur papier ocre, 355 x 243 mm). Présenté par : Orsini Arte e Libri. Demande : 18 000 euros

En novembre 1805, de retour de Vienne où il avait achevé le Monument funéraire à Marie-Christine d’Autriche à l’intérieur de l’église des Augustins, Antonio Canova passa par Florence pour rencontrer la reine Marie-Louise de Bourbon qui devait lui confier définitivement l’exécution de la Vénus Italique destinée à la Tribune des Offices. A Florence, Canova avait l’habitude de séjourner chez son ami Giovanni degli Alessandri, figure centrale de la politique artistique toscane, président de l’Académie florentine des Beaux-Arts et futur directeur des Offices. Et c’est précisément après un repas pris chez les Alessandri que Luigi Sabatelli, qui comptait parmi les plus importants peintres, dessinateurs et graveurs néoclassiques, a imprimé l’effigie du sculpteur sur la feuille de papier avec sa traditionnelle rapidité de trait. Ces informations et d’autres encore plus détaillées se trouvent dans l’inscription figurant au dos d’une autre version de ce portrait, incluse dans le vaste corpus des dessins de Sabatelli conservés à la Galleria d’Arte Moderna de Rome : “dessiné à la plume par Luigi Sabatelli, peintre florentin, après le déjeuner à la Casa Alessandri, où séjournait ledit Canova en route pour Florence, en l’an de grâce 1805, au mois de novembre, dix-huitième jour”. Le peintre florentin, avec l’immédiateté expressive que lui permet son style, réussit à fixer sur le papier le moment où le sculpteur se tourne vers lui d’un air étonné et la bouche encore ouverte, comme s’il avait été interrompu au cours d’une conversation.

Luigi Sabatelli, Portrait d'Antonio Canova (1805 ; plume et encre noire sur papier ocre, 355 x 243 mm)
Luigi Sabatelli, Portrait d’Antonio Canova (1805 ; plume et encre noire sur papier ocre, 355 x 243 mm)

3. Pasquale Ottino, Vierge à l’enfant avec des saints (premier quart du XVIIe siècle ; huile sur ardoise, 48 x 26 cm). Soumis par : Dickinson. Demande : 16 000 euros

La galerie londonienne Dickinson est l’une des rares galeries à fixer le prix des œuvres directement sur leur légende, et le coût de cette œuvre intéressante de Pasquale Ottino est visible sur l’étiquette de prix qui l’accompagne. Vendue aux enchères en Angleterre il y a quelques mois comme une œuvre du cercle du peintre véronais, elle est présentée à nouveau au BIAF comme une œuvre réalisée de sa main. Le prix relativement bas est également dû au fait qu’en regardant la surface de l’œuvre, on peut facilement voir les signes des siècles qui nous séparent de son exécution, mais il s’agit néanmoins d’une belle pièce, un exemple élégant et typique d’une technique qui a caractérisé les arts à Vérone entre le XVIe et le XVIIe siècle, la peinture à l’huile sur ardoise, un matériau abondant dans la ville, et qui a donné aux artistes l’occasion d’expérimenter des effets luministes intenses en accord avec la poétique sombre de l’époque. Ottino était l’un des plus importants et des plus talentueux des peintres véronais caravagesques, et l’œuvre présentée par Dickinson ressemble beaucoup à une Madone avec San Lorenzo Giustiniani et un noble vénitien de la Dulwich Picture Gallery. Le décor est identique, seuls les personnages et l’étude des effets de lumière changent, en raison de l’effet d’une bougie qui est présente dans l’exemple en Angleterre (avec tout ce que cela implique) et non dans celui du BIAF : une absence qui contribue à une atmosphère plus sombre.

Pasquale Ottino, Vierge à l'enfant avec des saints (premier quart du XVIIe siècle ; huile sur ardoise, 48 x 26 cm)
Pasquale Ottino, Vierge à l’enfant avec des saints (premier quart du XVIIe siècle ; huile sur ardoise, 48 x 26 cm)

4. Modèle de toilette miniature (fin du XVIIIe - début du XIXe siècle ; bronze ciselé et doré, nacre, cristal de Bacarat). Présenté par : Michele Gargiulo Antiquaire. Demande : 15 000 euros

Objet raffiné et gracieux, ce modèle de toilette miniature, présenté par Michele Gargiulo Antiquario, se distingue par la grande finesse de son exécution. Malgré sa petite taille, l’artisan qui l’a réalisé a reproduit avec grand soin tous les détails d’une table de toilette typique de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle, sans négliger même les petits flacons en cristal de Bacarat qui servaient à contenir les parfums, les onguents et d’autres produits similaires. On notera également la décoration du cadre du miroir et les gravures sur la nacre qui orne le plateau et le tiroir. Un objet pour les vrais amateurs du genre, qui n’est donc pas à la portée de tout le monde, mais qui n’est pas non plus facile à trouver.

Modèle de toilettes miniatures
Modèle de coiffeuse miniature

5. Raffaello Sorbi, Entre les rangées de peupliers (vers 1877-1880 ; huile sur panneau, 18 x 11 cm). Présenté par : Giacometti Old Master Paintings. Demande : 12 500 euros

Dans le groupe varié des Macchiaioli se distingue le Florentin Raffaello Sorbi qui, après avoir commencé comme peintre académique, se tourne vers le nouveau langage de Banti, Fattori, Signorini et consorts, sans pour autant abandonner complètement ses liens avec un art plus traditionnel. En particulier, Sorbi s’est distingué par une production de petites huiles sur carton, de quelques centimètres, qui représentent généralement des arbres, des bois ou des scènes immergées dans ces contextes : elles sont parmi les plus singulières de sa production et sont très recherchées par les collectionneurs, peu susceptibles de rester invendues lorsqu’elles sont mises en vente aux enchères. Giacometti en a proposé plusieurs sur son stand, dont cette toile Among the Rows of Poplars , qui représente un chasseur avec son chien dans une forêt et qui est appréciée pour sa capacité à capter l’impression d’une scène vivante, rehaussée par la palette vive de Sorbi, qui est à son meilleur même dans les petits formats. L’œuvre en question a également été publiée dans le Catalogue de l’art italien du 19e et du début du 20e siècle.

Raffaello Sorbi, Parmi les rangées de peupliers (vers 1877-1880 ; huile sur panneau, 18 x 11 cm)
Raffaello Sorbi, Parmi les rangées de peupliers (vers 1877-1880 ; huile sur panneau, 18 x 11 cm)

6. Giuseppe Gambogi, Odalisque (vers 1920 ; albâtre, marbre blanc et filigrane de bronze, 34 x 17 x 36 cm). Soumis par : Robertaebasta. Demande : 12 000 euros

Giuseppe Gambogi a été l’un des sculpteurs les plus appréciés par la haute bourgeoisie toscane à la fin du XIXe siècle et, au début du XXe siècle, il a su actualiser sa manière au goût de l’Art nouveau sans dédaigner une certaine dose d’orientalisme. Aujourd’hui, ses plus grandes œuvres peuvent atteindre des cotations de plusieurs dizaines de milliers d’euros. L’Odalisque présentée par Robertaebasta est un petit condensé de l’art du sculpteur pisan au début du XXe siècle. Belle œuvre en albâtre, portant d’ailleurs sa signature sous le socle, elle se distingue dans le contexte d’une production plus importante de l’artiste toscan par le fait qu’ici Gambogi décide de combiner habilement différents matériaux, dont l’albâtre, ce qui confère à l’œuvre une légèreté qu’il n’est pas si facile de trouver dans son corpus.

Giuseppe Gambogi, Odalisque (vers 1920 ; albâtre, marbre blanc et filigrane de bronze, 34 x 17 x 36 cm)
Giuseppe Gambogi, Odalisque (vers 1920 ; albâtre, marbre blanc et filigrane de bronze, 34 x 17 x 36 cm)

7. Artiste florentin, Perruches sur des branches (fin XVIIe - début XVIIIe siècle ; lapis-lazuli de Perse, vert d’Arno et vert de Volterra, albâtre, albâtre du pont, calcédoine de Volterra, corail, brèche, jaspe de l’Arno, jaspe de Bohême sur ardoise, 14,2 x 11 cm). Présenté par : Llull Pampoulides. Demande : 10 000 euros la paire

La galerie londonienne Lullo Pampoulides rend hommage au lieu de la Biennale, Florence, avec ces deux petits tableaux réalisés avec un art typiquement florentin, le commesso in pietre dure. Il ne s’agit pas seulement de grands plateaux de table, ni de compositions particulièrement élaborées, mais aussi de carrés plus simples mais non moins intéressants et ingénieux : il suffit de voir comment l’artiste anonyme qui a exécuté ces deux perroquets a juxtaposé les petites pierres de forme appropriée (il s’agit de la technique du commesso, semblable à la mosaïque : un dessin est d’abord tracé, puis rempli en façonnant les pierres colorées pièce par pièce, qui sont ensuite juxtaposées avec de minuscules joints) pour recréer l’effet de la variété des couleurs du plumage du perroquet. La subtilité des fruits est également à souligner : le veinage naturel des pierres a été utilisé pour suggérer l’effet de l’ombrage des pêches ou de la meurtrissure des poires. Deux objets de petites dimensions, mais de grande qualité.

Artiste florentin, Perruches sur des branches (fin XVIIe - début XVIIIe siècle ; lapis-lazuli de Perse, vert de l'Arno et de Volterra, albâtre, albâtre du pont, calcédoine de Volterra, corail, brèche, jaspe de l'Arno, jaspe de Bohême sur ardoise, 14,2 x 11 cm)
Artiste florentin, Perruches sur des branches (fin XVIIe - début XVIIIe siècle ; lapis-lazuli de Perse, vert d’Arno et vert de Volterra, albâtre, albâtre du pont, calcédoine de Volterra, corail, brèche, jaspe d’Arno, jaspe de Bohême sur ardoise, 14,2 x 11 cm).

8. Agustín Cárdenas, Sans titre (1980-1990 ; étude à l’échelle en plâtre, hauteur 27 cm). Soumis par Romano Fine Art : Romano Fine Art. Demande : €4,000.

Romano Fine Art présente une série d’études en plâtre du grand sculpteur cubain Agustín Cárdenas, provenant directement de son atelier. Cárdenas, descendant d’esclaves africains déportés dans les Caraïbes, est parvenu à un style très personnel qui fusionne l’avant-garde européenne (de Hans Arp à Brancusi) avec la mémoire de ses ancêtres, faisant de lui l’un des artistes les plus importants du mouvement de la “négritude”. Dans les dernières années de sa carrière, avant de retourner définitivement à Cuba, il a vécu et travaillé en Versilia, et c’est d’ici que ces plâtres viennent à la rencontre de grandes œuvres en marbre ou en bronze, comme Le coq conservé au MudaC de Carrare, une œuvre en marbre à laquelle le plâtre présenté au BIAF semble se rattacher.

Agustín Cárdenas, Sans titre (1980-1990 ; étude à l'échelle en plâtre, hauteur 27 cm)
Agustín Cárdenas, Sans titre (1980-1990 ; étude à l’échelle en plâtre, hauteur 27 cm)

9. Baloo, Livre de la jungle (1967 ; tempera sur acétate, 26,5 x 21 cm). Présenté par : Secol-Art. Prix demandé : 3 500 euros.

Sur le stand de la galerie Secol-Art du couple Masoero se trouve un cel original de production du film de Disney Le Livre de la Jungle (1967), représentant l’ours Baloo. Un cel, dans les anciennes techniques d’animation, est une fine feuille de plastique (le nom est une contraction de “celluloïd”) sur laquelle la trame du film a été peinte à la détrempe, à l’acrylique ou à l’aide d’une autre peinture. Ils étaient peints sur du plastique transparent pour des raisons pratiques : les fonds, en effet, restaient fixes, et les peintres employés à la réalisation des scènes n’avaient donc plus qu’à peindre les détails en mouvement, qui se superposaient ensuite, image par image, sur le fond pour donner naissance à l’animation. Un travail long, lent et minutieux pour une technique d’animation qui n’est plus utilisée aujourd’hui en raison de l’avènement du numérique : les cel’s de production originaux sont donc devenus des objets particulièrement recherchés par les collectionneurs de films d’animation.

Baloo, Livre de la jungle (1967 ; tempera sur acétate, 26,5 x 21 cm)
Baloo, Livre de la jungle (1967 ; tempera sur acétate, 26,5 x 21 cm)

10. Ruines romaines antiques (premier quart-milieu du 19e siècle ; micromosaïque). Présenté par : Maurizio Brandi Antiquario. Demande : 1 800 euros.

Les micromosaïques étaient des objets particulièrement en vogue pendant le Grand Tour : produites surtout à Rome et représentant des vues réelles ou imaginaires de la ville, elles étaient vendues aux grands touristes qui cherchaient des objets pratiques et peu coûteux avec lesquels ils pourraient ramener un souvenir de l’Italie. Certains artistes se sont spécialisés dans cette technique particulière. Les motifs pouvaient être simples ou particulièrement élaborés, mais les dimensions ne dépassaient généralement pas quelques centimètres. La micromosaïque vendue par Maurizio Brandi semble représenter une vue précise des Forums impériaux : à droite le Temple de Saturne, au centre le Temple des Dioscures et à gauche l’Arc de Septime Sévère. Le voyageur qui pouvait acheter cet objet dans la Rome du début du XIXe siècle savait donc qu’il avait avec lui un morceau du Forum, l’une des vues les plus caractéristiques de Rome, reproduite dans une mosaïque simple mais savoureuse.

Ruines romaines antiques (premier quart-milieu du 19e siècle ; micromosaïque)
Ruines romaines antiques (premier quart-milieu du 19e siècle ; micromosaïque)

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