Art Basel reprend son nom et redécouvre le Grand Palais : une foire monumentale


Elle a retrouvé son ancien siège institutionnel, l'imposant Grand Palais, et a définitivement consacré son nouveau nom, Art Basel Paris, la grande foire qui marque le calendrier annuel du monde de l'art : voici le meilleur de ce que l'on peut y trouver.

Elle a retrouvé son ancien lieu institutionnel, l’imposant Grand Palais, et a définitivement consacré son nouveau nom, Art Basel Paris, la foire multi-sites qui, de ville en ville, marque le calendrier annuel de l’ensemble du monde de l’art et crée une série d’événements corollaires.

Cette édition parisienne réunit 194 galeries internationales dont 51 en sont à leur première participation, résultat des choix opérés au cours de ces trois années de direction par Clément Delépine qui porte un regard particulier sur les galeries de recherche représentées par la section Emergence. Mais en même temps, il s’est ouvert au passé avec Premise qui voit 9 galeries impliquées dans autant de projets curatoriaux, construits sur des œuvres créées avant 1900, c’est-à-dire dans le “lointain” 19e siècle et où l’on peut même admirer - et acheter - Klimt.



Le Grand Palais pour Art Basel Paris, 2024
Le Grand Palais pour Art Basel Paris, 2024

Mais c’est au cœur de la monumentale structure de verre et d’acier du Grand Palais que se trouvent les galeries emblématiques, celles qui dictent les lignes du marché, comme Hauser & Wirth, qui ouvre avec un Joffrey Gibson qui semble “détaché” de la série présentée au pavillon américain de cette Biennale de Venise. Il y a aussi une sculpture portable de Luise Bourgeois : une araignée en bronze de dimensions plus réduites que celles vues récemment dans les deux rétrospectives italiennes (Galleria Borghese à Rome et Museo del Novecento à Florence). La même galerie déstabilise avec un tableau suprématiste de Malevitch, artiste détonateur de l’avant-garde russe, dont elle ne communique pas le prix. Gagosian lui fait écho non loin de là avec des noms comme Gerard Richter, Philip Guston, Picasso et une grande toile d’Helen Frankenthaler de 1966 que l’on peut également voir en Italie en ce moment, tant dans sa galerie à Rome que dans la grande exposition que lui consacre le Palazzo Strozzi à Florence.

Les galeries britanniques font la part belle à la sculpture avec Tony Cragg à Lisson et Anthony Gormely et Mona Hatoum à White Cube. Le mérite en revient à ceux qui, au fil des ans, ont su maintenir une ligne d’exposition lisible et cohérente, comme le new-yorkais Matthew Marks avec des propositions toujours marquées par une note d’ironie, tel le Saint Michel en polyester vert de Katharina Fritsch. David Zwirner s’intéresse également aux monstres sacrés de la peinture contemporaine : de deux extraordinaires toiles des années 1960 de Gerhard Richter à Luc Tuymans, en passant par la star sud-africaine - également admirée à Venise dans son exposition personnelle en 2023 au Palazzo Grassi - Marlene Dumas dont les prix s’échelonnent de 2 à 10 millions d’euros. Marian Goodman rend hommage à l’artiste française sophistiquée Annette Messager avec un papier peint de 2017 et quelques œuvres sur papier plus récentes ; un choix similaire pour Paula Cooper, qui présente la série photographique des Dormeurs (1979) de Sophie Calle sur le mur extérieur.

La Galleria Continua italienne s’intéresse également aux artistes français qu’elle représente : d’un grand Daniel Buren de 2024 à une “ maquette ” d’Eva Jospin en passant par une installation d’Adel Abdessemed : Bristow est un banc en acier avec un pigeon grandeur nature littéralement positionné devant un fusain grand format qui occupe tout le mur.

Toujours en Italie, ou plutôt à Naples, Lia Rumma tire un trait sur la grande exposition sur l’Are Povera qui vient de s’ouvrir à la Bourse de Commerce - Fondation Pinault avec des noms comme Gilberto Zorio, Ettore Spalletti et Michelangelo Pistoletto, tandis qu’Alfonso Artiaco présente le résultat de ses propres recherches qu’il mène depuis des années avec la belle confrontation entre Ann Veronica Janssens, Jana Schröder et Veronica Bisetti.

Toujours dans le domaine de la photographie, le dialogue proposé par la galerie suisse Mai 36 entre des maîtres comme Luigi Ghirri, auquel elle consacre une petite salle, et Thomas Ruff et la peinture sophistiquée sur daim de Poppy Jones est très intéressant.

La galerie Jack Shainman de New York se concentre sur les noms consacrés de l’art “noir”, comme les tapisseries en aluminium recyclé du Ghanéen El Anatsui, les portraits de famille de Lynette Yiadom-Boakye ou l’abstractionniste nigérian Odili Donald Odita.

En vertu également d’une Biennale vénitienne qui relance le Sud global, il est intéressant de noter la présence d’importantes galeries sud-américaines telles que les brésiliennes A Gentil Carioca et Luisa Strina. Cette dernière est notamment en phase avec les choix curatoriaux de la Biennale encore en cours, avec des œuvres d’Anna Maria Maiolino, Career Lion in 2024, et de Sonia Gomes, l’une des artistes choisies par Chiara Parisi et Bruno Racine pour le Pavillon du Vatican. Parmi les artistes émergents, on trouve également l’artiste mexicain Labor, qui séduit par une installation végétale extrêmement radicale.

Galerie Matthew Marks, Art Basel Paris, 2024
Galerie Matthew Marks, Art Basel Paris, 2024
Galerie Gagosian, Art Basel Paris, 2024
Galerie Gagosian, Art Basel Paris, 2024
Alfonso Artiaco, Art Basel Paris, 2024
Alfonso Artiaco, Art Basel Paris, 2024
Adel Abdessemed à la galerie Continua, Art Basel Paris, 2024
Adel Abdessemed à la galerie Continua, Art Basel Paris, 2024
Lia Rumma, Art Basel Paris, 2024
Lia Rumma, Art Basel Paris, 2024
Asuka Anastacia Ogawa à la galerie Blum, Art Basel Paris, 2024
Asuka Anastacia Ogawa à la galerie Blum, Art Basel Paris, 2024
Nuri Koerfer à la galerie Lars Friedrich, Art Basel Paris, 2024
Nuri Koerfer à la galerie Lars Friedrich, Art Basel Paris, 2024
Zinelli à la galerie Christian Berst, Art Basel Paris, 2024
Zinelli à la galerie Christian Berst, Art Basel Paris, 2024
Poppy Jones à la galerie Mai 36, Art Basel Paris, 2024
Poppy Jones à la galerie Mai 36, Art Basel Paris, 2024

Les surprises viennent naturellement des jeunes galeries de la section Emergence qui consacrent - intelligemment - tout l’espace à un seul artiste, comme Nuri Koerfer, sculpteur de 40 ans, présenté par la galerie berlinoise Lars Friedrich.

Plus rare est le choix d’une exposition personnelle dans les galeries les plus fortes, mais parmi celles-ci, on notera le très beau stand de la galerie Blum consacré aux acryliques très récentes de la jeune Asuka Anastacia Ogawa, capable de créer un univers au graphisme onirique. Même démarche pour la galerie Christian Berst qui présente Carlo Zinelli (1916-1974), un artiste que même l’Italie n’a redécouvert que récemment.

Il y a sans aucun doute un “effet Bâle” qui touche toute la ville, non seulement avec un système bien ancré de conférences, d’expositions et de foires collatérales, mais aussi avec les grandes maisons de vente aux enchères qui ont proposé cette semaine des pièces extraordinaires telles qu’une coupe de l’artiste de 1968, une pièce de l’artiste de l’époque et une autre de l’artiste de l’époque.des pièces extraordinaires comme une coupe de Lucio Fontana de 1968 chez Christie’s(Spatial Concept - Waiting, 1968) ou une version des Nymphéas de Monet déjà vendue 60 millions de dollars à New York et exposée dans les locaux parisiens de Sotheby’s. Enfin, parmi les occasions “satellites”, il convient de mentionner l’exposition de l’œuvre de Lucio Fontana à Paris.

Enfin, parmi les événements “satellites” qui sont devenus des rendez-vous fixes - notamment parce qu’ils se déroulent dans le splendide hôtel particulier qui a appartenu à Karl Lagerfeld - il y a Basel Design qui accueille les plus importantes galeries du secteur et qui, cette année, célèbre également l’Italien Gaetano Pesce, décédé en avril 2024 à l’âge de 84 ans (Salon 94 Gallery, New York).


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