Du 20 décembre 2018 au 6 mai 2019, le Palazzo Madama de Turin présente l’exposition Madame royales : culture et pouvoir de Paris à Turin, qui documente la vie et l’action de deux femmes qui ont imprimé un fort développement à la société et à la culture artistique dans l’État de Savoie entre 1600 et 1700 : Christine de France (Paris, 1606 - Turin, 1663) et Marie Jeanne Baptiste de Savoie Nemours (Paris, 1644 - Turin, 1724). Deux figures emblématiques de l’histoire européenne, qui ont exercé leur pouvoir décliné au féminin pour affirmer et défendre leur rôle et l’autonomie de leur État. Les actions politiques et les commandes artistiques de Madame Royale témoignent de la ferme volonté de faire de Turin une ville d’envergure internationale, capable de dialoguer sur un pied d’égalité avec Madrid, Paris et Vienne.
Avec plus de cent vingt œuvres - peintures, objets d’art, mobilier, textiles, bijoux, céramiques, dessins et gravures - l’exposition retrace chronologiquement la biographie des deux Madame Royale et raconte les liens de parenté qui les unissaient aux grandes maisons régnantes européennes, leurs actions politiques et culturelles, les choix artistiques pour leurs résidences, les fêtes somptueuses, la mode et la dévotion religieuse. L’exposition propose un itinéraire à travers la vie de cour à l’époque baroque, dans les pièces mêmes où vécurent les deux dames, documentées non seulement dans leur image politique, mais aussi dans leur image plus intime et féminine.
La première section est consacrée à Christine, ou plus précisément à Chrestienne de France, fille du roi français Henri IV de Bourbon et de Marie de Médicis, arrivée de Paris à Turin en 1619 à l’âge de treize ans, épouse de Victor Amédée Ier de Savoie. Elle est introduite dans l’exposition par une splendide série de portraits qui constituent son album de famille : ses parents, souverains de France, son frère Louis XIII, qui monte sur le trône en 1610 à la suite de l’assassinat de son père, et sa sœur Enrichetta Maria, reine d’Angleterre et épouse de Charles Ier Stuart. Ce mariage renforce l’alliance entre le Piémont et la France, consolidant la position des Savoie parmi les maisons royales d’Europe. Amoureuse des festivités, Cristina conserve la tradition espagnole du zapato, célébré le jour de la Saint-Nicolas par l’échange de riches cadeaux, et inaugure à Turin la saison des ballets de cour, à l’instar de Paris. L’auteur de nombreux textes et chorégraphies est le comte Filippo d’Aglié, présent dans l’exposition dans un beau portrait inédit, un courtisan raffiné, son amant et fidèle conseiller. Cristina fit agrandir et meubler deux résidences à l’extérieur de la ville : le grandiose château du Valentino, sur le Pô, et la Vigna sur les collines (aujourd’hui connue sous le nom de Villa Abegg). À côté des putti ludiques d’Isidoro Bianchi, des devises et des emblèmes éloquents, la nature est un thème omniprésent : peintures de fleurs et d’animaux, tentures en cuir, fleurs brodées et natures mortes. Veuve en 1637, Christine assure la régence de son jeune fils Charles Emmanuel et se heurte à son beau-frère, les princes Maurice et Thomas de Savoie-Carignan, partisans des Espagnols. La guerre civile dure jusqu’en 1642, date à laquelle l’accord entre la duchesse et ses beaux-frères se conclut par le mariage de sa fille Ludovica avec son oncle, le cardinal Maurice. Christina réussit à maintenir l’indépendance du duché et son propre pouvoir, qu’elle cède formellement à son fils en 1648. En réalité, elle a continué à régner jusqu’à sa mort en 1663.
Nous poursuivons avec Marie Jeanne Baptiste de Savoie Nemour : nièce d’Henri IV de France, Marie Jeanne Baptiste, dame d’honneur de la reine de France, quitte le palais de Louis XIV, le Roi-Soleil, en 1665 pour devenir duchesse de Savoie. Veuve en 1675, Marie Jeanne Baptiste règne sur le duché jusqu’en 1684, date à laquelle son fils Victor Amadeus II prend le pouvoir. Au cours de son règne, elle est confrontée à la pauvreté causée dans le Piémont par les grandes famines de 1677-1680. Afin de venir en aide aux plus démunis, elle crée un Monte di prestito et fonde l’hôpital de San Giovanni Battista dans la zone d’expansion orientale de la ville. Parallèlement, il nourrit des rêves ambitieux dans l’espoir de voir son fils occuper le trône du Portugal et favorise la création de l’Académie des beaux-arts de Turin. Pour sa résidence, le Palazzo Madama, Maria Giovanna Battista invite en 1718 l’architecte Filippo Juvarra de Messine à concevoir le grand escalier d’honneur du Palazzo Madama, chef-d’œuvre absolu du baroque européen.
Il y a aussi de la place pour la vie quotidienne du palais, qui est bien représentée dans l’exposition avec des peintures et des objets : les conversations entre les dames, la table, le moment de s’habiller avec de petits objets précieux. La vie à la cour est régie par un cérémonial précis et se déroule dans des pièces qui reflètent le goût des duchesses : meubles dans le goût français, comme la table basse en écaille et métal précieux du célèbre ébéniste Pierre Gole(Bergen, 1620 - Paris, 1684), plateaux de table en stuc peint, tentures murales en “corame d’Olanda” et horloges.
Au fil des décennies, à Turin comme en Europe, l’attrait pour l’Orient se développe avec des meubles “à la chinoise”, de la porcelaine et des produits des colonies : thé, café, chocolat. La dévotion religieuse joue un rôle important dans la vie de Madame Royale. Christina encourage l’arrivée des ordres carmélites à Turin et Maria Giovanna Battista entretient son propre appartement dans le monastère des carmélites. Les icônes sacrées et les livres de prières sont toujours des compagnons fidèles de la brillante vie de cour.
Là encore, l’exposition souligne le rôle de la mode : Christina affirme en effet la mode de s’habiller à la française, un choix “politique” qui remplace l’habillement à l’espagnole des années de Charles-Emmanuel Ier et de Catherine d’Autriche. Les silhouettes changent, tout comme le choix des tissus et des bijoux, avec pour protagonistes les diamants et les perles, guidés par les instructions des ministres à Paris. De là viennent les gants parfumés et les robes brodées des ducs, qui portent des dentelles d’argent et d’or, en provenance de Venise et des Flandres, épousant pleinement la passion galopante pour la dentelle. En tant que régentes, Christina et Maria Giovanna Battista sont représentées en deuil, développant ainsi une image qui soutient leur autorité et leur pouvoir.
Les œuvres exposées proviennent de prêts de collectionneurs privés et d’importants musées italiens et étrangers : le Polo Museale del Piemonte, avec des portraits provenant de la pinacothèque du château de Racconigi, les Musées royaux de Turin, la Bibliothèque nationale universitaire de Turin, les Galeries des Offices et le Musée de l’argenterie de Florence, le Musée du textile et le Musée des beaux-arts de Lyon, le Musée de la Renaissance d’Écouen, le Musée du Prado de Madrid, le Musée du château de Versailles. Parmi les artistes exposés : Anton Van Dyck, Frans Pourbus le Jeune, Giovanna Garzoni, Francesco Cairo, Philibert Torret, Giovenale Boetto, Jacques Courtilleau Charles Dauphin, Pierre Gole, Carlo Maratta, Maurizio Sacchetti, Filippo Juvarra. L’exposition est organisée par Clelia Arnaldi di Balme et Maria Paola Ruffino. Pour plus d’informations, visitez le site officiel du Palazzo Madama en cliquant ici.
Photo : Francesco Cairo, La fille du pharaon accueille Moïse sauvé des eaux (vers 1645 ; huile sur toile).
Une grande exposition au Palazzo Madama sur Christina de France et Marie Jeanne Baptiste de Savoie Nemours |
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