Les grands noms du Newbrow italien s'exposent à Pietrasanta avec des œuvres historiques et inédites.

Les espaces du Complesso di Sant’Agostino de Pietrasanta accueillent le nouveau rendez-vous du projet italien Newbrow, développé par Ivan Quaroni depuis sa participation à la Biennale de Prague en 2009, et dont le commissariat, dans cette nouvelle étape promue par la Commune de Pietrasanta, est assuré par Quaroni lui-même et Valerio Dehò.

Du 20 juin au 12 septembre 2021, dans l’église, dans la Sala dei Putti et dans la Sala Capitolo, seront exposées plus de soixante œuvres (œuvres sur toile, sur papier, sur carton et installations vidéo), souvent inédites, des artistes Silvia Argiolas, Vanni Cuoghi, Paolo De Biasi, Fulvia Mendini, Laurina Paperina, Giuliano Sale et Giuseppe Veneziano.

Italian Newbrow présente et promeut un échantillon significatif de la peinture italienne contemporaine qui a été capable d’intérioriser les changements culturels et sociaux de la société moderne liquide théorisée par Zygmunt Bauman à travers l’élaboration de langages hétérogènes, dans lesquels coexistent différentes attitudes picturales.

Newbrow est un néologisme anglo-saxon qui se situe entre les termes lowbrow et highbrow qui stigmatisent l’opposition entre l’art populaire et l’art cultivé. Le Newbrow italien n’est donc pas une langue ou une école de pensée, mais plutôt une attitude, un penchant, une manière de penser qui s’appuie simultanément sur une pluralité de sources iconographiques, avec des références qui incluent à la fois des allusions à la culture populaire (bande dessinée, illustration, cinéma et actualités) et des références à la haute culture (histoire de l’art, littérature, architecture et design).

Au sein de Newbrow, il y a deux âmes : l’aile pop, communicative et narrative, représentée par les artistes Laurina Paperina, Fulvia Mendini et Giuseppe Veneziano, qui utilisent des codes linguistiques proches de la bande dessinée, de l’illustration et du design, pour construire un commentaire sur la culture globale contemporaine ; l’aile formaliste, représentée par Vanni Cuoghi, Paolo De Biasi, Giuliano Sale et Silvia Argiolas, plus attentifs à la définition d’un langage capable de combiner l’expérimentation technique et la recherche conceptuelle. Dans les deux cas, la référence plus ou moins voilée aux iconographies de l’histoire de l’art constitue un élément récurrent de ce patrimoine iconographique italien (et européen), qui continue à faire surface dans les codes visuels de la contemporanéité.

Chacun des artistes choisis pour l’exposition de Pietrasanta devient ainsi un interprète à sa manière, et de façon très différente, de cette combinaison de haute et de basse culture. L’imagerie picturale de Silvia Argiolas, qui présente à cette occasion des tableaux inédits, est l’histoire d’une condition de marginalité sociale et, en même temps, l’examen d’une expérience qui, contre la fausseté et la virtualité du monde numérique, élit la vérité du corps et de la psyché comme sauvegarde de l’individu.

Les œuvres de Vanni Cuoghi dans l’exposition, des toiles réalisées entre 2019 et 2021, montrent l’évolution de sa grammaire picturale, des stylisations illustratives typiquement pop à la définition d’un langage suspendu entre beauté et horreur, entre éléments classiques et pop, qui se prête bien à la transposition des angoisses contemporaines dans une tonalité symbolique et fantastique.

Les intérieurs néo-métaphysiques de Paolo De Biasi sont organisés comme des décors de studio : un espace déconstruit qui interprète la réalité comme un enchevêtrement simultané de lieux et d’épisodes narratifs, qui restituent le sens de l’urgence et de la vitalité de l’expérience humaine.

Les physionomies de Fulvia Mendini (une douzaine d’acryliques sur panneau sont exposées) font allusion à l’éternel féminin, purgé toutefois de toute connotation dramatique. Les fées et nymphes victoriennes côtoient les Vénus préraphaélites et les dames sécessionnistes interprétées à la lumière d’une grammaire ultraplate. L’artiste construit un univers bidimensionnel apparemment simple qui recèle des références à des épisodes raffinés de l’histoire de l’art.

L’exposition présente une importante sélection de toiles et de vidéo-animations de Laurina Paperina dont le langage puise dans le vaste répertoire de l’iconographie pop, en l’adaptant à un style linéaire et synthétique qui permet à l’artiste d’aborder les thèmes les plus sanglants avec une attitude de cynique candeur.

Giuliano Sale peint des corps et des espaces fragmentés qui sont une pure projection mentale de ses états d’âme, dans lesquels des lambeaux de l’imagerie picturale des grands maîtres du passé sont filtrés par un style pictural qui alterne précision et gestuelle, construction et décomposition, férocité et élégance, le tout condensé dans un langage original et unique.

À la croisée de la réalité et de la fiction, de la fantaisie et de la chronique, la peinture de Giuseppe Veneziano (exposée avec certaines de ses œuvres les plus célèbres, telles que Self Portrait, Mc Emmaus et Michael Jackson’s Pieta, de 2010) est marquée par un style synthétique et une palette de couleurs qui s’oriente vers les tons pastel : Des courts-circuits narratifs qui nous incitent à reconsidérer la frontière floue entre le réel et le vraisemblable, comme lorsqu’il récupère une iconographie artistique du passé pour la transformer en un commentaire sur les vices et les vertus du monde contemporain.

L’exposition est accompagnée d’un catalogue publié par NFC Edizioni, avec des textes critiques de Valerio Dehò et Ivan Quaroni.

Pour toute information, veuillez appeler le +39 0584 795500 ou visiter le site officiel du Museo dei Bozzetti.

Photo : Laurina Paperina, Atomic Bomb (acrylique sur toile ; 120 x 170 cm)

Les grands noms du Newbrow italien s'exposent à Pietrasanta avec des œuvres historiques et inédites.

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