La Galerie nationale de Cosenza accueille une exposition de gravures d'Édouard Manet


Manet en noir et blanc : la Galerie nationale de Cosenza consacre une exposition au grand artiste français en présentant, jusqu'au 25 avril, trente chefs-d'œuvre gravés de la prestigieuse édition Strölin qui propulsent le public dans le Paris de la fin du XIXe siècle.

L’exposition Manet. Noir et blanc rend hommage à un artiste révolutionnaire né et ayant vécu dans le Parisdu XIXe siècle, portraitiste hors pair et père spirituel de l’impressionnisme : Édouard Manet. C’est une occasion unique de connaître et d’apprécier un corpus exceptionnel de 30 chefs-d’œuvre gravés, issus de la prestigieuse édition Strölin, qui nous projette dans le Paris de la fin du XIXe siècle, dans une métropole en pleine effervescence créative et culturelle, au moment précis où s’opère, dans l’histoire de l’art, le passage à la modernité.

L’exposition, conçue et produite par l’Association N.9 et organisée par Alessandro Mario Toscano et Marco Toscano, célèbre les brillantes réalisations de Manet en tant qu’artiste graphique. L’exposition sera accueillie dans les salles raffinées de la Galerie nationale de Cosenza du 24 mars au 25 avril 2023.



La production graphique expérimentale et innovante de Manet est considérée comme fondamentale dans le développement des techniques d’impression. Les gravures exposées, publiées en 1905, ont été imprimées à titre posthume à partir des planches originales de Manet par Alfred Strölin, un important collectionneur et marchand allemand. Les 30 planches publiées en 1894 par Dumont (dont les 23 du portfolio édité par Suzanne Manet pour Gennevilliers en 1890) représentent une collection exhaustive de la production de l’artiste. Elles furent finalement biffées par Strölin lui-même pour éviter de nouvelles impressions. L’ami poète Charles Baudelaire a décrit le noir comme la couleur du XIXe siècle et Manet est passé maître dans son utilisation. C’est la recherche d’une immédiateté expressive, l’attention portée aux valeurs de la matière, la synthèse des formes, la vérité picturale des objets qui ont conduit Manet tout droit sur la voie d’une véritable révolution figurative. Fidèle à l’exigence de naturel poursuivie en peinture, Manet se donne à l’art graphique avec l’engagement d’un homme de science et la fraîcheur de celui qui regarde la vie avec un étonnement inépuisable. A la “vraie vie”, celle de tous les jours, qui s’étale sous nos yeux et devient dans ses moindres détails prétexte à une nouvelle histoire.

Lorsque, enfant, il note en marge d’un texte de Diderot “il faut être de son temps et faire ce que l’on voit”, Manet ne se doute peut-être pas encore que cette phrase, écrite sur le vif, influencera toute sa carrière et que Baudelaire, pensant à ses impressions, louera un jour son “goût décidé pour la vie moderne”. Ce même goût qui revient, avec des nuances différentes, dans tous les sujets du corpus gravé et qui, dans l’édition Strölin, se révèle par étapes, avec de nouvelles inflexions et de petites découvertes. Son extraordinaire sens du réel s’accroît, en noir et blanc, dans l’immédiateté, grâce à son utilisation instinctive du trait, fruit d’une longue affection pour le dessin. Contrairement à la méthode de Goya, son mentor bien-aimé, constamment cité dans ses toiles comme dans ses gravures, Manet aborde la matrice comme s’il s’agissait d’un carnet de notes fortuit. Sans préméditer les sujets, mais en traçant les formes en toute liberté. État après état, le point griffe différentes zones de la composition, épaississant la maille de l’arrière-plan, cherchant le noir absolu, et amincissant les touches du premier plan pour laisser les figures en pleine lumière. Son coup de pinceau doit être court et violent, intuitif et sans règles, tout comme son signe est posé dans l’urgence, frais et immédiat.

L’exposition est accompagnée d’un catalogue.

Illustration : Édouard Manet, Le Guitariste espagnol (1861), gravure

La Galerie nationale de Cosenza accueille une exposition de gravures d'Édouard Manet
La Galerie nationale de Cosenza accueille une exposition de gravures d'Édouard Manet


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