Exposition de kimonos de la première moitié du XXe siècle à Gorizia


Du 21 novembre 2018 au 17 mars 2019, les kimonos de la collection Manavello sont exposés au musée de la mode et des arts appliqués de Gorizia.

Le musée de la mode et des arts appliqués de Gorizia propose une exposition entièrement dédiée aux kimonos, du 21 novembre 2018 au 17 mars 2019. Pas n’importe quels kimonos, mais ceux produits au Japon entre 1900 et les années 1940, des pièces qui reflètent la volonté impériale d’occidentaliser le pays. L’exposition s’intitule Occidentalism. Modernité et art occidental dans les kimonos de la collection Manavello. 1900-1950.

De même qu’au siècle précédent, le japonisme avait explosé dans toute l’Europe, influençant une part importante de la production artistique, au début du XXe siècle, le goût occidental a explosé au Japon. Cet élan de nouveauté investit également le vêtement emblématique de la tradition : le kimono. Les motifs traditionnels sont flanqués de dessins colorés qui rappellent le cubisme, le futurisme et d’autres courants artistiques européens. Un kimono insolite, célébrant le pacte tripartite Rome-Berlin-Tokyo de 1940, où le drapeau italien est à moitié caché dans les coutures, tandis que le soleil levant et la croix gammée sont omniprésents.



On a beaucoup parlé et écrit sur l’orientalisme et plus particulièrement sur le japonisme, ou l’influence des arts japonais sur les arts européens à la fin du 19e et au début du 20e siècle, mais on sait encore peu de choses sur la relation inverse, ou sur le phénomène complexe et multiforme qui a conduit certains arts japonais à assimiler des formes et des contenus d’une matrice nettement occidentale : C’est le cas de la peinture, qui a interprété à l’origine la leçon de la perspective, et des kimonos, qui, plus que toute autre forme d’art, ont été influencés par l’évolution de la société japonaise de l’époque, dont ils ont fidèlement transféré les effets sur le tissu, utilisé comme surface picturale.

Parmi les rares musées consacrés à la mode dans le pays, le musée de la mode de Gorizia est désormais le premier musée italien à se pencher sur un secteur très particulier de l’art, offrant au public une nouvelle et surprenante section transversale de l’histoire culturelle. Cette période est l’une des plus complexes et des plus troublées de l’histoire du Japon, celle de la transition d’un État féodal à une superpuissance redoutée, qui a culminé avec la Seconde Guerre mondiale.
D’un point de vue socioculturel, le pays du soleil levant a vécu cette période (fin du XIXe siècle/début des années 1940) dans une attitude conflictuelle, entre l’excitation des nouveautés venues d’outre-mer et l’attachement rassurant à la tradition.

Dans l’imaginaire collectif occidental, le kimono représente l’icône même du Japon sous son aspect persuasif de raffinement et d’exotisme. Mais peu savent qu’une part importante des kimonos produits dans la première moitié du XXe siècle, les kimonos Meisen, échappe résolument à cette catégorie, adoptant les fantaisies suggérées par les mouvements d’avant-garde (de la Sécession viennoise à l’école de Glasgow, du futurisme au cubisme, du divisionnisme à l’expressionnisme abstrait de Jackson Pollock), en s’inspirant de la tradition japonaise.l’expressionnisme abstrait de Jackson Pollock), inspirées par des faits historiques contemporains, ou encore par des réalisations technologiques, dans un kaléidoscope passionnant et très surprenant de couleurs, de motifs, de décorations et de techniques de tissage, également inspirées de la production textile occidentale.

L’exposition présente 40 pièces, dont des kimonos et des haori (surkimonos), une sélection particulièrement significative du contexte illustré, afin de faire découvrir au public un secteur jusqu’ici peu exploré de la production textile japonaise. Les vêtements exposés sont des vêtements raffinés, destinés à une classe moyenne supérieure, non destinés à l’exportation. Ils ont pu être appréciés par des personnes d’une certaine culture ou même simplement curieuses ou désireuses de paraître à la page. Tous avaient certainement une vision : leur pays à l’égal des grandes nations du monde, capable d’assimiler leurs connaissances, leurs coutumes, mais fier de sa propre diversité.

Les 40 pièces exposées, ainsi que les obi, les estampes, les illustrations et les magazines, proviennent d’une importante collection italienne, la collection Manavello. L’ensemble de cette collection est beaucoup plus vaste et comprend des vêtements pour hommes, femmes et enfants, traditionnels ou non, des objets et du mobilier liés à la tenue vestimentaire et à son contexte, tels que des chaussures et des accessoires pour les cheveux, des objets pour la cérémonie du thé, des poupées et de la documentation en papier. Pour plus d’informations, vous pouvez cliquer sur ce lien.

Sur la photo : un haori, un surkimono informel pour femmes (années 1950-1960 ; taffetas de soie, doublure en taffetas de viscose, réserve sur des groupes de fils - shibori - en chaîne et en trame, katagami sur la trame avant le tissage ; collection Manavello). Photo de Luigi Vitale

Exposition de kimonos de la première moitié du XXe siècle à Gorizia
Exposition de kimonos de la première moitié du XXe siècle à Gorizia


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