Entre signe et silence, l'art d'Irma Blank exposé au Castello di Miradolo

Du 14 octobre au 26 novembre 2023, le Castello di Miradolo de San Secondo di Pinerolo (Turin) consacre une exposition à Irma Blank (Celle, 1934 - Milan, 2023), une artiste longtemps oubliée, décédée il y a quelques mois, qui a transformé l’écriture en signe. La Fondation Cosso, qui inaugure pour l’occasion le nouveau format d’exposition atempo, présente dans cette exposition (intitulée Irma Blank. Tra segno e silenzio - Entre signe et silence) vingt œuvres, dont sept jamais exposées auparavant, provenant d’importantes collections privées et grâce à la collaboration avec la galerie P420 de Bologne. L’exposition est organisée par Roberto Galimberti, coordonnée par Paola Eynard et conseillée sur le plan iconographique par Enrica Melossi.

Trois noyaux thématiques en dialogue les uns avec les autres retracent la séquence des différents cycles de travail d’Irma Blank, de la fin des années 1960 à 2023 : les œuvres, réalisées à l’aide de différentes techniques - huile sur papier transparent, biro sur polyester sur cadre en bois, huile sur toile, sérigraphie sur toile (exemple unique), feutre sur papier transparent, encre sur papier parchemin, pastel sur papier -. trois livres d’artiste, dont UR-BUCH Blue Novel, un corpus de feuilles de papier de soie bleu “qui renvoie”, explique Irma Blank, “à toute l’encre répandue au cours des siècles et s’ouvre à l’immensité de l’espace, à l’infini”, et une documentation photographique et vidéo.

Quatre salles historiques du château de Miradolo entrent en relation avec les œuvres exposées, faisant dialoguer visuellement les stratigraphies, les décorations, les fresques au pastel des plafonds et les signes d’un passé qui devient présent. Chaque salle de l’exposition est idéalement liée aux mots d’Irma Blank qui inspirent un verbe infinitif: regarder, faire, écouter, aller, dont la définition, tirée du Vocabolario Treccani, suggère quelques déclinaisons et relations possibles entre les œuvres d’Irma Blank, la Fondation Cosso et ses âmes, le château de Miradolo et son histoire.

La recherche poétique d’Irma Blank, en plus de cinquante ans de travail, sous-tend la tentative assidue, constante, tenace de libérer l’écriture de l’esclavage du sens, en rendant son autonomie au signe pur. L’écriture est liée à une inévitable tension communicative, aussi bien lorsqu’elle prend la forme d’un texte destiné à être lu par d’autres que lorsqu’elle devient une page de journal intime ou une note personnelle, dans laquelle l’autre devient l’écrivain lui-même. L’action d’arrêter le mot sur la page (et dans le temps) fait du lecteur, même s’il n’est qu’hypothétique, non seulement un spectateur ou un utilisateur, mais aussi un interprète et un auteur du mot lui-même. L’écriture asémantique d’Irma Blank, comme dans la définition de Gillo Dorfles, n’exclut pas le lecteur ou la lectrice, mais cherche, avec eux, un dialogue intime encore plus profond de relation et de découverte. D’écoute et de silence.

Depuis le début de sa carrière, le travail d’Irma Blank est structuré par une série d’œuvres au parcours absolument cohérent. À partir d’un noyau circonscrit de thèmes et de questions, chaque cycle se fond et s’articule avec les suivants dans une progression fluide et naturelle. Papiers, feuilles, toiles, livres sont les surfaces sur lesquelles se joue la relation entre le signe et le temps. L’encre, l’encre de Chine, le biros, le pastel, l’aquarelle, l’acrylique, sont les outils par lesquels les signes occupent ces surfaces et les surfaces enregistrent le temps d’une existence par le geste.

Bien que de manière différente et avec des significations différentes, la référence à l’écriture et à l’espace du livre est présente depuis les premières séries de travaux jusqu’à aujourd’hui. Ce qui change au fil des années et entre les différents cycles d’œuvres, c’est le caractère et l’intensité de cette relation, qui oscille entre la référence précoce des Eigenschriften et le mimétisme des Transcriptions, entre l’abstractionnisme complet des Avant-Textes avec leur non-écriture primordiale et l’écriture babélique des Hyper-Textes les plus récents. Ses dernières œuvres s’intitulent Gehen (aller) car, comme le dit l’artiste, “nous sommes toujours à l’intérieur de notre fabrication, dans le temps”.

Imaginer le temps en faisant est le lien idéal entre la Fondation Cosso et l’œuvre d’Irma Blank, dont l’écriture est à la fois un miroir intérieur et une ouverture sur le monde. Un projet culturel, c’est aussi écouter et prendre soin, regarder à l’intérieur et à l’extérieur, écrire un morceau d’histoire avec l’espoir qu’il devienne une mémoire partagée, vers l’avenir.

L’exposition est accompagnée d’une installation sonore inédite, conçue par le projet artistique Avant-dernière pensée, dédiée au Concerto en ré majeur pour piano et orchestre “pour la main gauche” de Maurice Ravel, qui longe le parcours de l’exposition. Le concerto a été commandé au compositeur par le pianiste autrichien Paul Wittgenstein, frère du philosophe Ludwig, qui a perdu son bras droit pendant la Première Guerre mondiale et qui l’a interprété pour la première fois à Vienne en 1931.

Parallèlement à l’exposition se déroule le projet Da un metro in giù : un parcours pédagogique pour les visiteurs de tous âges qui apprendront, avec les outils du jeu, à observer les œuvres d’art et la réalité qui nous entoure.

L’exposition peut être visitée les samedis, dimanches et lundis de 10 h à 18 h 30. Billets : 15 euros plein tarif, 12 euros réduit (groupes, plus de 65 ans, conventions), 10 euros réduit 15-26 ans, 8 euros réduit 6-14 ans, gratuit (0-5 ans, abonnés Musées et Carte Torino+Piemonte, Passeport Culturel, personnes handicapées et accompagnateurs), 5 euros Carta Giovani Città di Pinerolo, 4 euros réduit écoles.

Renseignements : 0121 502761 prenotazioni@fondazionecosso.it www.fondazionecosso.com

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Entre signe et silence, l'art d'Irma Blank exposé au Castello di Miradolo

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