À l’occasion de la Journée de commémoration de l’Holocauste, les musées municipaux de Rome Capitale accueillent ZAKHOR/RICORDA. I musei civici di Roma e la memoria attraverso l’arte, une exposition organisée par Giorgia Calò qui entend proposer une réflexion sur le drame de la Shoah à travers six installations vidéo, dans six lieux du Sistema Musei di Roma Capitale, consacrés à des œuvres créées dans le passé par des artistes israéliens contemporains.
Promu par Roma Culture, Sovrintendenza Capitolina ai Beni Culturali, l’ambassade d’Israël en Italie et la communauté juive de Rome, en collaboration avec la Fondation Italie-Israël pour la culture et les arts, le projet d’exposition fait partie de Memoria genera Futuro, le programme d’événements promu par le département de la culture de Roma Capitale à l’occasion de la Journée de commémoration de l’Holocauste de 2023.
Zakhor“, qui signifie ” se souvenir" en hébreu, est le fruit d’une réflexion sur le passé et son élaboration dans le présent. À travers l’évanescence et l’insubstantialité des œuvres, visibles uniquement sur vidéo, et leur décontextualisation par rapport au lieu qui les accueille, l’objectif est de susciter chez le public une réflexion sur le nazisme.
Les artistes impliqués se sont mesurés au passé de différentes manières, en le traitant de différents points de vue. De la provocation à la réflexion, de l’accusation à la résilience, toutes les œuvres semblent lancer un avertissement: souvenez-vous et n’oubliez pas. Préserver la mémoire, la transmettre de génération en génération, ne pas laisser le temps et la mort la faire tomber dans l’oubli, est l’une des motivations qui animent les artistes et leur créativité.
Les artistes sont Boaz Arad(The Nazi Hunters Room à la Centrale Montemartini), Vardi Kahana(Three Sisters au Museo dell’Ara Pacis), Dani Karavan(Man walking on railways au Museo di Roma), Simcha Shirman(Whose Spoon Is It? au Museo di Roma in Trastevere), Micha Ullman(Second House. Jerusalem - Rome à la Galleria d’Arte Moderna) et Maya Zack(Counterlight au Museo di Scultura Antica Giovanni Barracco).
Le projet d’exposition vise à favoriser le dialogue avec les nouvelles générations, en leur offrant un point de vue alternatif et novateur. C’est pourquoi les installations vidéo sont accompagnées d’un code QR qui permet de télécharger une carte des musées concernés, ainsi qu’un texte critique qui raconte l’histoire des artistes, leur biographie et leur production.
Certains des artistes de l’exposition sont de la deuxième génération, c’est-à-dire qu’ils sont nés après la Seconde Guerre mondiale de parents qui ont vécu en Europe sous le régime nazi et en ont subi les horreurs, fuyant d’un endroit à l’autre jusqu’à ce qu’ils atteignent la Terre d’Israël. Nés dans des familles touchées par la tragédie de la Shoah, ils ont hérité du sentiment de vide et de perte qui accompagne leur vie et leur art. Les artistes sélectionnés sont parmi les plus renommés de la scène contemporaine israélienne.
Boaz Arad (Tel Aviv 1956-2018) était peintre, sculpteur, photographe et vidéaste. Ses œuvres portent sur les concepts de mémoire et d’identité et sont imprégnées d’une veine ironique et irrévérencieuse qui aide le spectateur à assimiler la nature dramatique des thèmes abordés. La Centrale Montemartini accueille un diaporama de l’exposition qui s’est tenue au Centre d’art contemporain de Tel Aviv en 2007, lorsque l’artiste a présenté The Nazi Hunters Room.
Vardi Kahana (Tel Aviv, 1959), photographe de renommée internationale, son travail s’articule autour du message de la résilience. Le musée Ara Pacis accueille Three Sisters (1992) du cycle One Family, un cliché en noir et blanc dans lequel l’artiste immortalise l’image de sa mère, Rivka Kahana, avec ses deux sœurs Leah et Esther. Les numéros consécutifs sur leurs avant-bras révèlent l’ordre dans lequel elles ont été tatouées à Auschwitz en 1944.
Dani Karavan (Tel Aviv, 1930-2021) est l’auteur de mémoriaux dont Passages - Hommage à Walter Benjamin (Portbou, 1990-1994) et The Sinti & Roma Memorial (Berlin, 1999-2012). Le Museo di Roma au Palazzo Braschi accueille la vidéo Man walking on railways réalisée par l’artiste lors de l’exposition à Düsseldorf en 1989, centrée sur la marche d’un homme sur des rails de chemin de fer, qui devient pour Karavan un symbole de la Shoah et du transport forcé des Juifs.
Simcha Shirman (Allemagne, 1947), né de parents ayant survécu à la Shoah. Le photographe israélien est connu pour associer la représentation du visible à un concept mental d’interprétation de la réalité. Le Museo di Roma in Trastevere accueille Whose Spoon Is It ? (2011), dans lequel l’objet immortalisé est transposé dans une dimension subjective qui ne peut ignorer la signification iconologique que chacun de nous lui attribue.
Micha Ullman (Tel Aviv, 1939) connu pour ses installations souterraines, en Allemagne, lieu d’origine de ses parents, a conçu des mémoriaux dédiés à la Shoah, dont Library (1995) sur la Bebelplatz à Berlin, en souvenir des livres brûlés aux mains des nazis en 1933. La Galerie d’art moderne accueille Second Home. Jérusalem - Rome, une sculpture environnementale créée par l’artiste à Rome à l’occasion de la Journée du souvenir en 2004.
Maya Zack (Tel Aviv, 1976) tente, à travers son œuvre élaborée, de tracer une “théorie de la mémoire”. Le Musée de sculpture ancienne Giovanni Barracco accueille la vidéo Counterlight (2016), qui se concentre sur la condition individuelle du poète juif roumain Paul Celan et de sa famille pour souligner comment le délire nazi-fasciste a affecté les familles, les relations interpersonnelles, les affections, les amours, dans le but d’effacer le concept même d’humanité.
Billetterie: L’accès aux expositions sera autorisé aux détenteurs d’un billet d’entrée dans les lieux d’exposition des musées civiques hôtes, selon les tarifs en vigueur. Gratuit avec la carte MIC.
Image: Boaz Arad, The Nazi Hunters Room (2007 ; installation CCA - Tel Aviv) © Boaz Arad
Des artistes israéliens contemporains réfléchissent au drame de la Shoah dans les Musées de Rome Capitale |
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