Article publié à l’origine sur culturainrivera.it
Si l’on veut interpréter l’exposition Doppio movimento (Double mouvement ) qui accueille à Carrare, dans les espaces de l’ancien hôpital San Giacomo, quelques œuvres d’Andrea Aquilanti, on pourrait dire que l’intention de l’artiste est de suggérer au visiteur (bien qu’il ne soit pas tout à fait inapproprié de parler de spectateur pour les œuvres d’Aquilanti) qu’il existe un pont entre le passé et le contemporain, que les expériences anciennes peuvent être mises à jour et qu’un message peut transcender les époques. Aquilanti a l’habitude de travailler sur des œuvres qui font référence à l’art ancien: pour ne citer qu’un exemple, ses “vues de Rome” (il y en a d’ailleurs deux exemples dans l’exposition, à l’étage supérieur: deux panneaux montrant au public les deux côtés de la Piazza Navona) trouvent leurs racines dans le XVIIIe siècle. Une référence directe, entre autres, parce que dans certaines vues, au moyen de projections vidéo, l’artiste superpose à ses panoramas des images des célèbres galeries de Giovanni Paolo Pannini. À d’autres occasions, la référence était plutôt les prisons imaginaires de Giovanni Battista Piranesi.
À propos de Piranèse: même en se promenant dans le hall principal de l’ancien hôpital San Giacomo, on pense immédiatement au grand artiste vénitien, peut-être le meilleur interprète italien du sublime romantique. Ici aussi, l’écho puissant des prisons de Piranèse semble venir à l’esprit. La projection qu’Aquilanti a conçue pour l’environnement de Carrare vise à étendre l’espace de la salle bien au-delà de ses limites physiques : des images des structures architecturales de l’ancien hôpital sont superposées sur les murs, donnant au spectateur l’illusion d’être à l’intérieur d’un immense couloir composé de voûtes et de niches qui, comme chez Piranèse, se multiplient à perte de vue. A son tour, le visiteur voit son image se refléter sur les murs pour se voir maintenant au centre du couloir, maintenant sous une voûte, maintenant face à son ombre agrandie. Il va sans dire que Piranèse avait lui aussi inséré des figures humaines ici et là dans ses prisons.
Au bout d’un certain temps, l’amusement initial est presque remplacé par un sentiment de perplexité, une sorte de désorientation, d’abord parce que nous nous sentons observés (les autres visiteurs verront notre image même si nous essayons de nous cacher), ensuite parce que notre propre image sur les murs prend toujours d’autres dimensions et que le spectateur se retrouve souvent devant elle sans s’y attendre. Aquilanti veut-il peut-être offrir à l’observateur, à travers l’architecture, une métaphore de la société contemporaine, cette “société liquide” dont parle Bauman, qui a perdu ses repères et évolue dans un présent toujours changeant? Ou, plus simplement, s’agit-il d’une enquête sur la perception de la réalité et sur la manière dont celle-ci peut être modifiée par le geste de l’artiste, qui peut proposer à son public de nouvelles façons de voir ce qui l’entoure, transmettant ainsi un message positif qui pourrait inciter le visiteur à se remettre en question, à réfléchir, à approfondir? Autant de questions que l’installation dans l’ancien St. James’s Hospital laisse en suspens et dont les réponses dépendent de la sensibilité du public.
Des questions qui se posent également face à une autre œuvre de l’exposition, réalisée à l’aide de techniques mixtes: une reproduction du David de Donatello sur laquelle est projetée une lumière qui projette son ombre sur le mur, et à côté, sur le même mur, la silhouette de la statue de la Renaissance, réalisée elle aussi à partir de l’ombre projetée sur le mur, et colorée dans des tons particulièrement vifs. Les grandes œuvres d’art du passé demeurent, mais la manière dont le public les perçoit change radicalement, et aujourd’hui les chefs-d’œuvre des maîtres qui ont marqué l’histoire de l’art apparaissent presque comme des ombres d’eux-mêmes, des fétiches colorés muets pour un public auquel le marketing soumet continuellement des images de chefs-d’œuvre indescriptibles qui ont pourtant cessé d’envoyer des messages: le public ne sera amené, dans le meilleur des cas, qu’à juger l’œuvre en la classant dans les catégories esthétiques élémentaires du “j’aime” et du “je n’aime pas”, pour ensuite passer au chef-d’œuvre suivant dans une boulimie d’art.
Aquilanti, un artiste bien établi (il était présent l’année dernière à la Biennale de Venise), à travers cet “univers visuel fantasmatique” qui oscille entre “image et imagination”, “réalité et représentation”, “visible et invisible”, offre au public de Carraresi un petit échantillon de son art dans une exposition qui peut être visitée en peu de temps mais qui laisse tout de même des sensations positives. Doppio movimento , sous la direction de Lucilla Meloni, est une opération intéressante pour une ville comme Carrara, peut-être habituée à un art plus lié à la tradition. Certainement attrayant pour le public, Doppio movimento exploite au maximum les espaces de l’ancien hôpital San Giacomo, un ancien bâtiment d’origine médiévale, qui semblent presque être le “décor” naturel de l’art d’Aquilanti. Et elle offre certainement à Carrare, une ville dont le désir de se remettre en question semble s’estomper, l’occasion de se poser des questions, ne serait-ce que pour comprendre de quel type d’art nous avons besoin.
Cliquez ici pour plus d’informations sur l’exposition (jours, heures)
Andrea Aquilanti, Double mouvement |
Andrea Aquilanti, Double mouvement |
Andrea Aquilanti, Double mouvement |
Andrea Aquilanti, Double mouvement |
Andrea Aquilanti, Double mouvement |
Andrea Aquilanti, Double mouvement |
Andrea Aquilanti, Double mouvement |
Andrea Aquilanti, Vue de la Piazza Navona |
Andrea Aquilanti, Vue de la Piazza Navona (détail) |
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