Si la surintendance de Catane organise une exposition. Comment c'est "Des monastères et des couvents


Revue de l'exposition "Des monastères et des couvents", à Catane, Museo Diocesano, du 20 avril au 28 juillet 2024.

Lorsqu’une exposition est réalisée par une surintendance, il y a une double garantie qu’aucune autre exposition ne peut donner au visiteur : la certitude absolue que le projet a une base scientifique solide et qu’il n’est pas chatouillé par l’envie de battre le tambour. Il y a aussi quelque chose d’héroïque dans un choix qui engage historiens de l’art, archéologues et bibliothécaires dans un secteur, celui de la valorisation, qui depuis la réforme Franceschini, selon les détracteurs, aurait été à jamais séparé de la protection (ce qui n’a pas été le cas). Le personnel déjà réduit à la portion congrue, avec des charges de travail énormes, que ce soit au MiC ou à l’antenne de Sicile, avec la circonstance aggravante dans cette dernière des surintendances minées par des fusions incongrues, trouve l’énergie de se rappeler que parmi leurs tâches institutionnelles figure celle de protéger les monuments, les peintures, les sculptures et les monuments.C’est que les monuments, les peintures, les sculptures ou les pièces archéologiques ne peuvent être soumis uniquement à un programme de conservation, car pour leur garantir toute leur dimension culturelle, il est indispensable de les rendre accessibles à tous.

Ne serait-ce que pour cette raison, l’exposition promue par la Surintendance de Catane, dirigée par Donatella Aprile, mérite d’être visitée. Dai Monasteri e dai Conventi (Des monastères et des couvents), au Musée diocésain de Catane jusqu’au 28 juillet (catalogue en préparation), est consacrée au patrimoine artistique provenant des ordres religieux de la zone de l’Etna et confisqué par l’État à la suite de l’unification de l’Italie. L’entrée est gratuite (possibilité de visites en dehors des heures d’ouverture à convenir avec la direction du musée diocésain : seules ces visites sont payantes). Cela aussi est une rareté sur le “marché des expositions”. La culture du profit, qui n’a rien à voir avec le fait de considérer le patrimoine culturel de la nation comme une ressource, y compris économique, s’oppose à la reconnaissance de ce dernier comme un bien commun et porte atteinte au droit des citoyens de jouir librement de ce qui leur appartient.



De plus, il s’agit d’une exposition “zéro kilomètre”. Non seulement parce qu’elle est le fruit d’une collaboration entre entités territoriales, organisée par la Surintendance avec la Préfecture de Catane et en collaboration avec l’Archidiocèse, le Musée diocésain et le Fec, le Fonds pour les édifices religieux du Ministère de l’Intérieur.L’exposition a été organisée par la Surintendance en collaboration avec la Préfecture de Catane et en collaboration avec l’Archidiocèse, le Musée diocésain et le Fec, le Fonds pour les édifices religieux du Ministère de l’Intérieur.

Mise en place de l'exposition Des monastères et couvents
Plan de l’exposition Des monastères et des couvents
Mise en place de l'exposition Des monastères et couvents
Plan de l’exposition Des monastères et des couvents
Hortus Romanus, page de titre du quatrième volume
Hortus Romanus, frontispice du quatrième volume
Jacopo Vignerio, Montée au Calvaire (1541 ; huile sur panneau ; Catane, San Francesco d'Assisi)
Jacopo Vignerio, Montée au Calvaire (1541 ; huile sur panneau ; Catane, San Francesco d’Assisi)
Peintre du nord de l'Italie, Madone avec les saintes Agathe et Catherine (milieu du XVIe siècle, de l'église San Gaetano alla Marina à Catane)
Peintre d’Italie du Nord, Madone avec les saintes Agata et Caterina (milieu du XVIe siècle, de l’église de San Gaetano alla Marina à Catane)

Un domaine de recherche circonscrit au niveau territorial, mais qui a le mérite d’offrir une contribution en termes d’étude à une phase complexe de l’histoire de notre pays, comme celle où l’on a mesuré les effets des deux lois post-unification de 1866 pour la suppression des Ordres et Corporations religieuses et de 1867 pour la liquidation de l’Axe ecclésiastique, qui ont entraîné la subversion de ce dernier, avec pour conséquence le transfert du patrimoine des Ordres religieux à l’État. Une contribution aux études soulignée par la surintendante Aprile lorsqu’elle rappelle les deux axes principaux de l’intention de l’exposition de décrire “non seulement la grandeur et la préciosité du patrimoine artistique, bibliographique et documentaire de l’Église, mais aussi le grand risque de dispersion de ses biens mobiliers, qui a imposé au jeune État le lancement d’une activité de protection rigoureuse et systématique qui prélude à l’émission des codes du patrimoine culturel d’aujourd’hui”. En somme, s’il y avait une exposition qu’une surintendance devait faire, ce ne pouvait être que celle-là.

Outre le registre narratif artistique, Dai Monasteri e dai Conventi a en effet le mérite de développer en parallèle le registre historique, qui encadre le contexte de l’époque, la naissance de la pensée libérale et le débat politique sur la séparation de l’Église et de l’État. Un récit qui, comme le soulignent à juste titre les éditeurs, “polarise inévitablement la dialectique entre la ”raison d’État“ - celle du roi Victor Emmanuel II et de la vision de Cavour déterminée à uniformiser la législation italienne avec celle des autres pays catholiques européens - et la ”raison“ de l’Église - le pape Pie IX et les hauts représentants du clergé qui jouissaient jusqu’alors de privilèges civils, juridiques et économiques”. Un récit à deux voix qui aborde et articule les raisons de l’un sans négliger les sentiments de l’autre. En l’occurrence “des autres” : les petites et grandes communautés de moines et de frères frappées par l’avis d’expulsion signé par le roi d’Italie et donc en proie au désarroi et à la perplexité compréhensibles de ceux qui, en l’espace de quelques jours, perdent leur petit monde : leur maison, leurs pauvres biens, leurs moyens de subsistance (des jardins potagers des couvents aux grands fiefs concédés aux monastères par les familles aristocratiques lorsque leur fils cadet ou leur seconde fille prononçait ses vœux)".

L’exposition de Catane démontre également que la “formule” de la surintendance unique, modèle sicilien de connaissances et de compétences interdisciplinaires au sein d’une même institution “copié” par le ministre Franceschini de l’époque, est également une formule gagnante lorsqu’il s’agit de valoriser, et pas seulement de protéger. En effet, l’exposition est répartie sur les deux étages du musée diocésain en trois sections correspondant aux trois domaines thématiques des unités opérationnelles de la Soprintendenza : artistique, archéologique et bibliographique. Un responsable de la Soprintendenza a contribué à chacune d’entre elles : Carmela Cappa, Franco La Fico Guzzo et Mariagrazia Patti (section historico-artistique) ; Ida Buttitta et Maria Lucia Giangrande (section bibliographique) ; Maria Turco et Michela Ursino (section archéologique). Une équipe coordonnée par Roberta Carchiolo, commissaire de l’exposition et historienne de l’art au même Institut. Sont également internes à la Surintendance Carmela Di Blasi (greffière) et Albarosa D’Arrigo et Salvatore Girianni, qui ont signé la conception et la direction technique de l’exposition.

Les œuvres exposées, au nombre d’une centaine, certaines pour la première fois, d’autres en de rares occasions, comprennent des retables, des peintures sur bois de l’école antonélienne, des manuscrits enluminés, des volumes anciens, des épigraphes romaines et des pièces archéologiques, des uniformes historiques, des bustes commémoratifs et des reliquaires, des objets précieux en argent, des vêtements sacrés et des manuscrits provenant des bibliothèques séculaires des couvents.

École antonélienne, Vierge à l'enfant entre les saintes Lucie et Agathe (XVIe siècle)
École antonélienne, Vierge à l’enfant entre les saintes Lucie et Agathe (XVIe siècle)
Artiste sicilien, Le mariage mystique de sainte Catherine de Sienne (XVIIIe siècle)
Artiste sicilien, Mariage mystique de sainte Catherine de Sienne (XVIIIe siècle)
Alessandro Vasta (attr.), Glorificazione di Sant'Emidio (1761 ; Catane, Santuario Santa Rita in Sant'Agostino)
Alessandro Vasta (attr.), Glorificazione di Sant’Emidio (1761 ; Catane, Santuario Santa Rita in Sant’Agostino)
Cléopâtre mordue par l'aspic (XVIe siècle, collection bénédictine ; ivoire ; Catane, Museo Civico di Castello Ursino)
Cléopâtre mordue par l’aspic (XVIe siècle, de la collection bénédictine ; ivoire ; Catane, Museo Civico di Castello Ursino)
Rompicapo (XVIe siècle, de la collection des Bénédictins ; ivoire ; Catane, Museo Civico di Castello Ursino)
Rompicapo (XVIe siècle, de la collection des Bénédictins ; ivoire ; Catane, Musée Civique du Château Ursino)

L’histoire de l’exposition se déroule de manière synchrone, selon des zones thématiques, chacune liée à un ordre monastique : les Basiliens, les Carmélites, les Dominicains, les Franciscains, les Augustins, les Mercédaires, les Paulites et les Camilliens, dans des salles individuelles au premier étage du musée, et les Bénédictins, l’ordre monastique le plus puissant de Sicile, à qui tout le deuxième étage est réservé.

Dans la section historico-artistique, on trouve plusieurs chefs-d’œuvre du XVIe siècle, comme la Montée au Calvaire (signée et datée de 1541) de Jacopo Vignerio, peintre messin du XVIe siècle, élève de Polidoro da Caravaggio, qui fréquenta à son tour l’atelier de Raphaël : provenant de l’église San Francesco all’Immacolata de Catane, le tableau est reconnu par les spécialistes comme une copie du Spasimo di Sicilia de Raphaël, conservé au Prado de Madrid. Il y a aussi le panneau très raffiné de la Vierge à l’Enfant entre les saintes Agathe et Lucie de l’école antonélienne, provenant de l’église de San Nicolò à Randazzo, qui n’a plus été exposé depuis l’exposition historique de Messine. Dans la section archéologique, il est possible d’admirer des œuvres d’Antonello da Messina et de la peinture sicilienne du XVe siècle, exposées depuis l’exposition historique de 1953 à Messine, ou uneAnnonciation (1551) attribuée à Francesco Frazzetto, peintre originaire de Mineo, provenant de l’église San Nicolò in Militello dans le Val di Catania.

Dans la section archéologique, on peut admirer des statuettes, des vases, des fibules, des bracelets, une sélection de bronzes protohistoriques, un relief en marbre avec une scène orgiaque avec Dionysos et deux satyres (Ier siècle après J.-C.) et un verre à figures rouges avec des guerriers agenouillés, toutes des pièces provenant de la collection bénédictine et jusqu’à présent conservées dans les réserves du château d’Ursino. Parmi les ouvrages remarquables de la section bibliographique, citons un précieux codex basilien en grec (XIe ou XIIe siècle) sur parchemin provenant du monastère Santissimo Salvatore de Messine ; l’une des premières cartes du monde moderne réalisée en 1511 par le géographe et humaniste Bernardo Silvano avec une nouvelle version de la géographie de Ptolémée qui mentionne déjà les deux Amériques moins de vingt ans après le voyage de Christophe Colomb. Les amateurs de jardins et de botanique trouveront également dans l’exposition l’Hortus romanus, le catalogue illustré du jardin botanique de Rome publié en 1770 par les Français Bouchard et Gravier : un fabuleux herbier peint, divisé en huit volumes, avec 800 gravures à l’aquarelle documentant les études menées sur le terrain au XVIIe siècle.

Capable de susciter encore l’étonnement du visiteur contemporain, comme une forme amplifiée d’émerveillement, la section consacrée aux Wunderkammern, à l’âge d’or de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle, recrée l’atmosphère de ces juxtapositions et consonances improbables, comparables aux natures mortes de l’époque, exposant curiosités et curiosités d’époque.L’exposition de l’époque expose des curiosités et des merveilles issues des collections des religieux, qui témoignent, ainsi que des collections privées, de cette recherche spasmodique de l’exceptionnel, du bizarre mais aussi de l’opulent, comme le puzzle d’ivoire d’origine chinoise, ou la “petite sirène”, curieux instrument de musique qui reproduit le chant des oiseaux.

Aussi insolite que précieuse, enfin, la petite salle consacrée au monachisme féminin qui conclut l’exposition, où sont exposés un certain nombre de meubles sacrés appartenant à des monastères féminins, des frontons en argent et en soie, de l’orfèvrerie sacrée et des photographies documentant la vie actuelle du monastère.

Un parcours d’exposition quelque peu fragmenté, mais toujours accessible et agréable même pour les non-spécialistes, grâce à des choix de mise en page clairs et efficaces qui permettent de suivre l’imbrication des nombreux thèmes explorés par les chercheurs de la Surintendance de Catane au cours de leurs recherches.


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