Giovanni March - Le peintre de la lumière et de l’atmosphère est l’intéressante exposition consacrée à Giovanni March, l’un des protagonistes de la peinture de Livourne et de la Toscane, qui se tient au siège de la Castagneto Banca 1910 à Livourne jusqu’au 27 mai. Près de trente ans après la dernière exposition consacrée à Giovanni March, une réflexion sur la peinture de l’une des expériences artistiques les plus significatives de la scène toscane du XXe siècle est enfin proposée. March a été l’un des talents les plus brillants d’une tradition picturale, la tradition de Leghorn, qui a compté des personnalités du plus haut niveau, parmi lesquelles Giovanni Fattori, Mario Puccini, les Tommasi, Leonetto Cappiello et Oscar Ghiglia, pour ne citer que quelques-uns de ceux qui ont eu la plus grande influence sur la formation de l’artiste. Giovanni March a pu apprendre d’eux des styles et des solutions artistiques, compliqués ensuite par la comparaison avec la peinture extérieure à la région et à Paris, tout en parvenant à développer une recherche picturale personnelle et originale.
March est une parabole artistique “sur laquelle il reste encore beaucoup à étudier et dont l’importance ne peut être reléguée à la seule ville de Livourne”, comme l’affirme le conservateur, historien de l’art et président du groupe Labronico, Michele Pierleoni. Enzo Carli avait déjà lancé un avertissement similaire, malheureusement resté lettre morte, en 1967, du vivant de l’artiste. L’historien de l’art pisan avait en effet craint le risque de voir March assimilé “aux rangs encore nombreux des post-Macchiaioli labronniens avec un pinceau aussi facile qu’une plaisanterie ou un commentaire savoureux”, oubliant au contraire sa “culture vaste, bien choisie et ardue”.
Accuser l’art de Giovanni March de provincialisme est donc une grave erreur, un jugement déjà démenti par son enfance cosmopolite. En effet, le peintre est né en 1884 à Tunis de parents léghoriens, puis a déménagé à Alexandrie, où son père est décédé, aggravant la situation économique de la famille de l’artiste, qui s’est installée à Leghorn en 1908. C’est là qu’il reçoit ses premiers rudiments artistiques de la part du peintre Ludovico Tommasi, commençant ainsi son activité. En 1917, il est enrôlé au front, deux ans plus tard il est de retour à Livourne et en 1920 il est l’un des fondateurs du Gruppo Labronico, une association artistique encore active aujourd’hui.
L’exposition commandée à la Castagneto Banca 1910 est baptisée par le beau dessin de Bovi de 1920, qui témoigne de son affection pour la tradition picturale toscane, dans un hommage clair à Giovanni Fattori, où le signe aigu et nerveux tiré des gravures du maître coexiste avec des suggestions tirées également de l’agitation de Lorenzo Viani et du synthétisme de Mario Puccini. Le magistère de Puccini est facilement perceptible dans des œuvres comme Porto di Livorno ou Tartane oreggiate, même s’il est atténué par une palette plus terreuse et une peinture ondulante typique du peintre d’origine tunisienne. Plus apaisants, en revanche, sont les essais Casolari con pag liaio (Chalets avec meules de foin) de la collection Pepi et Baracche (Casernes), où le tableau présente une architecture compositionnelle claire déclinée en grands fonds composés comme des blocs chromatiques sur lesquels se structure le tableau, proche de l’œuvre de Beppe Guzzi, peintre ligure qui a longtemps participé aux manifestations livournaises. Tandis que les tons violets qui embellissent les taches de ciel reflètent les leçons du premier maître Lodovico Tommasi et se retrouvent dans des œuvres comme Figure sugli scogli (Figures sur les rochers), dans lesquelles, cependant, un style de peinture plus lâche et plus instinctif rappelle l’attitude d’Ulvi Liegi.
Cependant, le fait que March n’ait pas eu que des peintres nationaux dans son panthéon personnel dès le début est démontré par des œuvres comme Il quadrigliato, exposée d’ailleurs à la première exposition du groupe Labronico, et Chitarra e violino, où sa fascination pour la peinture de Cézanne, qu’il avait rencontré avant même son voyage à Paris, est évidente, probablement aussi à travers les œuvres présentes dans certaines collections florentines, comme celle de Gustavo Sforni.
L’intérêt de March pour les maîtres français l’incite à effectuer un séjour de deux ans entre Nice et Paris, entre 1928 et 1930. La toile Paris - Montmartre de 1929 montre les efforts de March pour ajuster les données lumineuses du chaud soleil méditerranéen à une lumière plus faible et nordique. Plusieurs pastels à l’huile appartiennent également à cette saison, comme Al bar, qui trahit l’intérêt de March pour le graphisme synthétique et les scènes de sociabilité bourgeoise de Toulouse-Lautrec. À Paris, l’artiste léghorrois peut compter sur la comparaison avec un concitoyen important, Leonetto Cappiello, qui, tout comme Lautrec, jette les bases du nouveau graphisme publicitaire ; il visite les musées et observe les œuvres des maîtres contemporains comme Monet, Pissarro, Gauguin et Matisse, ce dernier lui adressant même des compliments. En 1931, il est de retour en Italie, à Rome, où il vit avec sa famille. Il est témoin de certaines œuvres de l’exposition, comme L’obélisque de la place du Peuple, où l’expérience française est encore vivante dans la peinture vacillante et la froide lumière zénithale.
Mais dès les tableaux réalisés à son retour à Leghorn, dont Sulla terrazza dei bagni et Al mare, les couleurs s’embellissent et deviennent presque émaillées, tandis que le tempérament pictural s’apaise. En 1938, le peintre inquiet s’installe à Florence et devient membre de l’Accademia delle Arti e del Disegno, où il rencontre Felice Carena qui, avec Amedeo Modigliani, constitue un modèle pour aborder le thème du nu, dont la tactilité et la chaleur de la chair, palpitante de vie comme dans La Cubana ou Nudo di spalle. La chaleur et la sérénité des nus s’adaptent également à l’architecture: dans Venezia livornese, les bâtiments du quartier caractéristique de Labronico semblent contenir une lumière à nouveau méditerranéenne. Le mélange de couleurs terreuses, que l’on retrouve également dans certaines natures mortes de l’exposition, rappelle l’intérêt de March pour la peinture pompéienne.
Il est donc très difficile d’esquisser une ascendance univoque pour notre peintre, qui se sert de temps à autre d’apports et d’influences différents: il suffit de penser à sa réinterprétation du tableau de Zandomeneghi dans Ragazza che si specchia de 1943 ou à celle des dernières années de Renoir dans le rendu moelleux de Pastorella. Dans Autoritratto al Caffè, March se représente à l’intérieur d’un bar imaginaire aux couleurs vives, tirées d’une affiche de Leonetto Cappiello.
Mais March est également réceptif à la poétique du XXe siècle italien, comme dans Molo e cabina Antignano de 1949 ou Cecina de 1964, où il confie la scansion des plans aux valeurs tonales et à une incrustation complexe de champs de couleurs organisés dans une modulation presque symphonique, enveloppant les œuvres d’atmosphères raréfiées, silencieuses et fortement émotionnelles.
Dans les années 1950, il est à nouveau à Paris, en 1970 à Moscou et à Leningrad, en 1971 à Odessa et l’année suivante à Londres et à Durham. Ce sont les témoignages d’un esprit jamais satisfait, même dans la vieillesse, comme le confirme la gracieuse gravure sur bois Les baigneuses, réalisée l’année précédant sa mort, avec le rythme joyeux et insouciant de Matisse, et dans laquelle les couleurs éblouissantes et l’organisation des données figuratives semblent se situer entre un vitrail cloisonné et l’interprétation fraîche et satisfaisante du pop art.
L’exposition de Livourne, à travers une quarantaine d’œuvres conservées dans des collections privées ou appartenant à la Fondation Livourne, a le grand mérite de donner une lecture claire du parcours artistique de March, ou plutôt de son aventure, pour cette capacité qui est la sienne d’abandonner sans cesse le chemin sûr tracé avec fatigue, vers des voies toujours nouvelles et imprévisibles. Le maître de Livourne réussit à rendre toujours homogènes ces expériences variées en les ramenant à sa propre culture, la culture méditerranéenne imprégnée de “lumière et d’esthétique classique”, comme l’affirme le commissaire de l’exposition.
En définitive, l’exposition n’a pas le caractère systématique qu’une grande et lourde rétrospective pourrait orchestrer, en mettant en évidence toutes les directions et les intérêts de cette figure de lion, mais en revanche, à travers un parcours très calibré qui utilise des peintures d’excellente qualité, elle a le grand mérite de mettre en lumière une expérience artistique d’un grand intérêt, en faisant un premier pas fondamental vers la redécouverte de cette incroyable personnalité.
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