L’artiste Andrei Molodkin, né en Russie, investit une grande partie de sa production artistique dans la création d’œuvres à forte valeur conceptuelle. L’exposition Victoire de la démocratie, qui se tient actuellement à Barletta jusqu’au 24 juin, en est une confirmation éclatante. Une partie de l’exposition comprend une installation environnementale composée de lettres en fer, peintes en noir, avec des polices de caractères et des dimensions imposantes (22x6x3 mètres), qui accueille l’observateur dans le ravelin du château normand-swabien. Le mot qui se matérialise est gouvernement.
L’exposition a été inaugurée le 24 avril, date qui lui confère une importance politico-idéologique considérable, dans l’une des provinces des Pouilles les plus actives dans la résistance au régime fasciste pendant les vingt années de l’ère mussolinienne. Les lettres sont décousues, confuses, et l’ensemble de l’installation semble être en construction, in fieri, ce qui permet de saisir un subtil parallélisme entre la déconnexion visuelle des lettres noires et la situation politique italienne contemporaine. Il est nécessaire de pénétrer dans la forteresse (les cachots en particulier) habitée à plusieurs reprises par Frédéric II, pour voir la deuxième partie de l’exposition. La nouvelle atmosphère confère aux œuvres conservées dans le complexe du château un caractère solennel et chaleureux. Les installations intérieures, réparties dans trois salles différentes, sont reliées entre elles par un système de câbles, de webcams et de projecteurs, et sont idéologiquement liées à l’installation du ravelin: le fil conducteur qui relie les trois œuvres à la production extérieure est sans aucun doute l’engagement sociopolitique de l’artiste russe, qui résonne comme un véritable leitmotiv. La première salle accueille avec des lumières douces, chaudes et rougeâtres et des bruits rythmés et cadencés qui se répercutent sur les murs séculaires et rappellent un cœur fatigué qui bat, sur le point de s’éteindre complètement, mais qui est encore capable de battre, comme la démocratie occidentale, née avec l’homme lui-même et accompagnant ses exploits depuis sa phase embryonnaire sur le plan intellectuel, qui a vu le jour dans la Grèce antique. Les sons en question sont générés par un système de pompes hydrauliques et de compresseurs qui injectent du sang à l’intérieur de blocs transparents en matériau acrylique, placés de manière à former le mot “démocratie”, et dans l’espace ainsi créé, le sang humain coule, créant un environnement anxiogène digne de la filmographie du réalisateur Dario Argento.
Andrei Molodkin, image tirée de l’exposition Victoire de la démocratie. Ph. Crédit Barbara Conteduca |
Andrei Molodkin, image tirée de l’exposition Victoire de la démocratie. Ph. Crédit Barbara Conteduca |
Andrei Molodkin, image tirée de l’exposition Victoire de la démocratie. Ph. Crédit Barbara Conteduca |
Le premier complexe aspergé de sang est flanqué d’un jumeau évidé et ensanglanté représentant la Nike de Samothrace, la célèbre sculpture en marbre de l’école rhodienne de la déesse de la Victoire (qui rappelle le titre même de l’exposition), ainsi qu’un symbole de l’hellénisme grec, période de fort renouveau culturel et de ferment créatif, ainsi que de toute la tradition artistique et culturelle occidentale issue du logocentrisme et des canons grecs.
Dans la deuxième salle, la projection sur les murs anciens, filmée par une webcam en temps réel, du bloc de lettres “démocratie”, où l’on peut voir les détails du liquide sanguin qui coule à travers les lettres comme s’il s’agissait de veines ; sur le sol, des blocs acryliques transparents, également des lettres qui composent le mot “démocratie”, mais cette fois-ci injectées avec du pétrole brut. Une similitude entre le sang et le pétrole dans le langage de l’artiste? Sont-ils herméneutiquement interchangeables? En réfléchissant au pouvoir que l’Occident a exercé et exerce encore sur les territoires en possession de l’or noir, on comprend que la position de Molodkin est radicalement critique, que le pétrole est souvent plus important que le sang des victimes qu’il récolte et qu’il est taché de sang, le sang des “damnés de la terre”, rappelant le titre du texte du philosophe français Frantz Fanon, c’est-à-dire ceux qui subissent la violence d’un pouvoir écrasant, qui fuient les situations de conflit en étant qualifiés d’immigrés. La démocratie elle-même est tachée de sang, et sa victoire, représentée par le bloc d’acrylique peint et projeté dans la troisième salle, est toujours une victoire aux ailes brisées, marquée, usurpée, qui ne pourra probablement jamais reprendre son envol à cause du fardeau démoniaque qu’elle traîne en termes de vies humaines. Cette œuvre complexe conduit à la problématisation du quotidien, et vise à faire prendre conscience à l’observateur, probablement aussi électeur, des conditions de violence, de précarité et d’exploitation extrême dans lesquelles se trouve la société du fait du capital global et des oligarchies financières, deux cents ans après la naissance du philosophe Karl Marx, et de la mise en place de facto d’un régime éthique à la Plautine, où l’homme est un loup pour les autres, condition anthropologique, aux accents hobbesiens, de la guerre permanente de tous contre tous.
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