Comment intégrer la collection que l’ingénieur Amedeo Lia, collectionneur d’art fin et passionné, a entièrement donnée à la municipalité de La Spezia en 1995, permettant ainsi à la ville d’ouvrir le riche musée qui porte aujourd’hui son nom? C’est à cette question que répond l’exposition L’elogio della bellezza (L’éloge de la beauté), qui rassemble dans la ville ligure vingt tableaux provenant d’autant de musées, dans une sorte de continuation idéale de l’ œuvre qui a permis à Lia de constituer l’une des plus importantes collections privées d’Europe, et probablement la principale pour les fonds d’or, qui constituaient peut-être sa “fixation” la plus constante et la plus précieuse. Tout cela pour célébrer, avec quelques mois de retard, le vingtième anniversaire de l’ouverture du Musée Lia, qui a commencé à accueillir le public le 3 décembre 1996. Bien sûr, on pourrait reprocher aux commissaires, Andrea Marmori et Francesca Giorgi, d’avoir choisi un titre qui inclut le terme “beauté”, si galvaudé de nos jours (et plus un terme est galvaudé, plus il faut être prudent dans son utilisation). Car plutôt que de beauté, substantif qui signifie tout et rien à la fois, on pourrait parler d’intuition, de passion, de préparation, d’intelligence, de prévoyance. Eh bien, patience: une dérogation sera accordée aux raisons du marketing.
Une dérogation qui sera cependant volontiers accordée, parce que nous ne sommes pas en présence d’une célébration vide, mais plutôt d’une opération méritoire qui rachète le Musée Lia de quelques expositions quelque peu décevantes qui ont eu lieu ces derniers temps, et aussi parce qu’elle aide le visiteur à se familiariser avec la figure d’un collectionneur qui a voulu faire don de sa collection à sa ville d’adoption afin d’éviter son éventuelle dispersion future (et surtout pour faire partager ses succès à ses concitoyens), un objectif digne de tout entrepreneur éclairé), et enfin parce que les “ajouts” non seulement dénotent ces “assonances” avec les œuvres de la collection Lia que les conservateurs recherchaient, mais sont aussi bien insérés dans le contexte de l’espace muséal qui les accueille, comme si les panneaux préparés pour les recevoir les attendaient. Des “invités de qualité et de famille”, donc, disséminés dans un parcours qui est proposé au visiteur dans une perspective inédite: Pour l’Éloge de la beauté, en effet, on entre par l’escalier de l’ancien couvent des frères de San Francesco da Paola, lieu que la municipalité a élu en 1995 comme siège du musée Amedeo Lia, et on arrive directement dans la salle des fonds d’or, en passant par l’antiquarium archéologique (en sautant ainsi les salles du rez-de-chaussée, celles qui abritent les objets liturgiques et les miniatures: nous les traverserons avant de repartir).
Presque tout un mur, celui du fond de la salle IV, est consacré aux cinq saints (François, Thomas, Catherine, Jérôme et Louis de Toulouse) par Neri di Bicci (Florence, 1418/1420 - 1492) en provenance de la galerie de l’Accademia de Florence: l’œuvre se détache sur un long panneau également doré (une grande attention est portée aux couleurs des décors qui rappellent les caractéristiques des œuvres ou des époques auxquelles elles se réfèrent) et, montrant une grande fidélité à la manière de son père Bicci di Lorenzo, nous introduit dans la salle suivante, la cinquième, celle du XVe siècle. On y trouve, outre le Saint Jérôme de Bicci di Lorenzo lui-même (mais l’attribution est contestée: il pourrait s’agir d’une œuvre du jeune Masaccio), des peintures qui témoignent de la transition entre le gothique tardif et la Renaissance, avec une référence particulière à la Toscane et à l’Italie du Nord: un compartiment de la prédelle avec le Mariage de la Vierge de Beato Angelico (Florence, vers 1395 - Rome 1455) enrichit les témoignages de cette phase de transition, tandis que deux splendides panneaux d’Ambrogio da Fossano connus sous le nom de il Bergognone (Fossano, 1453 - 1523), une Sainte Agathe et une Sainte Lucie (remarquez, dans cette dernière, le détail singulier des yeux enfilés dans une sorte de brochette) faisant autrefois partie du Polyptyque de Saint Barthélemy et aujourd’hui à l’Académie de Carrare à Bergame. Elles sont sur des panneaux bleus, comme le ciel qui remplaça le fond d’or à la Renaissance, et elles sont chargées d’un dialogue fructueux avec un saint Joseph situé sur place et qui, comme les deux saints bergamasques, est assigné à la phase avancée de la carrière de l’artiste.
La salle du Fonds d’or |
Neri di Bicci, Saints (vers 1444-1453 ; tempera sur panneau, 130 x 89 cm ; Florence, Galleria dell’Accademia) |
Ambrogio da Fossano dit Bergognone, Santa Lucia (vers 1500-1520 ; tempera sur panneau, 60 x 55 cm ; Bergame, Accademia Carrara) |
En entrant dans la salle du XVIe siècle, on trouve les prêts probablement les plus intéressants de l’exposition. Entre les deux œuvres de Sebastiano del Piombo de la collection permanente, Naissance et mort d’Adonis, uneAdoration des bergers de Jacopo Bass ano (Bassano del Grappa, vers 1510 - 1592) fait son apparition, complétant le mur consacré à la Vénétie, tandis que sur le mur voisin, réservé aux Émiliens, apparaît une somptueuse œuvre de Dosso Dossi (San Giovanni del Dosso, 1474 - Ferrare, 1542) provenant de la Galleria Borghese de Rome, une Diane et Callisto qui représente le moment topique de l’épisode mythologique (la découverte par Diane de la nudité de Callisto) et transporte l’observateur dans une dimension presque onirique, avec cette ouverture paysagère qui prolonge idéalement celle des peintres vénitiens. La comparaison entre l’Autoportrait de Pontormo (Pontorme di Empoli, 1494 - Florence, 1557) appartenant à la collection permanente et le dessin du musée Horne de Florence, un autre Autoportrait du chef de file du maniérisme florentin, est particulièrement intense (notamment parce qu’il est placé dans une petite pièce plongée dans la pénombre): la spontanéité avec laquelle l’artiste s’est dessiné, pensif et mélancolique, est la même que celle que l’on retrouve dans le tableau, dernière acquisition de la collection de Lia.
La salle du XVIe siècle |
Dosso Dossi, Diane et Callisto (vers 1529-1530 ; huile sur toile, 49 x 61 cm ; Rome, Galleria Borghese) |
Jacopo Bassano, Adoration des bergers (vers 1545 ; huile sur toile, 93 x 140 cm ; Venise, Gallerie dell’Accademia) |
Pontormo, Autoportrait (1530-1532 ; crayon rouge sur papier blanc teinté de rose, 12,1 x 8,2 cm ; Florence, Museo Horne) |
En quittant le XVIe siècle avec un autre prêt exceptionnel, la Lamentation sur le Christ mort de Bramantino (Milan, v. 1465 - 1530) provenant du Castello Sforzesco, nous arrivons dans le couloir du XVIIe siècle où une large place est accordée à l’art de laContre-Réforme: le pathétisme religieux et les angoisses de l’époque, qui trouvent d’ailleurs peu de place dans la collection permanente, sont évoqués par trois œuvres. Il s’agit d’une Sainte Claire de Panfilo Nuvolone (Crémone, 1581 - Milan, 27 octobre 1651) et surtout d’un petit Christ crucifié d’Annibale Carracci (Bologne, 1560 - Rome, 1609) et d’une Vierge à l’enfant de Ludovico Carracci (Bologne, 1555 - Rome, 1619). Ce sont surtout les œuvres des deux cousins bolonais qui frappent l’observateur et invitent à réfléchir sur les deux “âmes” de l’art de la Contre-Réforme: la méditation sur la douleur induite par le Christ souffrant sur la croix, silhouetté sur un ciel lugubre, et la proximité avec les fidèles du panthéon chrétien représenté dans toute son humanité, qui, dans le tableau de Ludovico, s’incarne dans un Enfant qui tressaille et s’élance vers une rose que sa mère agite pour le faire jouer. L’exposition se poursuit avec des œuvres de Guercino, Giulio Cesare Procaccini et, à l’étage supérieur, une nature morte de Chardin qui se mesure aux tableaux similaires de la salle XIII, un Clément X en bronze du Bernin, qui enrichit la salle des bronzes et des marbres, et une Madone de Matteo Civitali. On descend ensuite au rez-de-chaussée pour terminer dans les salles des miniatures et des objets liturgiques.
Le couloir du XVIIe siècle |
Annibale Carracci, Christ crucifié (vers 1594 ; huile sur toile, 33,8 x 23,4 cm, Berlin, Gemäldegalerie) |
Ludovico Carracci, Vierge à l’enfant (huile sur toile, 114 cm de diamètre ; Rome, Pinacothèque Capitoline) |
L’exposition aurait pu être accompagnée d’un dispositif didactique efficace qui aurait pu illustrer les choix des conservateurs et aider à mieux contextualiser les prêts dans le cadre de l’exposition: sur ce point, l’exposition a été insuffisante. Néanmoins, l’opération doit être saluée, également pour un autre aspect, en plus de ceux énumérés ci-dessus: il s’agit d’une exposition qui affirme le rôle du Musée Lia en tant qu’acteur européen majeur, au centre de réseaux de collaboration avec d’autres instituts muséaux qui ont souvent mis le nom du Lia sur la liste des prêteurs d’expositions importantes, également au niveau international, ou qui l’ont vu soutenir des projets de diverses natures, ou qui ont vu son directeur, Andrea Marmori, faire partie de comités scientifiques d’une grande profondeur. Là encore, les prêts sélectionnés ont le mérite de souligner les goûts et les principales passions artistiques d’Amedeo Lia: une place est donc accordée aux collections d’or, comme nous l’avons déjà mentionné, mais aussi aux petits objets d’art ancien, aux codex médiévaux et à la peinture du XVIIe siècle. Il ne manque que le vedutismo du XVIIIe siècle, un genre qui abonde dans la collection de Lia et auquel une salle entière du musée est consacrée.
Il ne s’agit donc pas d’une exposition habituelle. Et, si l’on veut, pas non plus une exposition facile, mais cette caractéristique marque précisément un point en sa faveur: elle nous incite à parcourir les salles de la Lia plus que jamais avec les yeux du collectionneur qui voulait rassembler des pièces d’une valeur exceptionnelle pour en faire ensuite don à la ville. Elle nous incite à parcourir lentement les salles du musée, à réfléchir aux choix qui ont dicté l’achat d’un tableau, d’une sculpture, d’un objet liturgique, à se demander si Lia avait déjà songé à compléter certaines parties de la collection ou si elles lui semblaient suffisantes, s’il y avait des auteurs que l’ingénieur souhaitait vivement pour sa propre collection et qu’il n’est jamais parvenu à réaliser. Des réponses qui viennent souvent des tableaux eux-mêmes, cachés dans les plis d’une robe, derrière le décor d’un fond d’or, parmi les objets éparpillés sur une table de nature morte, dans le regard d’un personnage. Et tout aussi souvent dans les affinités et les contrastes avec les tableaux de la collection permanente du Musée Lia qui, avecÉloge de la beauté, atteint probablement l’un des sommets de sa courte mais déjà intense histoire.
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