La belle exposition que le MUVE-Centro Culturale Candiani consacre à Henri Matisse est construite comme un voyage, un voyage dans ce “Midi” où, comme l’a deviné l’historien de l’art André Chastel, est né “l’art moderne français”, ce qui, dans cette partie du siècle, signifiait l’art moderne tout court.
Un itinéraire, donc, qui commence par quelques vues des ports du Nord, névralgiques tant dans l’histoire biographique de Matisse que dans la construction de sa propre culture visuelle, et qui se poursuit par la découverte de la lumière de la Méditerranée en compagnie d’artistes tout aussi extraordinaires.
L’exposition s’ouvre d’ailleurs sur une salle au titre ironique - La modernité vient de la mer - car, comme l’explique Elisabetta Barisoni, commissaire de l’exposition, "une autre modernité est née dans le Nord, celle du symbolisme, et c’est celle vers laquelle Matisse s’est tourné au début de sa carrière, lui qui est né à Le Cateau-Cambrèsis et donc dans le nord de la France. Ses premiers tableaux présentent un passéisme proche de la manière et de la palette des Mangeurs de pommes de terre de Van Gogh. Bref, il est encore loin de l’éclat chromatique qui a fait sa renommée et qui est dû à la révélation plus tardive du Midi, avec sa lumière dorée qui dissout les ombres".
La narration de ce moment de passage est confiée à L’Arbre, une petite mais intense caricature de février 1898 - provenant du Centre Pompidou à Paris - qui marque la découverte de la Méditerranée lors d’un voyage en Corse, où “tout brille, tout est lumière”, comme l’écrit Matisse lui-même à son ami Albert Marquet, également dans l’exposition avec Bougie de 1926. D’un point de vue stylistique également, cet olivier se situe exactement à mi-chemin entre l’impressionnisme et une diffusion de la couleur par des fonds denses de matière, comme dans la révolution des Fauves avec lesquels il partagera bientôt les mêmes lieux méditerranéens.
En d’autres termes, de ce “jardin sans comparaison”, comme l’appelait Guy de Maupassant, qui s’affirmera au fil des ans comme le lieu idéal où Matisse pourra cultiver sa vocation pour une peinture de lumière, de couleur et, fatalement, de joie.
Matisse meurt à Nice, en 1954, dans cette même ville qu’il avait immortalisée bien plus tôt, comme nous l’apprend La fenêtre ouverte de 1919 - autre prêt important du Centre Pompidou - qui représente déjà un paysage marin, plein de lumière et avec ce tracé visuel qui passe par un vase de fleurs au premier plan et une balustrade, instruments de perspective qui deviendront l’un des éléments récurrents de sa peinture.
L’extension des espaces d’exposition du MUVE au-delà du pont de la Liberté permet de montrer - et parfois de relire - certaines œuvres rares de la collection permanente qui, pour des raisons évidentes d’espace, sont reléguées dans les réserves. C’est le cas de Siepe in giardino (1943) de Cuno Amiet ou du splendide Grande paesaggio (Grand paysage ) de Filippo De Pisis, inattendu par son format comme par son invention picturale. Les deux mêmes grands dessins de Matisse(Fougère et figure féminine et Le vase d’opaline, tous deux de 1947) qui sont arrivés à Ca’ Pesaro après la Biennale de 1951 et qui sont à l’origine de la construction de cette exposition, ne sont pas habituellement exposés dans le musée vénitien, “ [ ?comme beaucoup d’autres toiles importantes qu’il est malheureusement difficile aujourd’hui d’inclure dans un parcours muséal aussi articulé que celui de Ca’ Pesaro”, explique Barisoni, “et qui, au contraire, dans une exposition consacrée à la modernité française, établissent un dialogue beaucoup plus efficace”.
L’amour de Matisse pour les femmes, sujet principal de ces intérieurs de lumière et de couleur, est raconté sur un mur qui réunit quelques chefs-d’œuvre, comme L’Odalisque (1925) du Museo del Novecento de Milan et L’Odalisque jaune (1937) du Philadelphia Museum of Art, dans un dialogue fructueux avec quelques compagnons de route comme le Nu au miroir (1931) de Pierre Bonnard ou l’Étude avec coupe de fruits (1942) de Raoul Dufy. Matisse trace une voie qui a évidemment été suivie plus tard par des sculpteurs comme Emilio Greco - La Danseuse (1961) - ou des peintres comme Corrado Balest, qui a appris du maître français à faire entrer la lumière de la Méditerranée dans les pièces, et plus récemment encore par Chris Ofili, un artiste d’une immense élégance graphique.
Il ne reste donc plus qu’à s’immerger dans la lumière et les couleurs de la Méditerranée, accompagné par les notes de Rhapsody in Blue de George Garshwin, pour souligner combien Matisse est toujours et dans tous les cas le peintre de la joie.
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