Nichons au vent dans la rue à Bologne. Pourquoi les seins féminins sont-ils scandalisés alors que les seins masculins ne le sont pas ?

Il s’agit de Tits Out, la nouvelle intervention de street art de CHEAP, le projet d’art urbain actif à Bologne depuis 2013, qui s’est distingué au niveau national l’été dernier avec le projet La lotta è FICA (La lutte est FICA), qui a fait couler beaucoup d’encre et suscité l’ire de l’actuelle sous-secrétaire à la culture, la membre de la Lega Nord Lucia Borgonzoni. Le projet prévoit l’installation d’une série d’affiches dans les rues du centre de la capitale de l’Émilie, représentant toutes des poitrines féminines de formes et de tailles différentes.

Tits Out part d’une série de réflexions : "Quand un sein de fille devient-il un sein ? Pourquoi peut-on montrer un sein d’homme mais pas un sein de femme ? Une femme sans seins est-elle moins une femme ? Quand le sein d’une femme transgenre devient-il un sein qu’il est interdit de montrer ? Pourquoi les tétons des femmes sont-ils censurés sur les médias sociaux et pas ceux des hommes ? Pourquoi les seins de femmes hyper sexualisées sont-ils montrés sur les couvertures de magazines ou dans les publicités, mais le sein d’une femme allaitant une fille ou un garçon pose-t-il problème ? Telles sont les questions que CHEAP adresse au public par le biais des affiches. L’affiche est signée en partenariat avec School of Feminism, une plateforme dédiée à l’activisme et à la production de contenu graphique, qui revient en Italie avec CHEAP après avoir déjà produit l’intervention par affiches “ Thank a Feminist ” en 2019.

Le thème de l’hyper-sexualisation du corps des femmes par le regard masculin, la censure du nu féminin dans l’espace public (qu’il s’agisse de la rue ou d’un contexte numérique importe peu) alors qu’il ne s’agit pas de marketing mais d’autodétermination, de réappropriation politique et désirante de son propre corps : tels sont les thèmes qui traversent la réflexion de CHEAP depuis des années.

Les graphiques, textes et photographies qui composent les affiches sont extraits du livre Pechos Fuera, publié en 2020 en Espagne par Zenith : un texte dans lequel School of Feminism examine la représentation des seins dans l’histoire de l’art et la communication visuelle la plus contemporaine, en l’accompagnant d’une réflexion politique, sociale et iconographique. Il s’agit, explique CHEAP, d’une invitation à briser les mécanismes de censure sur les seins, d’un récit choral qui reprend les récits directs de femmes qui, à partir de leurs propres données biographiques, remettent en question les stéréotypes consolidés d’une culture sexiste, d’un outil de plus pour revendiquer le droit à l’autodétermination qui, évidemment, passe aussi par la libération des tétons.

La recherche sur les corps et les énergies féministes ont toujours traversé le travail de CHEAP, et ce sera encore le cas en 2021, qui verra le projet bolognais revenir dans l’espace public avec de nouvelles interventions, ainsi qu’avec le retour de l’appel international aux artistes : l’invitation annuelle à contaminer les rues de la ville adressée aux artistes qui s’occupent de langages visuels contemporains est ouverte à la participation jusqu’au 1er juin 2021, toutes les informations peuvent être trouvées sur le site officiel www.cheapfestival.it.

Voici quelques images du projet, photos de Margherita Caprilli

Nichons au vent dans la rue à Bologne. Pourquoi les seins féminins sont-ils scandalisés alors que les seins masculins ne le sont pas ?

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