Florence, la crèche écologique de Marya Kazoun installée au Palazzo Pitti

C’est une crèche écologique que les galeries des Offices mettent en place pour les fêtes de Noël. Dans la Sala Bianca du Palazzo Pitti a en effet été installée l’œuvre First Act de l’artiste libano-canadienne Marya Kazoun (Beyrouth, 1976), qui part d’une question: comment créer un nouveau monde sans pollution, sans catastrophes environnementales et sans réchauffement de la planète ? Pour répondre à cette question, Kazoun propose, jusqu’au 29 janvier, uneinstallation inspirée de la crèche: les protagonistes sont les silhouettes presque arboricoles des Rois Mages, faites d’ouate, hautes de 2,60 mètres et recouvertes d’un tissu blanc laiteux. Ils n’apportent pas de cadeaux en or, en encens et en myrrhe, mais de l’énergie propre, représentée par les pales d’éoliennes montées au-dessus d’eux.

Le vent, qui représente l’éphémère et l’insaisissable, est dans cette œuvre le souffle vital de l’univers et de ceux qui l’habitent. En opposition, la présence inquiétante d’une nuée de sauterelles, en verre de Murano, symbolise la ruine climatique qui menace de plus en plus le destin de la planète. L’artiste associe ainsi l’ancienne catastrophe biblique au désastre écologique actuel, afin d’inciter le spectateur à la réflexion et à l’action. La naissance d’un monde nouveau, représentée par la sculpture sphérique au centre, est admirée par six personnages disposés par paires, représentant l’union entre les êtres humains . Dans la tradition chrétienne, les figures de la Vierge Marie et de Saint Joseph, du bœuf et de l’âne, veillent avec soin sur l’enfant Jésus. L’espace métaphysique de la Nativité de Marya Kazoun, où cauchemars, symboles et utopie se confondent, est habité par des créatures qui ouvrent une fenêtre sur des futurs possibles, d’où le spectateur peut regarder pour s’interroger sur lui-même et sur la réalité qui l’entoure.

“La protection du patrimoine artistique et la préservation du patrimoine paysager et environnemental sont des tâches sérieuses et urgentes qui ne doivent jamais entrer en conflit, mais se favoriser mutuellement”, déclare Eike Schmidt, directeur de l’Uffizi. “Dans son installation First Act, Marya Kazoun part de la tradition de la crèche et nous fait réfléchir au danger le plus grave auquel notre planète est confrontée: celui de perdre son équilibre écologique, mettant ainsi en péril la survie de l’espèce humaine. L’œuvre souligne et illustre comment la natura naturans, inhérente à tout acte créatif, invoque nécessairement le plus grand respect et l’engagement envers la création, tandis que la natura naturata, à son tour, rayonne et promeut l’action miraculeuse de la natura naturans”.

Marya Kazoun ajoute: “Les chuchoteurs du vent ont toujours habité ce lieu et sont un prolongement des voix du passé”.

Marya Kazoun, née à Beyrouth en 1976, est une artiste interdisciplinaire. Elle vit et travaille actuellement entre New York et Venise. Ses œuvres sont principalement des installations et des performances, souvent une combinaison des deux. La plupart de ses œuvres sont spécifiques à un site et peuvent être étendues et développées au fil du temps. Chaque œuvre a son propre récit et sa propre histoire, issus du parcours personnel de l’artiste, de ses souvenirs d’enfance et de son milieu culturel. Kazoun a participé à plusieurs expositions individuelles et collectives au niveau international. Elle a participé trois fois à la Biennale de Venise, en 2005, 2009 et 2013, lorsqu’elle a été invitée à représenter la ville de Venise. Ses œuvres ont été exposées au musée Pouchkine de Moscou, au musée d’art moderne de Klagenfurt, à la biennale de Sharjah (Émirats arabes unis), au Forum économique mondial de Davos, à la biennale de Poznań en Pologne, au musée d’art de Boca Raton en Floride et à l’Ermitage de Saint-Pétersbourg.

Florence, la crèche écologique de Marya Kazoun installée au Palazzo Pitti

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