À partir du 11 juin, le Palais des Doges de Venise accueillera une œuvre d’Artemisia Gentileschi, marquant ainsi le retour sur la lagune d’une héroïne de l’histoire de l’art et d’une artiste illustre. Dans la Sala Quarantia Civil Vecchia arrive en effet Marie Madeleine en extase, une œuvre provenant d’une collection privée qui inaugure l’exposition Ospiti a Palazzo (Invités au Palais ) et vient au Palais des Doges dans le cadre d’un prêt à long terme.
Dans ce tableau, Marie Madeleine n’est pas pénitente, mais en extase, la tête inclinée vers l’arrière et les yeux fermés dans un ravissement mystique. La source de lumière située en contrebas accentue le caractère dramatique et intime de la scène. La pose et le visage expriment une sensualité brute. Le fait que ce sujet ait été peint par une femme avec une telle intensité expressive n’a fait qu’accroître sa valeur aux yeux des collectionneurs de l’époque, et aujourd’hui encore, il continue d’exercer une fascination qui captive le spectateur contemporain. L’œuvre arrive au Palais des Doges après l’exposition Her Hand: Artemisia Gentileschi and Women Artists in Italy 1500-1800 au Detroit Institute of Arts, qui a fermé ses portes le 29 mai.
La relation entre Venise et Artemisia Gentileschi n’a fait que se préciser ces dernières années. Nous savons désormais que la peintre a séjourné dans la ville pendant environ trois ans, entre 1626 et 1629, et que sa présence et son activité sont attestées par des témoignages provenant des milieux académiques et littéraires. À Venise, Artemisia entra en contact avec certains des plus grands représentants de la culture littéraire de l’époque et sa présence ne passa pas inaperçue: de nombreux poètes lui dédièrent des vers éloquents, admirèrent son tempérament artistique et l’impliquèrent dans leurs soirées littéraires. Parmi les nombreuses lettres et poèmes qui lui sont dédiés, on trouve quelques vers inclus dans un pamphlet imprimé en 1627 par l’éditeur vénitien Andrea Muschio, dans lequel sont mentionnés trois tableaux de celle qui est décrite comme une "peintre romaine de Vénétie
Lors du séjour de l’artiste à Venise, le tableau La Madeleine en extase avait déjà été exécuté: les critiques s’accordent pour le dater de la première moitié des années 1620, époque à laquelle Artemisia résidait à Rome et était très recherchée, ses clients étant des princes et des cardinaux. L’œuvre semble donc anticiper le regain d’intérêt qui a favorisé les descriptions de femmes “exemplaires” dans la Sérénissime au cours du XVIIe siècle. En effet, en 1633 parut la Galleria delle donne celebri de Francesco Pona, dans laquelle, outre Lucrezia, sujet traité par Artemisia durant sa période vénitienne, la figure de Marie-Madeleine est étudiée. C’est probablement pendant la période vénitienne que l’artiste obtient l’une de ses commandes les plus prestigieuses: l’exécution pour Philippe IV d’Espagne du tableau avec l’histoire d’Hercule et Onphale, destiné à l’Alcazar de Madrid, la résidence de la famille royale espagnole.
Éduquée à Rome sous l’égide de son père Orazio, Artemisia Gentileschi mûrit une conscience esthétique qui adhère aux contrastes d’ombre et de lumière typiques de la poétique du Caravage, que l’on retrouve dans ce tableau marqué par une rapide traversée de la lumière, dont le sujet semble traduire les belles discussions qui se tenaient alors dans les académies littéraires vénitiennes. En effet, une nouvelle façon de comprendre et de représenter les femmes se dessine, promue non seulement par les poètes et les hommes de lettres, mais aussi par les peintres impliqués dans ces associations académiques. La représentation ambiguë de Madeleine proposée dans la Galeria par Giambattista Marino, prince des poètes italiens du XVIIe siècle en contact avec divers représentants de la culture vénitienne, publiée en 1619, se greffe également sur ce terrain. La “sainte pécheresse” n’est plus seulement comprise comme la femme pénitente qui a abandonné la vie mondaine à la suite d’une heureuse conversion, mais une large place est accordée à sa beauté, dont la splendeur, exprimée par une valence voluptueuse, renvoie avant tout à une magnificence spirituelle. Conformément à cette hypothèse, Madeleine n’est pas représentée ici comme pénitente et donc souffrante, mais prise dans l’instant du ravissement extatique, qui s’exprime dans sa tête allongée et son sourire à peine perceptible.
Pour toutes les informations sur la visite, voir le site du Palais des Doges.
Dans l’image, l’œuvre d’Artemisia Gentileschi
Une Madeleine d'Artemisia Gentileschi arrive au Palais des Doges de Venise: prêt à long terme |
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