L’une des cartes les plus célèbres de l’histoire sera exposée à Vicence, l’extraordinaire vue en perspective de Venise de Jacopo de’ Barbari (Venise, 1460/1470 - 1516), protagoniste du 22 octobre 2021 au 18 avril 2022 de l’exposition Venise, quelle prouesse ! La grande veduta prospettica di Jacopo de’ Barbari (La grande vue prospective de Jacopo de’ Barbari), programmée à l’Intesa Sanpaolo Gallerie d’Italia au Palazzo Leoni Montanari. Le dossier de l’exposition, qui vise à mettre en évidence le caractère extraordinaire et unique de l’entreprise culturelle de l’artiste en tant que synthèse de la Renaissance vénitienne, est organisé en collaboration avec la Fondazione Querini Stampalia de Venise et s’inscrit dans le programme des célébrations du 1600e anniversaire de Venise.
Le projet d’exposition, dont les commissaires sont l’historienne Angela Munari et le géographe historique Massimo Rossi, compare pour la première fois deux “états” (c’est-à-dire deux versions) du Venice MD, c’est-à-dire deux versions de la grande gravure sur bois de la vue de Venise, considérée comme l’un des plus grands chefs-d’œuvre de cartographie urbaine de tous les temps en raison de ses dimensions considérables, de la richesse des détails et de la qualité du dessin et de l’exécution. Le titre même de l’exposition, Venezia, che impresa (Venise, quelle prouesse !), entend déjà restituer au public l’image de la ville comme œuvre humaine et culturelle extraordinaire, dans son rôle d’urbs et de civitas. L’exposition a pour but d’offrir une vision globale de l’histoire de la veduta prospettica Venetie MD de Jacopo de’ Barbari, en mettant l’accent sur le premier et le troisième état de l’œuvre. À travers les documents, le visiteur aura l’occasion de se promener dans la ville, en partant du Rialto et de la zone de Marciana, puis en traversant tout le centre urbain, en s’attardant sur certains détails liés à la vie et aux activités de l’une des villes les plus importantes du XVIe siècle. Une attention particulière est accordée aux détails, ce qui permet paradoxalement de faire ressortir la réalité unifiée et multiforme de la ville. La vue à vol d’oiseau est un glissement continu sur des indices de la vie quotidienne. Elle invite donc le visiteur à entrer dans une journée vénitienne “ordinaire” des années 1500, en participant non pas en tant que spectateur mais en tant que protagoniste à l’effervescence de la ville afin d’en saisir toute la complexité. L’exposition offre également des aperçus et des ancrages historico-culturels sur les deux exemplaires du travail de de’ Barbari et sur les autres documents exposés qui témoignent de l’évolution de la production cartographique, afin de comprendre l’avant et l’après de’ Barbari.
La veduta de Jacopo de’ Barbari est une gravure sur bois imprimée sur six feuilles à partir de six matrices en bois de poirier et mesure environ 134,5 x 282 cm. Les matrices sont conservées au Museo Correr de Venise. L’œuvre, commandée par Anton Kolb, a demandé trois ans de travail à une équipe de cartographes et de graveurs. La carte étonne mais suscite aussi la curiosité quant à l’utilité d’un tel ouvrage en l’an 1500 : en effet, la vue, en plus d’être un chef-d’œuvre artistique de la cartographie de la Renaissance, est un document visuel et historique unique et unique pour la planification urbaine et la connaissance de la construction de la ville en une année spécifique, 1500, devenant ainsi une image emblématique de Venise> dans la mythographie de la ville elle-même, à l’apogée de l’un des moments les plus brillants de sa civilisation, à l’apogée de la transition d’une économie mercantile à une économie terrestre. La veduta marque également une étape fondamentale dans l’histoire de la géométrie descriptive, un pas décisif vers une nouvelle traduction de l’espace urbain.
Considérée dès l’origine comme un chef-d’œuvre de la gravure sur bois, la ville y est tracée et décrite avec une telle minutie, jusqu’aux noms de lieux, et reproduite avec une telle fidélité qu’elle est encore aujourd’hui considérée comme une source historique essentielle. On distingue la silhouette typique du centre historique en forme de poisson, les îles, les terres, les vergers, les jardins, les champs et les campielli, les calli, les canaux, les ponts, les bâtiments, les fondaci, les boutiques, y compris celles sur l’eau, les hospitali, les églises et les clochers, les couvents, les oratoires, les scolette, les squeri et les monuments sont tous représentés de manière réaliste. De nombreux éléments urbains ont aujourd’hui disparu ou ont complètement changé, comme par exemple, au centre de la représentation, le pont du Rialto, alors en bois, et la place Saint-Marc. Les bâtiments sont rendus avec une grande richesse de détails : tours, merlons, cheminées, loggias et altane (liagò et diagò), cavanas, murs, palissades, puits, citernes et sottoportici. Des personnes en train de travailler, de naviguer, des pêcheurs qui font vivre la ville. Des détails figuratifs spécifiques sur le thème de la navigation sont également reconnaissables : navires, bateaux et burchi, c’est-à-dire des embarcations de transport. Outre le paysage de la ville et de la lagune, le continent avec les tours de Marghera et de Mestre est également décrit, bien que brièvement, ainsi que le début de la zone du Piémont, en particulier vers le nord et Serravalle, point de passage pour les marchands du nord de l’Europe. La vue est ensuite enrichie par des éléments figuratifs périmétriques: dans la partie supérieure, Mercure avec un caducée soutenu par un nuage portant l’inscription “MERCVRIVS PRECETERIS HVIC FAVSTE EMPORIIS ILLVSTRO” ; en dessous, l’inscription “VENETIE” et l’indication de l’année “MD”. Huit têtes, qui ont l’intention de souffler, personnifient les différents vents. Au-dessus du bassin de Saint-Marc se trouve un imposant Neptune, caractérisé par le trident, chevauchant un dauphin. Ce sont également des détails qui ont permis d’attribuer la vue à Jacopo de’ Barbari, car ils sont stylistiquement proches de sa production graphique : le caducée est présent dans de nombreuses gravures comme signature de Jacopo de’ Barbari, à tel point que l’on se souvient de l’artiste comme du “Maître du Caducée”.
Plus de vingt exemplaires de la vue de Jacopo de’ Barbari ont survécu, documentant au moins trois états (versions) principaux de la gravure sur bois, reconnaissable en particulier par la configuration différente du campanile de San Marco. L’exposition présente un premier état appartenant à la Fondazione Querini Stampalia et un troisième état de la collection Intesa Sanpaolo, composés respectivement de six feuilles et de douze feuilles plus petites. Dans le premier état, daté d’octobre 1500 (Mazzariol-Pignatti 1963, Schulz 1990, Romanelli 1999), le sommet du campanile est formé par un toit abaissé couvrant une terrasse-loggia ; c’est l’aspect que devait avoir le campanile après que la foudre l’eut gravement endommagé en août 1489. Le deuxième état, publié vers 1514, montre le clocher après la reconstruction du sommet, achevée en 1514 ; la flèche a la forme familière d’une pyramide, au sommet de laquelle on peut voir la statue de l’ange (située cependant dans la feuille adjacente).
Le troisième état, attribué à la seconde moitié du XVIe siècle par Schulz, redonne au clocher l’aspect qu’il avait avant la reconstruction de 1514. Le troisième état, attribué à la seconde moitié du XVIe siècle par Schulz, restitue au clocher l’aspect qu’il avait avant la reconstruction de 1514, car il était difficile d’actualiser la vue en raison des importants changements urbanistiques et architecturaux survenus entre-temps. On a donc tenté de restituer l’œuvre dans son état d’origine, en réinsérant également la tuile portant l’inscription “VENETIE MD” qui avait été enlevée lors de la publication du deuxième état. Cependant, la restitutio impropre a été menée sans le soin nécessaire, à tel point que la figure de l’ange au sommet du clocher est restée sur la feuille supérieure adjacente. Cette troisième édition de l’œuvre a été réalisée avec l’intention explicite d’“historiciser” l’image de la ville, de la ramener au modèle idéal qu’elle représentait, et en même temps qu’elle établissait, au début du siècle. Le troisième état de la vue tisse une toile enchevêtrée au fil des siècles, marquée par différents tirages, du XVIe au XIXe siècle, toujours à partir des gravures sur bois originales. En particulier, en 1838, la municipalité de Venise décida de restaurer les matrices de la veduta, afin d’en imprimer quelques exemplaires pour les offrir à l’empereur Ferdinand Ier d’Autriche, en visite dans la ville. Il semble que le spécimen exposé appartienne à l’une de ces copies.
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Un exploit extraordinaire entre art et cartographie : la carte de Venise de Jacopo de' Barbari |
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