La “découverte” de la “petite Pompéi” de Vérone a fait le tour des journaux italiens et étrangers ces derniers jours, et a été qualifiée de “découverte spectaculaire” par le maire Federico Sboarina ? Il s’agit certainement d’une fouille très importante, mais elle a commencé en 2004, et une grande partie de ce que la presse a rapporté était connue des chercheurs (mais aussi des journalistes) depuis plus de quinze ans, puisque les fouilles archéologiques sous l’ancien cinéma Astra avaient commencé il y a longtemps et que la zone avait ensuite été placée sous restriction par la Surintendance de Vérone. Les vestiges archéologiques sous l’ancien cinéma, situé au numéro 13 de la Via Oberdan, avaient été découverts entre l’été et l’automne d’il y a dix-sept ans, lors de travaux de construction d’un sous-sol sous la dalle d’un immeuble situé au numéro 1. Les fouilles, selon le rapport historico-artistique de la Surintendance daté du 7 novembre 2007, “ont mis en évidence une série de structures à caractère résidentiel” : les recherches étaient toutefois suspendues à l’époque.
Le rapport contient plusieurs des données rapportées ces jours-ci. Dans cette zone, lit-on dans le document de 2007, les différentes recherches menées au cours des 30 dernières années ont révélé l’existence d’un secteur extra-murano fortement urbanisé à l’époque romaine, avec un tissu urbain similaire à celui de l’intra-murano. Ceci est documenté par de nombreuses découvertes, dont certaines sont particulièrement importantes, comme celle de la via Cantore 18, qui a conservé plusieurs salles souterraines, dont un nymphée, décoré d’un élégant appareil pictural, et celle de la via Cantore 15/via Oberdan 18, où se trouvaient les vestiges de trois grandes salles voûtées, probablement des “salles de sous-sol”. Les structures de via Oberdan 13, poursuit le rapport, "alignées sur le tracé de la grande voie consulaire et du decumanus seconda et probablement ouvertes sur les deux voies, sont composées d’une série de pièces, plus de 20, dont l’organisation planimétrique n’est pas très claire, l’élément générateur du tracé (espace ouvert, couloir ou autre) n’ayant pas été identifié. Elles sont conservées sur une hauteur moyenne de plus de 1 m et définissent des pièces de tailles diverses, dont certaines sont équipées de systèmes de chauffage par le sol et par les murs.
Les systèmes de chauffage dont les médias parlent si fort ces jours-ci étaient donc déjà connus, de même que les décorations picturales. "Sur certains murs, poursuit le rapport, il reste des vestiges importants de fresques qui rappellent les peintures du IIIe style, tandis que dans sept pièces, on a identifié des sols en signinum bordés de bandes de tesselles de mosaïque et contenant des champs centraux décorés de tesselles et de crustacés. Le bâtiment devait avoir un étage supérieur, dont témoigne l’effondrement de la salle F, qui possédait un sol en mosaïque“. En ce qui concerne la fonction, le rapport de 2007 indique que ”la fonction exacte de la structure est inconnue. Elle semble avoir été utilisée à des fins résidentielles, mais elle semble avoir été trop grande pour une structure d’habitation privée, du moins par rapport à la norme véronaise moyenne“. Quant à la datation, elle ”remonte probablement au tout début de l’époque impériale, mais il semble qu’il y ait eu de nombreuses transformations jusqu’au troisième siècle".
Quels sont donc les éléments nouveaux qui ont fait crier à la découverte spectaculaire ? Certes, il s’agit d’une fouille de grande importance pour les raisons indiquées dans le rapport et mentionnées ci-dessus : pour l’état de conservation (les sols, par exemple, sont parfaitement conservés), pour la présence de fresques et de systèmes de chauffage également bien conservés, et pour la découverte récente de mobilier en bois (dans ce cas, pas parfaitement conservé, mais capable de fournir des informations utiles pour comprendre ce qui s’est passé dans la structure). Mais en réalité, rien n’est apparu ces derniers jours pour justifier le sensationnalisme qui a accompagné la nouvelle, annoncée par certaines agences au début de la semaine et approfondie hier lors d’une conférence de presse. Tout simplement, par rapport au rapport de 2007, les archéologues de la Soprintendenza, ayant repris leurs études sur le complexe, ont fait des découvertes qui permettent de mieux clarifier les hypothèses sur sa fonction et la nature des effondrements qui ont affecté les salles. Plusieurs découvertes récentes (vestiges effondrés, meuble en bois calciné à l’intérieur d’une pièce qui a conservé intactes les couleurs des murs peints à fresque) ont conduit les chercheurs à émettre l’hypothèse que la fin du complexe a été scellée par un incendie qui, selon une hypothèse, aurait été volontairement allumé à l’époque de l’empereur Gallien, vers 265 après J.-C., à des fins défensives, et aurait touché tous les quartiers de la ville situés à proximité des murailles. Quant à sa fonction, l’hypothèse (déjà diffusée il y a quelques années) selon laquelle la structure aurait pu être un hôtel a été avancée. En bref : la véritable découverte a été celle de chambres dont les effondrements ont été clairement causés par le feu.
En 2010, l’hypothèse de la création d’un parcours archéologique pour “admirer les colonnes et les mosaïques” avait déjà été émise. Le surintendant de Vérone, Vincenzo Tinè, est revenu sur la zone archéologique et a expliqué, dans un rapport d’ArchaeoReporter, l’état actuel des travaux (en particulier, les fouilles sont à 30 %) et ce qui est prévu pour l’avenir : Jusqu’à présent, a expliqué M. Tinè, nous avons pu compter sur la volonté du propriétaire qui a acquis le bâtiment et qui a accepté de réaliser toutes ces fouilles préliminaires, qui sont essentielles pour guider la rénovation et le réaménagement de l’édifice. Les fouilles doivent être achevées, elles sont maintenant à 30 % et pas plus : il faut ensuite faire le reste des fouilles et aménager la zone archéologique. Ce qui a été fait, c’est de préparer la possibilité de la zone archéologique, puis de placer des piliers et des structures de consolidation pour assurer la solidité de la future zone. La préparation de la zone archéologique nécessite toutefois des moyens importants, comme l’explique Brunella Bruno, responsable archéologique de la surintendance et directrice des fouilles : “Il s’agit d’une fouille un peu particulière : elle a concerné les abords de la zone précisément parce qu’il ne s’agit pas d’une recherche qui part d’une évidence scientifique. Nous espérons évidemment pouvoir trouver des ressources adéquates : nous en avons besoin de beaucoup, notamment parce qu’il s’agit d’une fouille qui doit aller de pair avec une restauration”.
La raison de la clameur et des comparaisons avec Pompéi devient donc un peu plus claire. Et c’est justement sur la comparaison avec Pompéi que Tinè lui-même est intervenu, toujours dans le rapport d’ArchaeoReporter : “L’effet perceptif et visuel est pompéien”, a-t-il déclaré. “Je ne veux pas faire de comparaisons ridicules, mais ici aussi, comme à Pompéi, un événement destructeur, peut-être pas naturel et pas accidentel, mais déterminé par la volonté de l’empereur Gallien de libérer une bande immédiatement à l’extérieur des murs de Vérone pour des raisons de sécurité, a entraîné une destruction soudaine et étendue, sans possibilité de dégradation progressive et sans possibilité de destruction à l’intérieur de la ville. de dégradation progressive et sans la possibilité peut-être même que les habitants enlèvent le mobilier, et a ainsi cristallisé en quelque sorte une situation qui est l’optimum archéologique. En règle générale, les archéologues vivent des malheurs qui scellent les situations de la vie : dans ce cas, le malheur de l’incendie de grande ampleur survenu à Vérone à la fin du IIIe siècle a permis de préserver des preuves qui, autrement, auraient été perdues ou se seraient détériorées au fil du temps”.
Sur la photo de la Surintendance de Vérone, une partie des fouilles.
Une petite Pompéi à Vérone ? Non aux comparaisons ridicules. Le complexe "découvert" était connu depuis 2004 |
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