Découverte d'une nécropole monumentale de l'époque préromaine dans le centre historique de Trente

Au cours des travaux de restauration et de réaménagement d’un bâtiment historique réalisés par le Bureau du patrimoine archéologique de la Soprintendenza per i beni e le attività culturali de la Provincia autonoma di Trento (UMSt), une nécropole monumentale de l’époque préromaine a été découverte dans le centre historique de Trente, Via Santa Croce : il s’agit d’une découverte d’une importance extraordinaire qui permettra de réécrire l’histoire de la ville. L’important contexte funéraire est resté parfaitement préservé grâce à l’inondation qui a scellé le gisement archéologique. La nécropole, qui s’est développée sur la partie médiane du cône alluvial du torrent Fersina, a été découverte par les archéologues à une profondeur d’environ 8 mètres du niveau actuel de la Via Santa Croce, en dessous des niveaux de fréquentation historiques, médiévaux et romains. Les recherches archéologiques, qui sont toujours en cours, ont permis de mettre au jour deux cents tombes, accompagnées de prestigieux objets funéraires, caractérisées par le rite de la crémation indirecte, qui ne représentent qu’une partie des souterrains potentiellement conservés et qui n’ont pas encore fait l’objet d’investigations.

“Il s’agit d’une découverte incroyable, qui nous montre une nouvelle histoire de la ville de Trente, qui n’est plus seulement une ville romaine”, a commenté la vice-présidente et conseillère provinciale pour la culture , Francesca Gerosa. “Nous savons combien il est important de rechercher et de protéger le patrimoine de nos racines, ce qui est prévu par les lois et la Constitution, mais nous ne voulons pas pour autant nous dérober, et nous travaillons ici avec acharnement pour mettre en lumière un morceau d’histoire inconnu de la ville. Les travaux avancent, mais il reste encore toute une zone à surveiller et nous évaluerons ensuite les mesures à prendre, notamment en ce qui concerne les nombreux objets qui ont été trouvés et qui sont déjà en cours de restauration, tout comme les découvertes ultérieures. Nous travaillons en gardant à l’esprit qu’un équilibre est toujours nécessaire pour concilier les intérêts de la protection du patrimoine archéologique avec les intérêts compréhensibles du développement urbain”.

La découverte de la nécropole monumentale ouvre de nouveaux scénarios et hypothèses d’interprétation pour la recherche archéologique, compte tenu de sa localisation dans le centre historique de Trente et de la rareté de ce type de contexte dans la région alpine. Elle soulève également des questions articulées et complexes concernant les modalités d’autoreprésentation dans la sphère funéraire du groupe social auquel elle appartenait, dont le contexte d’implantation reste inconnu à l’heure actuelle.

Les recherches archéologiques sont dirigées par le Dr Elisabetta Mottes du Bureau du patrimoine archéologique de la province autonome de Trente et coordonnées sur le terrain par le Dr Michele Bassetti et le Dr Ester Zanichelli de Cora Società Archeologica di Trento et leur équipe de recherche. La coordination des opérations de restauration des objets mobiles a été confiée à Susanna Fruet du Bureau du patrimoine archéologique et au Dr Chiara Maggioni de Cora Società Archeologica pour la micro-excavation et la récupération des ossuaires.

Au cours des premiers siècles du Ier millénaire avant J.-C., le paysage de cette zone de la ville était caractérisé par la présence du large lit du torrent Fersina sillonné par un réseau de chenaux torrentiels entrelacés, séparés par des barres temporaires sablonneuses ou graveleuses. Dans une zone marginale du lit du fleuve, soumise à des inondations périodiques, est apparue une nécropole monumentale dont plusieurs phases de fréquentation ont été documentées au cours du premier âge du fer (9e-6e siècle av. J.-C.). La sépulture devait être située entre deux canaux qui pouvaient être activés en cas de phénomènes d’inondation. Les épisodes d’inondation, qui ont commencé dès les phases d’utilisation de la nécropole, ont scellé l’ancienne stratification archéologique, permettant la préservation exceptionnelle du contexte funéraire. Ceci a permis de documenter en détail les plans d’utilisation de la nécropole et de reconstruire avec précision les pratiques funéraires de la communauté qui occupait cette zone au début de l’âge du fer.

“L’âge du fer est une période de profondes transformations d’un point de vue historique et culturel dans toute la Méditerranée, les Alpes et au-delà. Les grandes civilisations des Étrusques, des Phéniciens, des Grecs et des Celtes s’épanouissent. C’est aussi l’époque des premiers Jeux olympiques, traditionnellement datés de 776 avant J.-C., et de la fondation de Rome en 753 avant J.-C.”, explique le directeur Franco Marzatico. "Les peuples alpins n’étaient pas isolés, ils avaient des relations et des échanges avec les peuples de la plaine du Pô, en particulier entre 900 et 700 avant J.-C., avec la région de l’Émilie, avec la civilisation florissante des Étrusques et, plus tard, avec les Vénitiens et d’autres peuples des Alpes. Les fouilles archéologiques en cours nous permettent de reconnaître l’élite d’une société manifestement installée dans le bassin du Trentin et qui représentait son pouvoir et son prestige par le dépôt d’objets emblématiques de son statut privilégié.

La caractéristique principale de la nécropole, un palimpseste monumental complexe, est la présence de stèles funéraires à fonction de repère, fixées verticalement et atteignant une hauteur de 2,40 mètres, organisées en rangées subparallèles avec une direction principale nord-sud. Chaque stèle délimite à l’ouest la tombe principale dans une boîte lithique recouverte par une structure de monticule, autour de laquelle une concentration dense de tombes satellites s’est développée au fil du temps. La matière première utilisée pour les stèles funéraires provient de la zone de la colline orientale de Trente, la zone d’affleurement la plus proche du calcaire nodulaire jurassique du Rosso Ammonitico Veronese, tandis que le calcaire-marbreux rosâtre de la Scaglia Rossa a été utilisé pour les cassettes lithiques.

La fouille microstratigraphique des structures de la tombe a permis de reconstituer la complexité du rituel funéraire. Les données acquises devront être mises en œuvre par des analyses interdisciplinaires des vestiges anthropologiques et archéobotaniques, ainsi que par l’étude des artefacts déposés comme objets funéraires et offrandes. Dans les boîtes lithiques, on trouve la terre brûlée, une collection intentionnelle d’os calcinés placés dans des récipients en matériau périssable, plus rarement dans des ossuaires. On suppose que les restes brûlés, souvent placés sur des objets personnels, étaient enveloppés dans un tissu, dont les fibres ont parfois été conservées, fermé à l’aide d’épingles ou de fibules. Dans certaines tombes, la forme de l’accumulation suggère la présence de boîtes en bois quadrangulaires. Les objets funéraires mis au jour sont particulièrement riches et représentent des indicateurs pour définir l’identité, les rôles et les fonctions du groupe social auquel ils appartenaient. La présence d’ artefacts métalliques représentés par des armes et des ornements élaborés avec des inserts en ambre et en pâte de verre est particulièrement significative et atteste de l’existence d’influences et de relations culturelles étroites avec les environnements italiques.

L’étude scientifique des riches archives fournies par l’exceptionnelle nécropole de Via Santa Croce sera menée par une équipe de recherche interdisciplinaire impliquant des organisations et des spécialistes de diverses institutions italiennes et étrangères.

Sur la photo, la conseillère Francesca Gerosa visitant la nécropole préromaine de Trente (Archives du service de presse du PAT).

Découverte d'une nécropole monumentale de l'époque préromaine dans le centre historique de Trente

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