Journée contre l'homophobie, une lettre ouverte pour réfléchir à la discrimination et à l'acceptation de soi et des autres


Pour la Journée contre l'homophobie, nous recevons et publions une lettre ouverte de Nicla Vassallo et Sabino Maria Frassà sur la nécessité de s'accepter soi-même et d'accepter les autres.

Le 17 mai est la Journée internationale contre l’homophobie, instituée depuis 2004. Nous recevons et publions une lettre ouverte de Nicla Vassallo (professeur titulaire de philosophie à l’université de Gênes) et Sabino Maria Frassà (directeur artistique de Cramum et directeur du développement de la fondation Cure Onlus) qui entend lancer un message contre toutes les formes de discrimination et d’intolérance, avec l’espoir que la journée d’aujourd’hui ne sera pas simplement une “énième” journée contre une forme spécifique de discrimination, mais un moment de réflexion sur la nécessité de s’accepter soi-même et d’accepter les autres.

Le mot “différent” est un mot qui caractérise de plus en plus notre lexique. A l’oreille, ce mot évoque souvent son sens le plus négatif, et l’étymologie ne semble pas lui donner beaucoup de latitude : “différent” dérive en effet du mot latin “diversus” qui signifie “face à l’autre”, “opposé” ou “contraire”. Cet adjectif doit être utilisé pour désigner ce qui présente une identité, une nature, une conformation nettement distincte des autres personnes ou choses.

Le concept de diversité - si répandu aujourd’hui - a également toujours eu une grande résonance dans les milieux philosophiques. Dans le passé, cette “catégorie” a souvent été utilisée pour justifier l’esclavage en raison d’une prétendue diversité de nature et de la supériorité de certains êtres humains sur d’autres. Il convient également de rappeler qu’Aristote soutenait que les femmes étaient “différentes” par nature des hommes, reconnaissant les mérites de ces derniers par opposition aux défauts du “genre” féminin.



Au 19e siècle ,John Stuart Mill et son épouse Harriet Taylor ont quant à eux théorisé l’absence de fondement de la catégorie de la diversité, qui serait plutôt une simple construction humaine d’un obstacle au bonheur, le but ultime de l’humanité dans son ensemble et pas seulement de l’être humain individuel. Ce déni de la catégorie “différent” a ensuite été modulé et assimilé au 20e siècle de manière dichotomique : alors que la plupart des philosophes féministes ont fait l’éloge de la diversité en tant que fonction d’anti-homologation et de développement individuel, certains philosophes conservateurs tels que Roger Scruton ont identifié la diversité à la santé mentale sociale, sans laquelle nous serions tous narcissiques - voir l’ouvrage bien connu et contradictoire Sexual Desire : a Philosophical Investigation.

Nous nous demandons si, après des siècles de discussion, le couple Mill-Taylor n’aurait pas eu raison d’affirmer que la catégorie même de “différent” est tout simplement erronée et génératrice des principales divisions sociales. À bien y réfléchir, cette catégorie est à l’origine de toutes les tragédies historiques du XXe siècle. Tous les régimes, pour justifier leur raison d’être, ont adopté et ne peuvent qu’adopter cette catégorie : le nazisme, le fascisme et même, dans une certaine mesure, le communisme ont fini par trouver leur raison d’être dans la lutte contre l’ennemi, contre ce qui était différent de leur propre dogme.

Ceux qui adoptent la catégorie de la différence, entendue comme l’existence d’une hiérarchie (même naturelle) d’un être humain sur un autre ou d’une “majorité” sur une minorité, luttent en fait pour l’homologation. Nous souhaitons donc que l’être humain puisse s’affranchir de la nécessité d’être différent de quelqu’un d ’autre et préfère être différent, c’est-à-dire se distinguer de ce qui l’entoure .

Nous ne pensons pas qu’il existe des êtres humains différents, mais des êtres humains “différents”. Chacun d’entre nous devrait réfléchir deux minutes et se parler honnêtement, peut-être se regarder dans le miroir et se demander : à qui est-ce que je ressemble ?

Je suis moi, je ne suis pas le(s) groupe(s) auquel(s) je dis appartenir : quel est l’intérêt des drapeaux (de n’importe quel genre, orientation et/ou couleur) ? Je suis une histoire infinie faite de combinaisons et d’occasions, de l’interaction que j’ai eue avec le monde extérieur et du temps contingent que j’ai vécu. Je ne peux qu’être unique et différent de tous les autres êtres humains qui m’ont précédé et qui me suivront. Si chacun d’entre nous pouvait mûrir cette conscience, nous aurions un monde d’adultes qui sont (ont été) capables de développer et d’épanouir pleinement leur identité personnelle. Ce n’est qu’alors que nous pourrions ressentir la compassion nécessaire pour comprendre que nous sommes tous uniques et différents, mais en fin de compte profondément égaux, destinés à partager la même “cellule”, notre vie, notre connaissance d’être aujourd’hui et d’avoir un temps limité à vivre.

“Oh mon pauvre buffle, mon pauvre frère bien-aimé, nous nous tenons ici, tous deux si impuissants et torpides, et nous ne faisons qu’un dans la douleur, dans la faiblesse, dans la nostalgie”.

Extrait de Un peu de compassion par Rosa Luxemburg, 1917.

Image : Henri de Toulouse-Lautrec, Au lit (1892 ; huile sur carton ; Zurich, Fondation E.G. Bührle Collection)

Journée contre l'homophobie, une lettre ouverte pour réfléchir à la discrimination et à l'acceptation de soi et des autres
Journée contre l'homophobie, une lettre ouverte pour réfléchir à la discrimination et à l'acceptation de soi et des autres


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