Bergame, la directrice de l'Académie de Carrare, Martina Bagnoli, démissionne


Martina Bagnoli, directrice de l'Accademia Carrara à Bergame, a démissionné. Mme Bagnoli a dirigé l'institut pendant moins d'un an (février 2024). Le choix a été motivé par des désaccords avec le directeur général de l'institut.

Moins d’un an après son entrée en fonction, Martina Bagnoli, directrice de l’Accademia Carrara à Bergame, a démissionné suite à des désaccords avec le directeur général de l’institut, Gianpietro Bonaldi. Mme Bagnoli, historienne de l’art née à Bolzano en 1964, avait pris la direction de l’Accademia Carrara le 1er février, après son expérience à la Gallerie Estensi de Modène et de Ferrare, et avait remplacé Maria Cristina Rodeschini. Cependant, les relations avec le directeur général sont houleuses, et rien n’est fait par le conseil municipal et le conseil d’administration du musée pour tenter d’apaiser les tensions : en particulier, le conseil d’administration extraordinaire de la Fondazione Accademia Carrara, convoqué dans l’après-midi du 31 octobre, tente de trouver une solution pour éviter le départ de Bagnoli, mais n’y parvient pas. L’expérience de Bagnoli dure donc à peine huit mois.

L’affaire n’a été portée à la connaissance du public qu’il y a quelques jours et, aujourd’hui encore, on n’en parle pratiquement qu’à Bergame et dans les environs, car la presse nationale, y compris la presse spécialisée, n’a pas ou peu traité l’affaire, qui s’est donc déroulée presque exclusivement dans les journaux locaux. Pourtant, les signes d’impatience de la désormais ex-directrice n’ont pas manqué : surtout l’article qu’elle a écrit le 7 octobre dans le quotidien Domani, dans lequel Bagnoli s’en prend aux “managers culturels”, en écrivant qu’“à la tête des grandes institutions internationales il y a des professionnels avec des années d’expérience dans le secteur”, alors qu’“en Italie, au contraire, on privilégie des profils différents et la mentalité est corporatiste”. Pour diriger les musées, poursuit M. Bagnoli, on invoque des “managers culturels” parce que les musées sont des “entreprises” et qu’ils doivent être gérés par des personnes qui savent comment joindre les deux bouts. Pour diriger les grandes institutions italiennes, on fait souvent appel à des personnes qui ont peu d’expérience des musées, peu de familiarité avec les collections qu’ils sont censés entretenir, peu d’affinités avec la recherche qu’ils sont censés promouvoir, peu d’inclination pour la conservation, et surtout aucune compréhension du difficile équilibre entre réputation et marketing. Le profil des gestionnaires de la culture est fluide, basé sur des cursus variés dans des domaines très différents : du journalisme aux relations publiques, de l’université à la télévision". Pour Bagnoli, ce sont les historiens de l’art qui devraient diriger les musées, “car pour en arriver là, ils ont travaillé pendant des années dans d’autres musées : ce sont donc des professionnels de terrain”.



L’article polémique de Bagnoli, relu un mois plus tard, apparaît ainsi comme une succession de piques à l’encontre de Bonaldi. “Il y a eu un manque de transparence et de confiance”, écrit Bagnoli dans sa lettre de démission, acceptée par le conseil d’administration le 1er novembre. En particulier, selon le directeur, il y a eu “un déséquilibre au niveau du poste de directeur général qui n’est plus une dualité, mais une véritable subordination. Cela n’a pas été transparent au départ et a donc créé des désaccords”.

Pour sa part, la maire Elena Carnevali, qui est également présidente de la Fondazione Accademia Carrara, a fait savoir, dans une interview accordée à L’Eco di Bergamo , quelle proposition le conseil d’administration avait tenté de mettre en avant pour apaiser les tensions : une proposition “qui mettrait en lumière les attributions respectives des responsabilités et des opérations, à commencer par l’acquisition d’œuvres et de projets de collaboration à caractère artistique, et sur les contenus culturels pour valoriser l’identité du musée et la communication des expositions”. L’effort réalisé ces dernières semaines, a poursuivi M. Carnevali, que nous pensons n’avoir pas été compris ou n’avoir pas été saisi, va dans le sens d’une clarification des responsabilités respectives.

En effet, la structure organisationnelle de l’Académie de Carrare prévoit une sorte de double direction : le directeur et le directeur général sont responsables. Tous deux sont nommés par le conseil d’administration sur proposition du président, et tous deux ont un mandat fixé par le conseil d’administration. Le directeur est responsable des tâches relatives à la conservation, à la protection, à la valorisation et à la planification des activités culturelles (ainsi, par exemple, il prépare le programme des activités de conservation, de recherche et de valorisation, propose des horaires d’ouverture, promeut des normes de qualité pour la gestion des activités éducatives, propose des prêts d’œuvres pour des expositions nationales et internationales, promeut des activités d’étude, des initiatives de diffusion et des initiatives pour la diffusion de la connaissance et la promotion des activités culturelles). Le directeur général a la responsabilité générale de la gestion de la Fondation (c’est-à-dire qu’il prépare le plan économico-financier, les projets de collecte de fonds et de développement du musée, soumet les propositions de budget au conseil d’administration, adopte des mesures pour améliorer la fonctionnalité et l’efficacité, stipule les contrats d’achat de biens et de services, et signe les ordres d’encaissement et de paiement). En substance, le directeur est responsable des tâches scientifiques, le directeur général des tâches de gestion et d’administration.

Selon l’édition bergamasque du Corriere della Sera, M. Bagnoli a pour sa part fait une contre-proposition au conseil d’administration de la fondation pour redéfinir les compétences des deux fonctions, contre-proposition qui n’a toutefois pas été acceptée. L’ancienne directrice a toutefois fait part de sa volonté de continuer à travailler, en tant que consultante, sur les projets scientifiques déjà en cours, notamment l’exposition Autentico e Copia, consacrée aux copies d’œuvres d’art, prévue pour le printemps 2025. D’ici là, la Fondation devra chercher un nouveau directeur.

Bergame, la directrice de l'Académie de Carrare, Martina Bagnoli, démissionne
Bergame, la directrice de l'Académie de Carrare, Martina Bagnoli, démissionne


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