Le classicisme du XVIIe siècle : origines et développement à partir de Carracci et Maratta


Les origines et le développement du classicisme du XVIIe siècle, de Carracci à Carlo Maratta en passant par Guido Reni, Guercino, Francesco Albani et d'autres.

Dans la Rome de la Contre-Réforme, les familles les plus illustres de la noblesse romaine, telles que les Borghèse, les Aldobrandini, les Ludovisi, les Barberini et d’autres (familles dont étaient issus des papes et des ecclésiastiques de haut rang), avaient commencé à développer un intérêt considérable pour l’antiquité classique en privé. Beaucoup ont également commencé à constituer des collections d’objets archéologiques: la famille Farnese, en particulier, a créé une très riche collection de statues antiques. Pour les abriter, ils ont fait construire une galerie spéciale dans leur palais romain(Palazzo Farnese) et ont demandé au peintre bolonais Annibale Carracci (Bologne, 1560 - Rome, 1609) de la décorer de fresques. C’est cette commande qui sanctionne effectivement la naissance du classicisme du XVII e siècle et qui commence à tracer les grandes lignes du goût classiciste qui dominera tout le XVIIe siècle romain et qui connaîtra, outre Rome, un autre centre de diffusion très important, à savoir Bologne, d’où viendront presque tous les artistes classicistes des premières générations.

Annibale Carracci, avec son frère Agostino et son cousin Ludovico, a affirmé la nécessité d’un art fidèle à la vérité et a essayé d’appliquer cette pensée à l’art avec des sujets classiques également. La Galleria di Palazzo Farnese (décorée entre 1597 et 1600) en est un exemple : les scènes mythologiques y sont traitées avec une liberté de composition et une spontanéité qui font presque perdre la notion d’espace et font ressembler la scansion rythmique de la scène à celle d’une frise antique, ce qui nuit à l’intention narrative. Ainsi, le classicisme des tonalités magniloquentes de Carracci s’adapte particulièrement bien aux besoins des mécènes. Les personnages ne manquaient pas non plus d’une certaine dose de naturalisme, conformément à la poétique de Carracci.



Parallèlement, Annibale Carracci aboutit à une réinterprétation de la peinture de paysage qui va influencer ce genre pictural tout au long du XVIIe siècle (des artistes comme Nicolas Poussin et Claude Lorrain se réfèrent ouvertement aux modèles du peintre bolonais) : le paysage n’est en effet plus la description d’un lieu précis mais la description d’un lieu idéal où se trouve la beauté, canon fondateur de la poétique classiciste. Cependant, cette recherche par Annibale Carracci de la beauté idéale dans la nature (recherche qui constitue une innovation majeure puisque personne n’avait jamais cherché la beauté idéale dans la nature auparavant) ne s’oppose pas à sa poétique naturaliste : en effet, pour Annibale Carracci, la beauté idéale représente, pourrait-on dire, le stade de perfection de la beauté naturelle, c’est-à-dire de celle qui est visible pour les yeux. Une conception qui sera théorisée quelques décennies plus tard par Giovan Pietro Bellori. Et celle de Carracci est d’ailleurs une nature où l’homme est toujours présent, car il participe lui aussi au monde de la nature.

Annibale Carracci, Triomphe de Bacchus et Ariane (1597-1600 ; fresque ; Rome, Palais Farnèse)
Annibale Carracci, Triomphe de Bacchus et Ariane (1597-1600 ; fresque ; Rome, Palais Farnèse)
Guido Reni, Samson victorieux (1611-1612 ; huile sur toile, 260 x 223 cm ; Bologne, Pinacoteca Nazionale)
Guido Reni, Samson victorieux (1611-1612 ; huile sur toile, 260 x 223 cm ; Bologne, Pinacoteca Nazionale)
Guido Reni, Strage degli Innocenti (1611 ; huile sur toile, 268 x 170 cm ; Bologne, Pinacoteca Nazionale)
Guido Reni, Strage degli Innocenti (1611 ; huile sur toile, 268 x 170 cm ; Bologne, Pinacoteca Nazionale)
Domenichino, La réprobation de Dieu à Adam et Eve (vers 1623-1625 ; huile sur cuivre, 95 x 75 cm ; Grenoble, Musée de peinture et sculpture)
Domenichino, La réprobation de Dieu à Adam et Ève (vers 1623-1625 ; huile sur cuivre, 95 x 75 cm ; Grenoble, Musée de peinture et sculpture)
Domenichino, Paysage avec gué (vers 1603 ; huile sur toile, 47 x 59,5 cm ; Rome, Galleria Doria Pamphilj)
Domenichino, Paysage avec gué (vers 1603 ; huile sur toile, 47 x 59,5 cm ; Rome, Galerie Doria Pamphilj)
Francesco Albani, Le Printemps (1616-1617 ; huile sur toile, diamètre 154 cm ; Rome, Galleria Borghese)
Francesco Albani, Le Printemps (1616-1617 ; huile sur toile, 154 cm de diamètre ; Rome, Galleria Borghese)

Le classicisme du XVIIe siècle à Bologne après les Carrache

Le plus important représentant du classicisme au début du XVIIe siècle fut Guido Reni (Bologne, 1575 - 1642), qui fut également le premier à adopter les exemples du classicisme des Carrache. Guido Reni est, parmi les artistes du XVIIe siècle, celui chez qui le culte de la beauté idéale a probablement atteint son apogée et a conduit le peintre à s’inspirer de l’art de Raphaël Sanzio, qu’aucun artiste du XVIIe siècle n’a probablement autant étudié que lui. En peignant ses personnages, en particulier les nus (qui trouvaient une large place dans les scènes mythologiques), l’artiste bolonais aspirait à donner à leurs corps la plus grande perfection possible(Samson le victorieux, 1611-1612, Bologne, Pinacoteca Nazionale). Dans la dernière phase de sa carrière, les figures deviennent éthérées, presque métaphysiques, tant elles sont idéalisées. Ce désir de perfection idéale est souligné par une peinture extrêmement limpide et cristalline.

Même Guido Reni n’échappe pas au problème typique du XVIIe siècle, à savoir le choix entre l’idée et la nature, un problème qui découle toutefois de la même volonté de réagir au maniérisme. La réaction ne pouvait se faire que dans les deux voies contraires à l’inspiration virtuose maniériste, c’est-à-dire par la recherche de la perfection idéale ou l’adhésion à la vérité. Le problème, dans la peinture rhénane, se posait surtout lorsque le peintre devait peindre des scènes où se déroulait une action sanglante ou, en tout cas, agitée. Un exemple typique de la manière dont Guido Reni a résolu ce problème est le Strage degli Innocenti de la Pinacoteca Nazionale de Bologne (1611), une œuvre qui révèle la profonde réflexion de l’artiste sur la peinture de Raphaël. Comme chez Raphaël, en effet, l’artiste simplifie à l’extrême le schéma, le mouvement et l’agitation de la scène prenant une forme géométrique (en particulier ici sous la forme d’un triangle inversé) et le sentiment de douleur s’exprimant dans des tons très posés et calmes.

L’approche du classicisme de Domenico Zampieri, dit Domenichino (Bologne, 1581 - Naples, 1641), est en revanche différente. Il part des mêmes bases que Guido Reni : l’étude de l’art antique et des grands maîtres, Raphaël surtout, et le désir de rechercher la beauté idéale. Mais Domenichino se révèle plus attentif à la leçon de Carracci : plus spontané que Guido Reni, il produit des figures plus humanisées que celles de son concitoyen, et des figures où la recherche de l’état d’esprit des personnages se fait plus vive(Reproche d’Adam et Eve, vers 1623, Grenoble, musée des Beaux-Arts). Un état d’esprit qui est cependant communiqué par les gestes des personnages plutôt que par leurs expressions : cet expédient rend la peinture de Domenichino plus théâtrale que celle de Guido Reni (sans bien sûr atteindre ces résultats spectaculaires qui auraient été contraires à la recherche de l’ordre compositionnel qui était fondamentale dans sa conception de l’art).

Domenichino pratiqua également la peinture de paysage, bien plus que Guido Reni(Paysage avec gué, 1604, Rome, Galleria Doria Pamphilj), même si dans ce cas il s’éloigna de la manière d’Annibale Carracci: bien qu’il s’agisse de paysages idéaux, ils étaient souvent enrichis d’éléments tout à fait réalistes qui étaient absents dans les paysages de Carracci.

À côté de ces artistes, Francesco Albani (Bologne, 1578 - 1660) est l’auteur de tableaux débordant d’un classicisme raffiné, aux contours presque courtois et solennels(La Primavera, 1616-1617, Rome, Galleria Borghese). Cette solennité est toutefois contrebalancée par une capacité de composition moindre que celle de ses contemporains, ce qui se traduit par des œuvres probablement moins libres et caractérisées par des schémas plus rigides.

Alessandro Turchi, Résurrection de Lazare (vers 1616-1617 ; huile sur tableau noir, 36 x 27 cm ; Rome, Galleria Borghese)
Alessandro Turchi, Résurrection de Lazare (vers 1616-1617 ; huile sur ardoise, 36 x 27 cm ; Rome, Galleria Borghese)
Guercino, Madonna del Passero (1615-1616 ; huile sur toile, 78,5 x 58 cm ; Bologne, Pinacoteca Nazionale)
Guercino, Madone au moineau (1615-1616 ; huile sur toile, 78,5 x 58 cm ; Bologne, Pinacoteca Nazionale)
Guercino, Vestizione di san Guglielmo (1620 ; huile sur toile, 349 x 231 cm ; Bologne, Pinacoteca Nazionale)
Guercino, Robe de saint Guillaume (1620 ; huile sur toile, 349 x 231 cm ; Bologne, Pinacothèque nationale)
Guercino, Saul et David (1646 ; huile sur toile, 147 x 220 cm ; Rome, Galleria Nazionale d'Arte Antica)
Guercino, Saul et David (1646 ; huile sur toile, 147 x 220 cm ; Rome, Galleria Nazionale d’Arte Antica)

Le classicisme du XVIIe siècle en dehors de Bologne

L’un des premiers et des plus importants artistes classiques non bolonais est Alessandro Turchi dit l’Orbetto (Vérone, 1578 - Rome, 1649), auteur de compositions dévotionnelles réactualisées dans le style de Ludovico Carracci mais également tournées vers le point de référence commun à tous les peintres classiques du XVIIe siècle, c’est-à-dire Raphaël. En outre, lorsqu’il s’installe à Rome en 1614 (ville où il se fixera définitivement), Alessandro Turchi entre en contact avec les nouveautés de l’art caravagesque qui, quatre ans seulement après la mort de Michelangelo Merisi, connaît une saison particulièrement faste, mais la manière de Caravage n’a pas beaucoup d’influence sur l’artiste véronais, qui utilise le luminisme de Caravage pour créer des effets qui enrichissent ses compositions classiques(Résurrection de Lazare, vers 1616-1617, Rome, Galleria Borghese).

D’autre part, un élève de Francesco Albani et de Ludovico Carracci, Andrea Sacchi (Nettuno, 1599 - Rome, 1661), continua à proposer sa peinture classique composée, simple et constituée de peu de figures à une époque où le langage baroque était déjà pleinement établi (bien que Sacchi se soit montré, dans certaines de ses réalisations, quelque peu contaminé par l’art baroque).

En revanche, l’iter d’un artiste comme Giovan Francesco Barbieri dit Guercino (Cento, 1591 - Bologne, 1666), que l’on peut considérer davantage comme un artiste de transition vers la poétique baroque que comme un peintre pleinement classiciste, était inhabituel. La production de Guercino peut être grossièrement divisée en trois phases : une première caractérisée par une production à la matrice presque caravagesque (bien que Guercino n’ait jamais utilisé la lumière pour construire des formes comme le faisait le Caravage) et adoucie, cependant, par les expériences des Carrache(La Madonna del Passero, 1615-16, Bologne, Pinacoteca Nazionale), une deuxième phase caractérisée par l’élaboration de ce que l’on appelle la tache guercinesque, c’est-à-dire une technique (rappelant le style de la peinture baroque) qui permet à Guercino d’être un peintre à part entière et de s’adapter à l’environnement. c’est-à-dire une technique (rappelant les solutions vénitiennes) selon laquelle les formes sont construites par la juxtaposition de véritables “taches” de couleur(Vestizione di san Gugliemo, 1620, Bologne, Pinacoteca Nazionale), et une troisième phase plus nettement classiciste(Saül contre David, 1646, Rome, Galleria Nazionale d’Arte Antica).

Le classicisme de Guercino est cependant assez éloigné de celui des artistes qui l’ont précédé : Guercino n’a pas la volonté de rechercher la beauté idéale (perceptible cependant dans sa production de paysages), mais présente un certain degré de naturalisme dans ses personnages (même dans ses tableaux les plus classiques) et une recherche de théâtralité obtenue soit par des artifices de composition (disposition des éléments dans la scène), soit par un certain mouvement inséré dans les compositions. Ces nouveautés dans l’art de Guercino font de lui, comme prévu, un peintre qui se détache du classicisme le plus puriste pour s’orienter vers une peinture plus proche des préceptes de l’art baroque.

Sassoferrato, Madone en prière (vers 1640-1650 ; huile sur toile, 73 x 58 cm ; Londres, National Gallery)
Sassoferrato, Madone en prière (vers 1640-1650 ; huile sur toile, 73 x 58 cm ; Londres, National Gallery)
Carlo Maratta, Dispute sur l'Immaculée Conception (1686 ; huile sur toile ; Rome, Santa Maria del Popolo)
Carlo Maratta, Dispute sur l’Immaculée Conception (1686 ; huile sur toile ; Rome, Santa Maria del Popolo)
Carlo Cignani, Vénus et Cupidon (huile sur toile ; Turin, Galleria Sabauda)
Carlo Cignani, Vénus et Cupidon (huile sur toile ; Turin, Galleria Sabauda)

Le classicisme à l’ère baroque

En pleine ère baroque, le classicisme du XVIIe siècle est porté par un artiste comme Giovanni Battista Salvi dit Sassoferrato (Sassoferrato, 1609 - Rome, 1685), élève de Domenichino, qui crée des œuvres empreintes d’un fort sentiment de dévotion. Cependant, la recherche de la beauté idéale qui avait distingué les classicistes de la génération précédente s’était alors vidée de son sens, à tel point que Giovanni Battista Salvi ne s’inspirait plus de l’Antiquité mais observait directement (et peut-être presque exclusivement) l’art de Raphaël. Il en vint ainsi à créer des œuvres plutôt dépourvues de sentiment, à la limite de l’imitation, mais caractérisées par une grande douceur et une clarté exceptionnelle qui firent de Sassoferrato l’un des peintres les plus délicats du XVIIe siècle(Madone en prière, vers 1640-1650, Londres, National Gallery).

Les derniers représentants du classicisme du XVIIe siècle sont Carlo Maratta (Camerano, 1625 - Rome, 1713) et Carlo Cignani (Bologne, 1628 - Forlì, 1719). Carlo Maratta travaille principalement à Rome et acquiert une telle réputation qu’il influence le style de la peinture romaine de la fin du siècle. Il s’est également inspiré des précédents de Carracci et de Raphaël, mais n’a pu s’empêcher de se mesurer à l’art baroque, qui atteignait son apogée précisément dans les années où il a commencé à proposer ses œuvres. L’art du peintre des Marches fait donc preuve d’un classicisme monumental avec des scènes caractérisées par des installations grandioses et magniloquentes et riches en éléments typiques de la poétique baroque (par exemple les nuages omniprésents sur lesquels reposent les personnages ou les effets de la lumière), à tel point que la peinture de Maratta est souvent qualifiée de classicisme baroque(Dispute sur l’Immaculée Conception, 1686, Rome, Santa Maria del Popolo).

Par rapport à Maratta, Carlo Cignani est au contraire moins tenté par les nouveautés baroques et adhère davantage à la leçon de ses maîtres (il est l’élève de Francesco Albani) : il en résulte un classicisme où se renouvelle la recherche de l’idéalisation qui avait caractérisé la production des artistes classiques du début du siècle. Cependant, dans ses fresques, Cignani se montre ouvert aux solutions illusionnistes largement utilisées à l’époque baroque.

Le classicisme du XVIIe siècle : origines et développement à partir de Carracci et Maratta
Le classicisme du XVIIe siècle : origines et développement à partir de Carracci et Maratta


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